Profs, vous allez bientôt bosser 35h au bahut

  • Polit'producteur (non vérifié)
  • mer, 2010-10-06 01:43
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Luc Chatel présente à la presse la Conférence nationale sur les rythmes scolaires

Luc Chatel, dont on rappellera la formation : gestion et marketing, et la carrière avant qu’il ne devienne ministre en 2002 : DRH chez Loréal, ce ministre donc a installé le 7 juin dernier le comité de pilotage de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires (et le même jour il a présenté à la presse les membres de ce comité, son calendrier et sa méthode de travail).
 
Selon son motif cette conférence doit aborder la question de l’équilibre entre le temps de l’école, le temps de repos, les vacances, les activités sportives et culturelles. Elle dispose d’un large temps réservé à la réflexion, à la consultation et au débat. Mais le ministre précise qu’il n’est pas favorable au consensus mou, et qu’il est prêt à décider sans l’accord de tous sur tout. Traduisez : sur rien, tout étant déjà décidé comme pour les retraites. Et selon quel principe ? Non certes celui de la légitimité du gouvernement à conduire la politique de la nation en accord avec sa majorité représentative élue, mais celui de la production marchande.
 
L’objectif affiché, tandis que l'on confie des effectifs d'élèves toujours plus lourds à des enseignants toujours moins formés et expérimentés, est d’améliorer les conditions de vie et d’apprentissage des élèves dans le premier et le second degrés afin de favoriser leur accession à l’excellence. La réflexion s’appuie notamment sur l’expérimentation d’un nouveau rythme dans 100 collèges et lycées : cours le matin, activités sportives et culturelles l’après-midi. Mais, commence le ministre, les grandes vacances étaient autrefois adaptées au travail des champs auquel dans une France principalement agricole les enfants aidaient. Et aujourd’hui ? Il faut réconcilier le temps scolaire avec la société ; le temps scolaire rythme le temps social.... Il n'est pas nécessaire d'être sorti de Normale sup' pour comprendre où le ministre veut en venir, quelques notions de marketing devraient suffire...

Commentaire(s)

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Un entretien du ministre avec Raphaëlle Duchemin sur France Info confirme la réorganisation du temps scolaire, notamment l'instauration de la semaine de 4 jours, en dépit de l'opposition d'une majorité de Français.

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Non, vous voulez dire plutôt que Luc Chatel envisage d'instaurer la semaine de 4 jours et demi...

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Merci pour votre correction.

Oui, et en général, d'après le rapport que ce 4 juillet la Conférence nationale sur les rythmes scolaires a remis au Ministre Chatel, les modifications qui devraient être apportées au temps scolaire iraient dans le sens de l'allongement, sous le prétexte d'une répartition déconcentrée et d'un allègement global du nombre d'heures de cours par élève.

En revanche, pour les profs, il n'en va pas de même : allongement oui, allègement non ; et c'est là sans doute là principale intention de ce ministre de l'EN spécialiste des ressources humaines qui aura, si un tsunami protestataire ne l'emporte pas à la rentrée, réussi ce qu'Allègre n'a fait que rêver : «dégraisser le mammouth».

La journée sera plus longue bien que soi-disant moins chargée. Les élèves du collège bénéficieront d'un accompagnement scolaire de plusieurs heures par jour. Ce qui est très bien, mais signifiera pour les enseignants une surcharge de travail du fait des suppressions de postes prévues. La pose déjeuner sera respectée et allongée. Et l'année scolaire devrait être augmentée de deux semaines (36 => 38), les vacances d'été seraient réduites à 6 semaines. Luc Chatel envisagerait l'entrée en vigueur de cette mesure à compter de la rentrée 2013, donc pour l'été 2014. Cela dit, pour les enseignants du secondaire, on ne le sait pas suffisamment, les vacances estivales débutent vers le 10 juillet en raison du baccalauréat. Donc les grandes vacances ne sont pas pour les enseignants aussi longues qu'on se l'imagine souvent. Quand aux vacances intermédiaires, il n'est pas question de les réduire, car les spécialistes de l'éducation savent bien que sinon ils transformeraient les établissement scolaire en hôpitaux de fous : ces vacances sont purement de récupération nerveuse et physique et elles servent également au travail de correction et de préparation. Les vacances d'été, quant à elles, devraient connaître à leur tour un découpage en zones tout en conservant un tronc commun.

Quand on vous dit (le ministre lui-même!... au début de la vidéo de présentation de la Conférence à voir ou revoir ci-dessus) que l'organisation du temps scolaire n'est plus adaptée aux besoins économiques d'aujourd'hui! Oui, mais alors, par pitié, n'invoquez pas le bien ni le respect de l'enfant pour mettre en œuvre cette adaptation. Soyez résolument cynique (ou moderne - sauf notre respect pour Rimbaud).

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« l'organisation du temps scolaire n'est plus adaptée aux besoins économiques », voire!

Dans la conjoncture actuelle la France pourrait redevenir ce qu'elle était à la fin du XIXe siècle : un pays essentiellement agricole (encore près de 50% des actifs en 1906 malgré la crise et l'exode rural), et dont l'agriculture n'était évidemment pas intensive... Peu importe, nos gestionnaires ont la vue courte, et le capital ne leur en demande pas plus.

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En tous cas, il y a moins de malhonnêteté ou d'hypocrisie dans le discours de Chatel que dans celui de Peillon; l'un et l'autre agissent au service de la rentabilité économique, mais Chatel se cache moins derrière l'intérêt des enfants. Il s'agit principalement, selon lui, de remettre l'école au diapason de la société et de son fonctionnement économique...

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Les arguments de Vincent Peillon sont vraiment les mêmes que ceux de Chatel... les mesures également. Mais qui gouverne, nom de D... ?! Big Brother?