Juncker ne trouve ni ridicule ni primaire le travail des journalistes de l'ICIJ à l'origine du Luxleaks

L'indécence, Monsieur Juncker!

Suite aux révélations rendues publiques le 5 novembre 2014 par l'International Consortium of Investigative Journalists en collaboration avec une quarantaine de journaux (28 000 pages d'accords fiscaux secrets, tax rulings, organisant l'exil fiscal de 340 multinationales, dont Apple, Amazon, Ikea ou Pepsi, ou encore Deutsche Bank, avec l'approbation de l'administration luxembourgeoise des impôts), Jean-Claude Juncker a beau déclarer : «Ne me décrivez pas comme le meilleur ami du grand capital, le grand capital a de meilleurs amis que moi dans cette maison», il n'en reste pas moins le premier responsable politique de ces accords fiscaux "paradisiaques" conclus durant la période 2002-2010 avec le Luxembourg qu'il a dirigé en tant que Premier Ministre pendant plus de 18 ans (20 janvier 19954 décembre 2013).

Aujourd'hui, Juncker plaide l'innocence et s'engage à ne pas intervenir dans l'enquête menée sur le Luxleaks par la Commission européenne qu'il préside depuis novembre 2014. Mais en 2008, sur France 2, avec beaucoup moins de réserve et de neutralité il avait tancé les journalistes qui avaient levé le voile sur ces pratiques, qualifiant leur reportage de ridicule et caricatural, et leur journalisme de superficiel et primaire (cf. les deux vidéos suivantes, la première est un montage du Huffington Post qui met en regard le Juncker de 2008 sur France 2 et le Juncker de novembre 2014; l'autre est le reportage intégral diffusé par France 2 en 2008).

Nul ne sait très bien comment les peuples un beau jour décident d'entrer en révolution. Mais nous voyons depuis quelques temps s'accumuler les conditions qui pourraient bien favoriser l'émergence d'une telle décision.

Juncker, qui dans son propre pays a cumulé les fonctions de Premier ministre avec celles de ministre des Finances, ministre du Travail et de l'Emploi et ministre du Trésor, et qui a été gouverneur de la Banque Mondiale, du FMI, et de la BERD, etc. etc., vient s'ajouter à une liste de gens suspects de corruption qui n'en finit plus de s'allonger. Mais elle pourrait finir par provoquer l'ire des peuples soumis à une insupportable austérité dont les mêmes suspects sont souvent les premiers à leur imposer la cure ou à leur vanter les vertus rédemptrices...

 

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