Le Calendrier scolaire des années 2013-2014 sous le ministère Peillon (suite)

 Image d'activités de montagne pour les jeunes (site du Grand Bornand).

«Entre copains de vacances on apprend plein de choses à la montagne: faire des nœuds avec une corde, construire une cabane en forêt, allumer un feu, repérer les marmottes et imiter leur cri, dormir dans la paille sous un tipi et faire griller son repas...», Les guides du Grand Bornan.

 

La polémique, sinon le débat officiel, est bel et bien relancé. Sur France Info, dans sa chronique Le vrai du faux (cf. audio infra), Gérald Roux fait le point sur ce que l'on peut savoir ou augurer des projets de Vincent Peillon en matière de rythmes scolaires.

Derrière le retour promis par le ministre à la semaine de 5 jours, en vérité de 4 jours et demi comme on l'entend le préciser, il y a la question bien plus sensible de l'allongement de l'année scolaire.

Emmanuel Davidenkoff défend l'idée que l'année scolaire à la française serait une catastrophe. Il se réclame de la chronobiologie, une science qui puise ses racines les plus lointaines dans les travaux d'Aristote, mais qui n'a commencé à trouver son statut spécifique que dans les années 60 sans toutefois être aujourd'hui encore parvenue à se débarrasser du vieux problème métaphysique de la finalité du vivant...

Rappelons tout de même qu'en 1965, alors que la chronobiologie naissante n'avait pas servi de paravent idéologique à la décision ministérielle de découper la France en trois zones (A, B, C), si la semaine scolaire était de 5 jours, l'année, elle, allait de fin septembre ou du 1er octobre jusqu'à fin juin ou début juillet (voir ce décret). Les vacances intermédiaires étaient plus courtes à Toussaint et en février, mais les «grandes vacances» étaient plus longues : un peu moins de trois mois! On ne se plaignait pourtant pas à l'époque d'un temps scolaire «catastrophique», trop dense ou trop resserré. Que s'est-il alors passé depuis les sixties?

Constatons d'abord que l'année scolaire comptaient davantage de jours de présence à l'école en raison de la longueur de la semaine (5 jours contre quatre); et admettons qu'il y a sans doute motif à revenir à la semaine de 4 jours et demi, notamment pour les plus petits. Toutefois ce changement exige-t-il la réduction des vacances d'été? Emmanuel Davindenkoff nous laisse entendre que oui. Mais la seule justification avancée par G. Roux est le fait que l'année est dans d'autres pays d'Europe plus longue qu'en France. Comme s'il y avait là une raison de droit. Au moins la comparaison devrait-elle d'abord être faite entre la France d'aujourd'hui et la France d'hier. Et encore ne faudrait-il pas confondre longue et étalée... D'autres réductions seraient possibles : à Toussaint et en février, et même à Pâques.

Ces journalistes soutiennent que ce sont les intérêts économiques, notamment ceux du secteur touristique (7% du PIB, précise Gérald Roux), qui font obstacle à l'allongement de l'année scolaire. Mais chacun sait que l'allongement et la «zonification» des vacances intermédiaires ont répondu à des intérêts économiques auxquels il n'est pas aujourd'hui question de toucher. Et l'on voudrait nous faire croire que les projets annoncés sont conçus dans l'intérêt des enfants dont Vincent Peillon vient de déclarer devant leurs parents vouloir être le ministre ! De qui se moque-t-on? Quand on sait le gâchis du temps scolaire, notamment après Pâques dans le secondaire, en raison de la mauvaise organisation de la fin de l'année, elle-même largement due au manque de personnel, on ne peut que sourire à cette pseudo-justification. La vérité est à chercher ailleurs, notamment dans la volonté d'annualiser le temps de travail des enseignants afin de les faire besogner plus et pour moins cher.

Les projets de la gauche social-démocrate ne sont pas dans le fond différents de ceux de la droite qui vient de lui céder le pouvoir. Il faudrait même dire, à l'avantage de la droite, qu'elle au moins ne dissimule pas tout à fait ses vrais mobiles sous l'invocation du «service des enfants». Chatel avait en effet, dans son discours d'installation de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires, invoqué la nécessité de réconcilier le temps scolaire avec la société et ses besoins économiques. La nécessité chronobiologique était alors référée à l'environnement socio-économique et non pas à la téléologie.

Cependant, en s'attaquant, immédiatement qui plus est, aux rythmes scolaires, V. Peillon montre à quel point la politique de Hollande est destinée à s'inscrire dans le prolongement de celle de Sarkozy. Elles semblent certes différentes voire opposées, car pour donner le change le ministère met en avant le retour à la semaine de 4 jours et demi largement souhaité par l'électorat de gauche, comme le rappelle l'acclamation du ministre par la FCPE samedi aux Sables d'Olonne. Mais depuis son installation rue de Grenelle il instille peu à peu la nécessité d'allonger l'année, comme le SNUipp qui s'en défendait pourtant jusqu'au 6 mai.

Il faut donc s'attendre avec Vincent Peillon à un sale coup dans les prochaines semaines, précisément fin juillet selon France Info – en pleines vacances bien entendu, leur longueur sert au moins à cela. Quant à la promesse de négociations avec des organisations syndicales qui ne sont pas loin de ne plus représenter qu'elles-mêmes, elle permet d'éviter l'ouverture d'un véritable débat public sur un projet qui, en raison de ses motifs profonds évoqués plus haut, a pourtant suscité une large opposition des acteurs de l'éducation. Mais Vincent Peillon comme François Hollande doivent savoir qu'à finauder de la sorte, ils se préparent des mouvements sociaux qui risquent fort de rassurer Sarkozy sur sa postérité.

Le plus grave dans toute cette affaire est bien que sous Hollande comme sous Sarkozy perdure la même ignorance de la démocratie. Chatel a tout fait (le SNUipp aussi) pour démentir l'information – hoax ou non, fuite ou ballon d'essai, peu importe – de la modification imminente de la durée de l'année scolaire. Il est clair que pareille annonce en campagne électorale était dangereuse. Pour la même raison François Hollande n'en a pas parlé, ni V. Peillon alors même qu'il ne cachait plus ses éventuelles futures fonctions ministérielles. Et cependant cette modification est le premier chantier ouvert par le nouveau ministre. Le déni de démocratie continue. Si telle doit être la marque de fabrique du présent gouvernement, la montée du FN devrait se poursuivre elle aussi.

Pour des compléments d'information => Projet de B.O. fixant le calendrier scolaire des années 2013-2014, 2014-2015

Commentaire(s)

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La réforme vers l'annualisation est en marche, rampante...

Les vacances de la Toussaint seront allongées de quatre jours à la rentrée 2012 et dureront deux semaines, selon une déclaration de   Vincent Peillon à l'Est républicain ce matin.

«Je ne suis pas hostile à respecter l'avis du Conseil supérieur de l'Education pour le calendrier 2012 et d'instituer deux semaines de vacances à la Toussaint».

Les vacances de la Toussaint 2012 commenceront donc le samedi 27 octobre après la classe et se termineront le dimanche 11 novembre. Initialement, les cours devaient reprendre le jeudi 8 novembre.

V. Peillon est d'accord non seulement avec la décision du Conseil Supérieur de l'Education du 8 juin, mais également avec la FCPE. Et surtout avec les marchés.

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L'allongement des vacances de la Toussaint – décrété sous le prétexte d'alléger le 1er trimestre jugé interminable – sera bel et bien compensé en fin d'année par deux jours de travail supplémentaires. Le raccourcissement des vacances d'été est en marche.

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À l'opposé de la subordination du temps scolaire aux impératifs de la production consumériste, et à l'encontre de la téléologie du vivant humain strictement biologique, Vercors avait proposé d'inscrire la question de la finalité ou du sens de la vie humaine au cœur de l'éducation... En ces temps où l'on craint à nouveau la montée de l'extrême droite et les menaces que la fissuration de l'unité européenne feraient peser sur la paix, alors que la cause profonde de notre crise pourrait bien être le défaut de ce sens, il serait opportun de s'intéresser de nouveau à la parole injustement oubliée de ce grand résistant... voir http://politproductions.com/node/1204

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Voir ici Christian FORESTIER (administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers, qui a été nommé co-animateur de la Concertation pour la refondation de l’école, lancée le 5 juillet 2012 par Vincent Peillon, et qui fut préallablement le co-président du comité de pilotage sur les rythmes scolaires mis en place en 2010 par le ministre Luc Chatel) déclarer avec insistance que la réduction des grandes vacances n'est pas en soi un gage de la réussite scolaire des "enfants"...