Où s'arrêtera le va-t-en guerre Sarkozy?

Difficile de dire ce qui ces derniers temps pousse le Président à guerroyer, si c’est son effondrement dans les sondages et les urnes, son angoisse et son désir de redorer son blason à l’approche de l’échéance de son mandat ou quelque autre mobile ... Mais il est certain qu’en jouant les justiciers il joue avec le feu.  En témoigne le double bind de l’enlisement ou de l’intervention au sol dans le conflit libyen. Et si Sarkozy s’avisait de lancer nos troupes contre tous les dictateurs qu’il a reçus naguère à bras ouverts, il nous mettrait le monde à feu et à sang. Qu’on en juge à ces exemples...

Commentaire(s)

Permalien

Il semble bien que Bernard-Henri Lévy, le « chef de guerre » philosophe qui a conseillé au Prince Sarkozy d’intervenir en Libye, envisage d’un bon œil une réaction en chaîne du cas Libyen sur les autres dictatures comme il y a eu un effet domino ivoirien sur la Libye. Ce qui laisse à penser qu’il serait follement favorable à un engagement militaire de la France multipolaire, puisque sans l’intervention franco-britannique en Libye Khadafi aurait écrasé Benghazi et sans doute repris globalement les choses en main.

Au grand siècle du « conseillisme » philosophique, Kant proposait plutôt un projet de paix perpétuelle aux Princes, même s’il admettait qu’un État pût intervenir militairement dans un autre dans le cas exclusif d’une scission de ce dernier en deux parties dont chacune aurait prétendu dominer l’autre. Nous ne disons pas qu’il fallait abandonner les ivoiriens ou les libyens à leur sort, mais que le rôle du philosophe n’est certainement pas celui que lui fait jouer BHL.

Voici donc les déclarations de ce coq de basse-cour au micro de Pascale Clark ce matin sur Inter :

« PC : Vous, l’homme engagé, vous pouvez peut-être tenter d’expliquer cela : Pourquoi la Libye mobilise là où la Syrie indiffère? BHL : Attendez, elle indiffère qui ? Pas moi, pas vous, pas vos auditeurs. PC : Non, mais vous ne vous battez pas pour que la communauté internationale intervienne en Syrie. BHL : Vous savez, Les choses marchent ensemble. Je pense qu’il y a là aussi des effets de dominos, comme on disait autrefois, ce mot terrible : si Khadafi tombe, vous verrez que Bachar el-Hassad commencera à se faire du souci, et que la chute de Khadafi ce sera comme une épée de Damoclès au dessus de la tête de tous les dictateurs du monde, c’est ce que je crois profondément. De même que la chute de Gbagbo a été une mauvaise nouvelle pour Khadafi, la chute de Khadafi sera une mauvaise nouvelle pour Hassad. »

Permalien

Vous oubliez seulement que Botul-Henri Lévy reprochait à Kant sa froideur, sa « désincarnation ». Lui, BHL, il pense à fleur de peau, à la surface de la vague médiatique, il réagit à chaud à la manière d'un primaire (au sens de la caractérologie psychologique), de façon polémique, avec des arguments à brûle-pourpoint, et ce depuis toujours, depuis La barbarie à visage humain.

Ce en quoi vous avez raison, c'est qu'il donne une bien piètre image de la philosophie. Il est aberrant de penser qu'une croisade droit-de-l'hommiste peut suffire à régler le problèmes des dictatures à travers le monde, notamment dans les pays de culture non occidentale, notamment à la suite des enlisements iraquien et afghan! Il y a des leçons lévi-straussiennes qui se perdent...