Questions d'épistémologie - Formation permanente en philosophie (Orthez 1994-1995)

Couverture de Questions d'épistéméologie - Puits antique à margelle basse, Néméa (Péloponnèse) - Photo Jean-Victor VERNHES

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L'astrologue - Gravure de J.B. Oudry (1783)

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Il y aura bientôt vingt ans, vingt professeurs de philosophie des Landes et des Pyrénes-Atlantiques se réunissaient au Lycée d’Orthez dans le cadre de la M.A.F.P.E.N. Cette « mission académique à la formation de l’éducation nationale » créée en 1982 par Alain Savary avait, du moins en ce qui concerne la philosophie, ceci de remarquable qu’elle était depuis son origine confiée en pleine autonomie aux enseignants, certes de l’université, qui en étaient les premiers responsables, mais également du secondaire, dans le but de permettre à ces derniers de parfaire leurs pratiques par l’acquisition ou l’approfondissement des savoirs, par la coordination des ressources et par la concertation. Dans l'Académie de Bordeaux, en 1994-1995, à l’initiative de l’APPEP, alors présidée par José LAVAUD, et sous l’autorité bienveillante de l’inspecteur de philosophie Christian SOUCHET, un stage théorique et didactique de quatre jours fut proposé sur le thème de l’épistémologie et de son enseignement.

Il devait donc s’agir d’autoformation autant que de formation. Deux universitaires, Élisabeth RIGAL et Jean-Michel ROY, intervinrent sur « Logique et épistémologie », respectivement chez Wittgenstein et chez Russell. Quant à l’autoformation, bien que parfois appréhendée comme un ersatz de formation par temps de crise (eh oui, déjà), elle rencontra un réel succès. De nombreux professeurs du secondaire s’investirent dans des travaux de recherche et firent une communication sur un domaine scientifique (ethnologie, économie, psychanalyse, physique, biologie) et l’enseignement de la philosophie. Des actes furent ensuite publiés, sous le titre de Questions d’épistémologie. Plus tard parut un addendum.

Ces actes n’ont jusqu'ici reçu qu’une diffusion confidentielle, bien qu’en soient conservés à la Bibliothèque de Lettres de l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3 un exemplaire, dûment catalogué grâce à la sollicitude de Paul-Henri ALLIOUX, et un autre encore à la Bibliothèque de Philosophie Joseph Moreau de la même université. Si nous avons souhaité aujourd’hui les faire connaître à un plus large public, c’est qu’ils présentent un double intérêt.

D’abord, sur le plan du contenu, on y trouve de précieuses réflexions pédagogiques mâtinées d’une solide expérience ou des recherches originales en philosophie des sciences, outre le texte de la conférence de Jean-Michel ROY sur « L’arbre russellien de la philosophie » qui fut à l’origine de l’un de ses Essais sur le schisme analytico-phénoménologique parus chez Vrin en 2010 (cf. p. 30).

Ensuite, et c’est l'essentiel, ces actes témoignent de ce que peut être une authentique formation continue ou permanente. Une autoformation, disions-nous. Cependant, bien que juste, le mot peut générer des dérives. Toute formation est par essence autodidaxique. Leçon de Socrate contre les sophistes ou d’Augustin contre les faux-moniteurs. Mais l'autoformation n’exclut pas les maîtres dont même Rousseau ne manqua pas. Et les « moyens » ne doivent pas lui être comptés. La garantie de l’autonomie de la formation tient non seulement à la volonté de ses acteurs, mais au temps et au réel dispositif qu’on lui alloue. La M.A.F.P.E.N. répondait à ces conditions, même si l'on pouvait souhaiter qu’elle allât plus loin grâce à la mise en place d’un statut d’enseignant-chercheur dans le secondaire.

L'histoire n'alla pas dans ce sens. Claude Allègre, devenu ministre de l'Éducation nationale, décida de dissoudre la M.A.F.P.E.N. en 1998 après son rattachement aux IUFM. Le résultat fut un franc succès : la formation initiale et continue des Maîtres devint l'affaire d'enseignants théorisant du haut de leur pseudo-chaire sur un métier qu’ils avaient pour la plupart fui, au grand dam des fonctionnaires stagiaires comme des titulaires. Avec Sarkozy et sa cour, on tomba de Charybde en Scylla. Et il n’a pas échappé à la vigilante APPEP que les dispositions prises par le ministère Chatel en matière de formation, d’autonomie des établissements et d’extension de l’enseignement de la philosophie (à moyens constants, pour ne pas dire réduits!) allaient à l’opposé de la véritable politique de formation des maîtres que cette association avait contribué à initier à l’époque de la M.A.F.P.E.N. On lira sur le site de l’APPEP de nombreux textes critiques, entre autres sur le serpent de mer de l’interdisciplinarité et de la pluridisciplinarité dissolvantes (dont les Questions d’épistémologie, quant à elles, rappellent la chimère métaphysique et le leurre pédagogique), et sur la destruction pure et simple de toute formation initiale (cf. Pourquoi il faut refuser la réforme du recrutement des professeurs). Il est loin le temps où, sous le ministère Savary, les professeurs débutants bénéficiaient de deux années de stage. Quant à la formation continue, voici par exemple le « Communiqué sur “Les rencontres philosophiques de Langres” » qui, comme l’extension de l’enseignement de la philosophie avant la classe de terminale, ont scandaleusement illustré l’influence du favori Raphaël Enthoven sur la politique de la nation ! (Cf. sur Politproductions le compte rendu de Sophie Coignard et Romain Gubert).

François Hollande, lui, s’est engagé dès le jour de son investiture à rendre aux enseignants le droit à la formation que son prédécesseur leur avait dénié. Cependant, dans le même discours, le chef de l’État a également annoncé la construction d’un « nouveau contrat » avec les enseignants. Sachant que Fr. Hollande est un jospiniste, et que Cl. Allègre fut le premier conseiller de Lionel Jospin en matière d’éducation, il y a tout lieu d'être inquiet, d'autant que Fr. Hollande a souligné que tout n’était pas une affaire de moyens. Certes, sans quoi, disait Aristote, rien n’aurait de fin. Mais le problème est bien aujourd’hui que l’on a fait de la réduction des moyens une fin en soi alors que le service public, l’éducation publique prioritairement, ne souffre pas l’économie des moyens. Car si l'éducation n'est pas la fin architectonique, elle en est du moins la première condition.

Commentaire(s)

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Pour que ça change, faites du bruit, faites-vous entendre!

par Frédérique Rolet - Co-secrétaire générale du Snes

L'US N°721 - 2 juin 2012, p. 1-2

«Dans de trop nombreux pays, les politiques libérales continuent leurs ravages. Ainsi au Québec et son Printemps érable qui mobilise les étudiants mais plus généralement les forces sociales de la belle province. Quant à elle, la France aspire désormais à changer de voie.

Au-delà du sentiment de soulagement provoqué par le départ de Nicolas Sarkozy et la mise en place de l'alternance, les attentes sont fortes. Le nouveau gouvernement ne pourra se contenter de gestes symboliques mais doit bien satisfaire dans les meilleurs délais un certain nombre de revendications et donner corps à la rupture.

Cela suppose d'arrêter l'austérité budgétaire, remettre en cause le pacte budgétaire et relancer la croissance par des mesures sur l'emploi et les salaires, un développement de programmes d'investissements, une réforme fiscale.

Si l'idée de relance fait désormais son chemin en Europe, des divergences persistent sur les outils à privilégier, notamment le discours sur la priorité à la réduction des déficits et les plans d'austérité.

C'est pourquoi, il est de la responsabilité du mouvement syndical de peser sur le débat politique et de contribuer aux avancées.

Différées jusqu'aux présidentielles, les annonces de plans sociaux, réductions d'effectifs et restructurations n'ont pas tardé à se faire connaître. La question de l'emploi reste bien la première préoccupation des Français et a largement été traitée dans les rencontres du Premier ministre et des syndicats.

La FSU a été reçue jeudi 31 mai par le chef du gouvernement et lui a fait part de ses propositions sur les questions d'emploi, de services publics, de salaires et de retraites.

Dans l'Education, elle rencontrera le nouveau ministre, Vincent Peillon, le 4 juin; mais, alors que la rentrée se prépare et que les personnels espèrent des signes forts qui marquent une rupture avec la politique menée précédemment, tant sur les dispositfs refusés (LPC, programme Eclair...) que le budget, un retard dommageable est pris dans les décisions. Le SNES a rappelé vivement son exigence de voir confirmé l'engagement de rétablir progressivement la formation professionnelle des enseignants, CPE et CO-Psy, par l'octroi d'une décharge aux stagiaires, de retrouver un dialogue social digne de ce nom et un paritarisme respecté. Pour l'instant, trop peu d'instructions sont données aux recteurs pour préparer la rentrée 2012 dans d'autres conditions; le SNES par le plan d'urgence et les Etats généraux à la rentrée, portera les demandes pour le Second degré, en s'appuyant sur les remontées des établissements, en informant régulièrement et en organisant les mobilisations.»

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«08/06/2012 - Le SNES 

Cher-e collègue,

La FSU rencontre V.Peillon

Ce lundi 4 juin, la FSU a rencontré le nouveau ministre V.Peillon.

Cette audience a permis à la FSU d’aborder l’ensemble des sujets concernant les personnels éducatifs. Elle a insisté sur la nécessité de changements importants et de signes indiquant la rupture avec les politiques éducative, salariale et sociale menées ces dernières années. Elle a demandé en particulier un examen de la situation de rentrée dans les Académies et le rétablissement d’un certain nombre de postes, une décharge conséquente pour les stagiaires, l’abandon de dispositifs contestés (LPC, Eclair etc..).

Le discours de V.Peillon est resté sur un terrain général, celui de la nécessité de refonder l’école, de rétablir de l’égalité, un climat de confiance dans les établissements, de pratiquer une concertation qui ne soit pas que formelle. Il a réaffirmé sa volonté de faire voter rapidement au parlement une nouvelle loi d’orientation pour l’Ecole et, dans l’immédiat, de donner une nouvelle version de la circulaire de rentrée.

Concernant les problèmes du second degré, le SNES a renouvelé sa demande d’une rencontre rapide avec le ministre.

Peu de temps auparavant, la FSU avait rencontré Mme Lebranchu, ministre de la Fonction Publique et exprimé sa revendication de l’abandon de la journée de carence et souligné l’urgence de revenir sur la réforme des retraites.

Mouvement des personnels

Le mouvement 2012 s’ouvre dans un contexte politique nouveau. En particulier la diminution du service en responsabilité des stagiaires et la réintroduction dans le mouvement de certains postes des établissements ECLAIR donnent  de nouvelles possibilités de mutations aux collègues. C’est pour pouvoir disposer de toutes ces possibilités que le SNES demande le report, pour quelques jours, de certaines commissions.

Notre seconde exigence porte sur la qualité du travail des commissions et sur le respect de ce travail par l’administration. Le SNES et ses élus sont déterminés à défendre les droits des personnels et le paritarisme, qui les garantit ; ils s’adressent et s’adresseront donc aux collègues à chaque étape du mouvement intra.

Formation des maîtres

Le Conseil d'État vient de fixer au 31 juillet l'effet de l'annulation de l'arrêté signé par Luc Chatel permettant l'affectation des stagiaires à temps plein et supprimant entre autre la formation en IUFM.. Cette situation doit conduire à améliorer dès septembre les conditions d’entrée dans le métier des nouveaux enseignants et CPE.

Le nouveau Ministre doit prendre dès maintenant la décision de rendre aux stagiaires les conditions d'une véritable formation. Cela passe, dans une première étape dès cette rentrée, par un service en responsabilité allégé d'au moins un tiers et la planification d'un retour à des conditions d'entrée dans le métier dignes. [...]

Plan d’urgence

Après le courrier envoyé le 23 mai, le SNES a adressé au ministère une ensemble de fiches détaillant plus précisément les mesures d’urgence qu’il demande et les sujets de discussion qu’il souhaite voir ouvrir dans le cadre de la préparation de la loi d’orientation. [...]

Cordialement

Frédérique Rolet, Roland Hubert, Daniel Robin»