C'est pas gagné votre réforme des rythmes scolaires, Vincent Peillon!

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  • jeu, 2013-01-24 10:18
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Harold Lloyd in "Safety last!" (1923)

Trouvez pas qu'il ressemble à Harold Llyod dans Safety Last!, notre ministre de l'EN?

«Voyez, c'est pas gagné votre réforme, Vincent Peillon», vient de déclarer Patrick Cohen à la fin de son émission, L'invité d'Inter, consacrée à Vincent Peillon au lendemain des manifestations contre la réforme des rythmes scolaires (entretien et questions des auditeurs d'Interactiv' à écouter ci-dessous).

Et de fait, les difficultés sont légion qui font obstacle à une réalisation sereine du projet de loi que le Ministre de l'Education nationale a présenté hier devant le Conseil des Ministres, à commencer par le manque dénié de moyens financiers sans lesquels cependant, comme nous l'avions déjà souligné, la refondation républicaine de l'Ecole que le Président Hollande a voulue prioritairement se réduira à «de simples artifices destinés à faire passer, sous l'invocation de l'intérêt des enfants, des réformes économiquement rentables»À de tels subterfuges idéologiques, il serait non seulement du droit mais du devoir des professeurs, de la Maternelle à l'Université, premiers serviteurs de la République, de résister de toutes leurs forces.

Pour en savoir plus, consulter les autres articles publiés par Politproductions sur la question des rythmes scolaires

Commentaire(s)

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Selon Luc Ferry, interrogé ce matin sur Inter par Marc Fauvelle, la seule difficulté touchant la question des rythmes scolaires est l'inertie corporatiste des enseignants. «Tout le monde est d'accord sur ce sujet! Personne ne peut contester l'idée que regrouper les cours sur quatre jours était une absurdité... [...]. Donc Peillon a tout à fait raison sur ce sujet-là». Le problème viendrait seulement de ce que «dès qu'on touche à quelques avantages acquis, [...] on se heurte à des difficultés».

Ben voyons! Luc Ferry devrait relire Nietzsche sur l'homme de ressentiment. Nous, nous nous rappelons bien comment cet ancien ministre de l'EN s'est montré très réactif, et pas du tout créatif, quand, en charge de l'Education nationale (2002-2004), il provoqua l'hostilité du corps enseignant par son mépris pour l'école post-soixanthuitarde. Qu'il vienne donc devant les professeurs déclarer ce qu'il a dit ce matin sur Inter au micro de Marc Fauvelle. Il doit bien leur rester quelques exemplaires de la Lettre à tous ceux qui aiment l'école dont en 2003 ils s'étaient servi en guise de pavés pour accueillir le ministre à Rodez...

En revanche, les difficultés financières, Ferry ne les voit pas. Forcément, il est un enseignant particulier qui sait très bien faire valoir ses «avantages acquis». Voici ce que rappelle Wikipédia (article Luc Ferry):

«En juin 2011, le Canard enchaîné et d'autres médias affirment que Luc Ferry, professeur à l'Université Paris-Diderot, n'y assure aucun enseignement depuis quatorze ans et qu'il n'y est quasiment jamais présent : outre les périodes de fonctions ministérielles, où il était détaché et payé comme ministre, il a longtemps été dispensé, à sa demande, d'enseignement et mis à disposition afin d'accomplir diverses fonctions officielles. En 2010, avec l'autonomie financière, son université lui demande d'accomplir son service d'enseignement statutaire pour lequel elle le paye, ce qu'il ne fait pas ; l'université lui réclame donc le remboursement de ses rémunérations ou d'assurer ces enseignements. Pour sa part, Luc Ferry, qui y voit les conséquences de ses propos tenus au Grand Journal, déclare qu'il est en détachement de l'enseignement supérieur et qu'en l'absence de convention entre Matignon et l'université Paris-VII, cette dernière prend en charge son traitement de président du Conseil d'analyse de la société, comité rattaché aux services du Premier ministre. Il décide alors de prendre sa retraite d'enseignant à la fin de l'année scolaire 2011.»

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L'école est gravement menacée - Enseignants, Parents agissons ensemble

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http://www.sitecommunistes.org/ch284rytmes_fichiers/image006.png" width="392" />Le décret modifiant le déroulement de la semaine scolaire a été publié ce samedi 26 janvier. Cette « réforme des rythmes scolaires » a  déjà soulevé un tollé parmi les enseignants. Dans les Hauts-de-Seine, à Paris, en Seine Maritime ou en Seine-Saint-Denis un ou plusieurs jours de grève sont venus démontrer ce rejet massif.

Le gouvernement et les media aux ordres de la bourgeoisie se sont répandus partout, traitant par le mépris et l’invective les réactions des personnels du premier degré de l’éducation. Ces instituteurs seraient des "conservateurs" qui ne voudraient préserver que leurs petits avantages et ne voudraient pas faire de sacrifices Comme s’ils n’en avaient pas fait depuis 5 ans et 80 000 suppressions de postes !

Cette "réforme" est une régression, elle établit une situation pire que celle qui date de 2008 avec la suppression du samedi matin.

Que dit le décret ?

24 h d'enseignement (en classe entière) sur 9 demi-journées : lundi, mardi, jeudi, vendredi et mercredi matin, avec la possibilité du choix du samedi matin par dérogation...

Des journées (lundi, mardi, jeudi, vendredi) ne pouvant excéder plus de 5 h 30 (sur les activités relevant des 24 h d'enseignement).

Des demi-journées ne pouvant excéder 3 h 30 (sur les activités relevant des 24 h d'enseignement).

Une pause méridienne minimum de 1 h 30 (mais pas de maximum fixé avec le risque de voir cette pause méridienne rallongée par les mairies qui ont, à ce moment-là, du personnel disponible)

Notre opinion : L’aide personnalisée est supprimée et remplacée par des Activités Pédagogiques Complémentaires, APC (54 heures annualisées). Ces APC concernent notamment des activités prévues par le projet d’école éventuellement en lien avec le Projet Educatif Territorial. Ainsi une partie des heures de travail des enseignants, 1h30 par semaine, pourra être déterminée par les communes. Un pas de plus est franchi dans le cadre de la dénationalisation de l’Education. Voilà les communes nanties d’un pouvoir d’intervention sur les choix pédagogiques des écoles, voilà les écoles dépendant des aléas d’une politique locale ! Ce projet éducatif territorial (PET), le Ministre socialiste Peillon veut en faire le pivot du fonctionnement de l’école. Il se sert du décret sur les rythmes comme d’un levier.

Quelles conséquences réelles ?

Les enseignants vont voir leurs conditions de travail se dégrader ! Comme les autres salariés les enseignants ont toute légitimité à se battre pour empêcher la dégradation de leur temps de travail.

Les mairies qui ont réfléchi à la mise en place de la réforme ont quasiment toutes décidé d’élargir la pause méridienne. Ainsi, à Paris, Delanoé l’allonge de trois quarts d’heure. Résultat, l’heure de la fin des cours est inchangée et on récupère trois heures pour le mercredi. Cela s’explique uniquement par des raisons financières : sur le temps du midi, les communes disposent de vacataires, très mal payés, coûtant moins cher que les animateurs des centres de loisirs.

Si la réforme n’était pas repoussée, les enseignants feraient l’équivalent d’une demi-journée supplémentaire par semaine, d’où plus de fatigue avec un temps de travail effectif plus important. C’est le vieux rêve évoqué notamment par Ségolène Royal lors de sa campagne électorale de 2007, augmenter le temps de présence à l’école des enseignants jusqu’à 35 heures.

Par ailleurs, le temps, les coûts de transports comme les frais de garde d’enfants augmenteront également.

Pour les enfants

Pour celles et ceux qui avaient une vraie coupure le mercredi, cela va aggraver leurs conditions de vie. Pour celles et ceux qui fréquentaient les centres aérés sous diverses formes, ils prendront leur cartable en plus de leur sac à dos pour les mêmes centres aérés qu'ils fréquenteront le mercredi après-midi ! Leurs journées seront toujours aussi longues avec les APC, l’augmentation de la pause méridienne à  2h, etc. L'immense majorité des enfants continuera de venir à l'école souvent avant 8 h 30 et encore plus souvent bien après 16 h 30...

Quant à l'heure ou à la demi-heure prise en charge par les mairies, on peut  s'interroger sur la qualité des activités et de l'encadrement. Pour les moins de 6 ans, le taux d'encadrement est aujourd'hui de 10 enfants pour un adulte. On va passer à 14. Et pour les plus de 6 ans, nous allons passer de 14 à 18.

Les RASED (1) continuent de mourir à petit feu, les mêmes élèves sont maintenus dans les mêmes logiques d’échec scolaire. Car, s’il faut vraiment changer dans l’intérêt des élèves, il faut bien plus que les misérables 14 000 postes que Peillon accorde sur 5 ans et, surtout, il faut changer du tout au tout les contenus et les pratiques pédagogiques de l’école, mais, tel n’est surtout pas le but du gouvernement Ayrault.

La conscience de la nocivité de cette réforme grandit parmi les enseignants

La journée de grève du 22 janvier, en particulier, a été particulièrement réussie, 1er jour de la grève en Seine-Saint-Denis, plus de 84 % de grévistes à Paris, 3 fois plus de grévistes dans les Hauts-de-Seine (c’était la troisième grève) que lors de la première le 18 décembre.

Il y a un obstacle de taille : le syndicat majoritaire, le snuipp-FSU, freine des quatre fers. Intégré au système, il se refuse à appeler à la grève contre la politique éducative de Peillon. Il préfère organiser des promenades le mercredi après-midi : à noter qu’à Paris, la ballade du 23 a rassemblé moins de 1000 enseignants de l’Ile de France quand la manifestation  comptait 4 000 enseignants de Paris intra-muros. Dans les Hauts-de-Seine, en Seine Maritime, en Seine-Saint-Denis, ce sont la CGT Education et SUD Education, les syndicats minoritaires qui organisent la grève.

Partout des gens râlent et sont prêts à en découdre. Une réunion des fédérations syndicales de l’éducation lundi 28 évoquera la question.

D’ores et déjà, la CGT Education, réunie en congrès s’est prononcée pour un appel à la grève en début février, même sans les autres s’ils n’en veulent pas. Elle devrait être rejointe par SUD.

La situation est ouverte et riche de perspectives.

 Communistes soutient ces luttes qui se construisent à la base, contre beaucoup d’adversaires et qui pourraient mener à une première défaite de ce gouvernement au service de la bourgeoisie.

(1) RASED : dispositif rassemblant les enseignants qui apportent une aide indispensable aux élèves en difficulté.

Communistes Hebdo N°284  Semaine du 28 janvier au 03 février 2013

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Après avoir reçu un très abondant courriel d’enseignants courroucés par sa chronique de jeudi dernier sur la grève des professeurs des écoles primaires parisiennes contre la réforme des rythmes scolaires (1), Thomas Legrand revient aujourd’hui sur le sujet. Il semble d’abord faire amende honorable et pointer le vrai problème des moyens, puis il renouvelle sa charge contre le corporatisme et l’immobilisme des enseignants...

Gêné aux entournures par le nombre des réactions exaspérées qu'il a suscitées, Th. Legrand reconnaît d’abord, exemple à l’appui, que les moyens accordés aux enseignants sont indigents, mais il leur reproche ensuite de façon peu conséquente de ne pas trouver les formes d’action et d’expression propres à « contrecarrer l’idée générale selon laquelle aucune réforme ne trouve jamais grâce à leurs yeux », et il s’en prend pour finir à la grève annoncée pour le 13 le 12 février parce qu’elle a pour but d'obtenir purement et simplement l’abrogation de la réforme des rythmes scolaires.

De deux choses l'une, ou bien ce journaliste du service public est un révolutionnaire ou bien il manque lui-même de temps pour composer des éditos moins idiots. Écouter sa chronique du 30/01/2013:

(1) Écouter cette chronique et lire la réaction d'un enseignant, Christian Hippert, sur Rue89 : Thomas Legrand, il est 1h27 du matin, j'ai corrigé mes 25 cahiers

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D'une part, la grève des professeurs des écoles prévue en février n'aura pas lieu le 13 comme l'annonce Thomas Legrand dans sa chronique, mais le 12, et d'autre part, elle n'aura pas pour but, comme il le prétend, l'abrogation pure et simple des décrets gouvernementaux sur les rythmes scolaires, exception faite de leur décret d'application.

Ce que réclame la plupart de ces professeurs est le report de la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires. On sait en effet qu'une bonne part des municipalités - de petites mais de grandes aussi comme Nice - n'y sont pas prêtes pour la prochaine rentrée.

Et le SNUIpp-FSU, le principal syndicat d'instituteurs qui appelle à la grève le 12 février, demande «une vraie réforme réussie», et en conséquence il exige la révision concertée du «décret d'aménagement du temps scolaire». «Horaires des écoles, durée de la pause méridienne, organisation de la sieste en maternelle, utilisation des locaux scolaires sur le temps péri-éducatif, organisation des activités périscolaires et des activités pédagogiques complémentaires, tout cela ne peut être pas être le fruit d'une décision unilatérale écartant les enseignants», soutient-il. Lire sur le site du SNUIpp-FSU :

 

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@Profête

Merci pour ces précisions et corrections. Voici pour les confirmer une déclaration de Sébastien Sir, secrétaire général du Snuipp, sur France Info le 1er février:

Cela dit, les syndicats minoritaires, eux, demandent bien l'abandon pur et simple de la réforme. Mais ils le font pour des raisons qui ne sont pas la seule préservation du temps libre des enseignants ou la conservation de leurs avantages acquis!

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Ouest-France / Bretagne / Brest / Archives du samedi 29-06-2013

Rythmes scolaires : le POI doute des financements - Brest

Dans un communiqué de presse, le Parti ouvrier indépendant (POI) doute que l'État verse les fonds prévus pour le démarrage de la semaine de quatre jours et demi. « Il est loin d'être acquis » que le gouvernement verse les 400 000 € prévus et que la caisse d'allocations familiales verse ses 300 000 €, estiment les membres du POI. « Il risque donc de rester à la charge de la ville 700 000 € » en plus des 500 000 annoncés. « Au total, cela ferait donc 1 200 000 € ! Il s'agit bien là d'un moyen pour le gouvernement de se désengager progressivement de l'enseignement. Quant au recrutement de 150 « personnes » supplémentaires, on peut se demander dans quelles conditions et avec quels droits et quel salaire. »

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Paris (AFP) - 19.07.2013 09:58

Le Conseil d’Etat a rejeté vendredi le recours en annulation déposé par le syndicat SUD Education qui dénonçait la procédure d’adoption du décret sur les rythmes scolaires instaurant le retour à la semaine de 4,5 jours dans le primaire.

Le syndicat avait déposé le 19 juin un recours en référé-suspension, estimant que le ministère de l’Education nationale avait «obligation» de «consulter le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ministériel» avant de publier le décret du 24 janvier. Il estimait que le décret modifiait d’une manière importante les rythmes de travail des enseignants en raison d’une demi-journée de travail supplémentaire.

Le juge des référés relève que les dispositions relatives aux organismes consultatifs ne prévoient pas qu’un texte soumis à l’avis du Comité technique (CT) «doive également être présenté» au CHSCT, selon un communiqué du Conseil d’Etat.

Il explique également que le CT, «à qui il appartenait, le cas échéant», de saisir le CHSCT «n’a pas estimé utile de solliciter» l’avis du CT.

Le juge des référés «en a conclu que le moyen tiré de l’absence de consultation du CHSCT n’était pas de nature à créer un doute sérieux sur la légalité du décret contesté».