Démocratie http://politproductions.com/ fr « L’avènement des nouvelles technologies invite à repenser l’école » (Michel Serres) http://politproductions.com/lavenement-des-nouvelles-technologies-invite-repenser-lecole-michel-serres <span>« L’avènement des nouvelles technologies invite à repenser l’école » (Michel Serres)</span> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="rtejustify"><a href="/sites/default/files/img-l_avenement_des_nouvelles_technologies_invite_a_repenser_l_ecole-michel_serres-1ere_de_couverture_de_petite_poucette.jpg"><img alt="Première de couverture de &quot;Petite poucette&quot; de Michel Serres, 2012" height="370" src="/sites/default/files/img-l_avenement_des_nouvelles_technologies_invite_a_repenser_l_ecole-michel_serres-1ere_de_couverture_de_petite_poucette.jpg" width="250" data-entity-type="file" data-entity-uuid="4bc80a99-7dc2-4efc-bd13-8a10ad5f1566" /></a></p> <p class="rtejustify"><span><strong><em>Petite poucette: </em>rencontre avec la dernière-née de l’histoire de l’Homme. Dans son dernier livre, Michel Serres décrit un être qui a vu le jour </strong><strong>il y </strong><strong>a quelques années seulement: petite poucette. La réflexion du philosophe, écrite dans un style fulgurant, qui tranche avec le ton sentencieux de nombre d’essais contemporains, invite </strong><strong>à prendre toute la mesure d’un événement considérable: la naissance des nouvelles technologies. </strong></span></p> <p class="rtejustify"><strong>L’US:</strong> <em>C’est qui, la petite poucette?</em></p> <p class="rtejustify"><strong>Michel Serres</strong>: Il y a d’abord la vitesse avec laquelle elle envoie des textos, avec les pouces. Ce nom, c’est l’expression de mon admiration! Son âge? Entre 7-8 ans et, disons, 32-33 ans. C’est-à-dire qu’elle est née en un temps où existaient déja les nouvelles technologies. Ceux qui ne sont pas petite poucette vivent avec les nouvelles technologies, tandis que petite poucette vit dedans. À présent, petite poucette a grandi. Elle est entrée sur le marché du travail. Elle a fait des études supérieures, est devenue institutrice, professeure, et bientôt elle enseignera dans le supérieur. Son sexe ensuite: les femmes ont mieux réussi que les hommes à l’école ces demières années. Je l’ai moi-même largement constaté dans mes classes, et c’est à mes meilleures élèves, au féminin donc, que je rends hommage. Sa devise: pour la comprendre, il faut entendre au sens littéral <em>maintenant </em>comme <em>main-tenant ... </em>Poucette tient son ordinateur en main, c’est-à-dire le monde: les autres, les lieux, l’information. La devise de poucette ce pourrait être: «maintenant tenant en main le monde».</p> <p class="rtejustify"><strong>L’US:</strong> <em>Et pour l’école, ça change quoi?</em></p> <p class="rtejustify"><strong>M.S.:</strong> À chaque fois que j’entre dans un amphi pour faire cours ... disons, par exemple, que je fasse cours sur la notion de «cacahuète»..., je me demande toujours combien d’étudiants sont allés la veille au soir taper «cacahuète» sur internet. Combien d’entre eux savent quelque chose de ce dont il sera question? Notre époque est celle de la présomption de compétence. Un médecin doit se le dire aussi: n’importe qui souffrant d’un «pet de travers» est en mesure d’aller voir sur intemet de quoi ce «pet de travers» est le symptôme et d’arriver chez le médecin avec tout ça en tête! Petite poucette est l’héroïne d’un moment qui n’a que deux équivalents dans l’histoire: le passage de l’oral à l’écrit, qui a bouleversé notre rapport au savoir; le passage de l’écrit à l’imprimerie, l’exigence d’une «tête bien pleine» faisant place à celle d’une «tête bien faite», pour citer Montaigne. De même, l’avènement des nouvelles technologies invite à repenser l’école.</p> <p class="rtejustify"><strong>L’US: </strong><em>Les nouvelles technologies forgent, à la lettre, un nouvel être humain. L’un des chapitres de </em>Petite poucette <em>s’ouvre sur le récit de la décollation de Saint-Denis, portant sa tête sous le bras ... </em></p> <p class="rtejustify">Quand j’étais en Terminale, en philo (je vous parle de la préhistoire, là), on nous disait que le sujet connaissant était composé de trois parties: la mémoire, l’imagination et la raison. À présent, avec les nouvelles technologies, poucette a sous la main des données par milliards de milliards: mémoire. Des images, il y en a aussi tant et tant mises à disposition: imagination. Quant aux raisonnements, ceux que l’ordinateur peut faire sont totalement inaccessibles à l’intelligence humaine. Bref, elle a la tête sous le bras. Alors, oui, ça a des conséquences sur la nature de l’homme. Il y a ce très beau livre de Stanislas Dehaene, <em>Les neurones de la lecture. </em>Et Dehaene demande: «mais qu’est-ce qu’ils foutaient les neurones de la lecture quand les hommes ne lisaient pas?». Eh bien, pour poucette, c’est pareil. Elle n’a pas les mêmes neurones que ses ancêtres.</p> <p class="rtejustify"><strong>L’US:</strong> <em>Dans votre livre, poucette s’écrie, </em><em>à</em> <em>propos de la connaissance: </em>«Vive Boucicaut et ma grand­-mère»!</p> <p class="rtejustify">Oui, oui! Boucicaut, c’est l’inventeur du <em>Bon Marché </em>au XIX<sup>e</sup> siècle. Constatant que son chiffre d’affaires stagnait, il s’est dit qu’il fallait placer sur le chemin de ses clientes des produits qu’elles n’avaient pas prévu d’acheter mais qui pouvaient les intéresser: pour acheter des poireaux, grand-mère devait passer devant les soieries, et repartait ainsi avec des parures imprévues! C’est ce que les Anglo-Saxons appellent la <em>serendipity, </em>un concept que je traduis par «sérendipité». Cherchant un mot dans le dictionnaire, on rencontre un autre mot dont la découverte sera finalement plus importante. Les nouvelles technologies exigent ce genre de connexions, cette sorte d’errance.</p> <p class="rtejustify">Je m'arrête: il y a, à Paris, un projet pour concentrer, au nord, à l'université de Condorcet, un pôle de sciences humaines, et, parallèlement, au sud, à l'université d'Orsay, tout ce qui relèverait des sciences dures. De la pure barbarie! C'est en dialoguant avec les autres disciplines qu'on fait progresser la sienne. Puiser ailleurs... je me souviens d'après-midi passées avec des Sénégalais, des Vieux de mon âge, dans des villages de la brousse. On apprenait beaucoup l'un de l'autre sans parler la même langue... en séparant ainsi brutalement sciences humaines et sciences dures, la question devient: qui seront les cons d'Orsay?</p> <p class="rtejustify"><strong>L'US: </strong><em>Politiquement, ça change quoi?</em></p> <p class="rtejustify">L'argument majeur des ennemis de la démocratie a toujours été «ils ne savent pas». Ils disent en gros: «Comment ça? Matthieu, qui est prof de philo, et sa concierge: le même bulletin de vote? ». Sauf que la démocratie, c'est ça. Or, aujourd'hui, quel que soit le problème envisagé, il suffit d'un clic pour disposer d'informations et ça, c'est une nouveauté démocratique majeure. Combien d'oncologues m'ont dit en avoir plus appris sur le cancer du sein en allant sur un forum de femmes malades que dans leurs manuels de médecine? Aujourd'hui, tout le monde est épistémologue.</p> <p class="rtejustify"><strong>L'US:</strong> <em>De façon plus générale, vous semblez éprouver pour poucette une tendresse qu'on serait en droit de ne pas partager: son égoïsme, sa violence... </em></p> <p class="rtejustify">J'ai 82 ans et vous 31. Le mot violence n'a pas le même sens pour vous et pour moi. Bien sûr, il y a la violence des rues, le chômage, je n’ignore pas tout ça. Mais au siècle dernier on a tué 150 millions de personnes. Tout autre chose que les milliers de morts des attentats terroristes… Alors franchement… Et puis poucette a la santé! Dans <em>Temps de crises</em>, je soulignais que le progrès considérable de la médecine avait créé une situation sans précédent d’un point de vue démographique. J’ai vu deux fois doubler la population mondiale: 2 milliards, puis 4 milliards, puis presque 8 milliards. Et poucette vit bien plus longtemps (au-dela de 80 ans). Pour rire: va-t-elle continuer de jurer fidélité pour 65 ans au moment du mariage? C'est vrai, il y a du désarroi, et nous autres, professeurs, sommes aux premières lignes de tout ça. Nos élèves ne savent pas où ils vont. À l'Académie Française, nous éditons, tous les vingt ans, un dictionnaire. Je connais bien les dictionnaires qui ont été édités depuis l'époque de Richelieu: d'une édition à l'autre, la différence se situe entre 3000 et 5000 mots environ. Alors tenez-vous bien, car entre le précédent dictionnaire et celui que nous allons bientôt éditer, la différence est de 37000 mots! C'est un peu une photographie des transformations que connaît notre temps, notamment en terme de métiers. Vous vous imaginez proposer à des élèves un texte de Sand portant sur des laboureurs? Poucette n'y comprendrait rien du tout.</p> <p class="rtejustify"><strong>L'US: </strong><em>Parlez-nous du projet que vous avez avec le mathématicien et philosophe Michel Authier</em><em>: une œuvre plastique qui s'élèverait en face de la tour Eiffel... </em></p> <p class="rtejustify">Ce serait une manière de faire pièce, symboliquement, à une certaine conception du savoir et du pouvoir. La tour Eiffel c'est le pouvoir qui part de la pointe et aboutit à la base. Pareil pour la pyramide. L'espoir d'une nouvelle donne pour la démocratie, ce serait que tout parte d'en bas, avec une œuvre que chacun pourrait alimenter depuis la base. Pouvoir et savoir qui n'iraient plus de haut en bas, selon une loi dure comme le fer de la tour, mais de bas en haut. Démocratie je le redis, on a beau faire, les gens sont au courant.</p> <p class="rteright"><em>Propos recueillis par Matthieu Niango </em></p> <p class="rteright"><span><span><span><span><span><span><strong>Pour l’US MAGAZINE </strong>– Supplément au n° 723 du 15 septembre 2012, p. 40-41.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"> </p> <p class="rtejustify"><strong>Né en 1930, Michel Serres</strong> est philosophe et his­torien des sciences. Diplômé de l’École navale et de Normale Sup, il a enseigné longtemps en université en France et aux États-Unis, c’est un éminent membre de l’Académie Française.</p> <p class="rtejustify"><strong>Michel Serres est l'auteur</strong> de plus de cinquante essais et ouvrages philosophiques, scientifiques... Parmi les plus récents, aux éditions Le Pommier: 2001: <em>Hominescence – </em>2003: <em>L'incandescent – </em>2009: Le temps des crises – 2011: <em>Habiter – </em>2012:<em> Petite poucette.</em></p> <p class="rtejustify"><strong>Extrait:</strong></p> <blockquote><p class="rtejustify"><em>« Michel Authier, concepteur génial, avec moi, son assistant, projetons d’allumer un feu ou de planter un arbre en face de la tour Eiffel sur la rive droite de la Seine. Dans des ordinateurs, dispersés ailleurs ou ici, chacun introduira son passeport, son Ka, image anonyme et individuée, son identité codée, de sorte qu’une lumière laser, jaillissante et colorée, sortant du sol et reproduisant la somme innombrable de ces cartes, montrera l’image foisonnante de la collectivité, ainsi virtuellement formée. De soi-même, chacun entrera dans cette équipe virtuelle et authentique qui unira, un une image unique et multiple, tous les individus appartenant au collectif disséminé, avec leurs qualités concrètes et codées. En cette icône haute, aussi haute que la tour, les caractéristiques communes s’assembleront en une sorte de tronc, les plus rares en des branches et les exceptionnelles en feuillages ou bourgeons. Mais comme cette somme ne cesserait de changer, que chacun avec chacun et chacun après chacun se transformerait de jour en jour, l’arbre ainsi levé vibrerait follement, comme embrasé de flammes dansantes » (</em>Michel Serres, <em>Petite poucette</em>, Paris, éd. Le Pommier, 2012, 82 pages, p. 81).</p> </blockquote> <p class="rtejustify"><strong>Écouter Michel Serres parler, au micro d'Alain Finkielkrau<em>t (Répliques</em>, France Culture, 08/12/2012), de <em>L'école dans le monde qui vient: </em></strong></p> <object data="/sites/default/files/dewplayer/dewplayer.swf" height="20" id="dewplayer" name="dewplayer" title="Polpro - L'école dans le monde qui vient, Michel Serres, Alain Finkielkraut, Répliques, France culture, 08/12/2012" type="application/x-shockwave-flash" width="200"><param name="quality" value="high" /><param name="wmode" value="transparent" /><param name="movie" value="/sites/default/files/dewplayer/dewplayer.swf" /><param name="flashvars" value="mp3=/sites/default/files/dewplayer/mp3/audew-l_avenement_des_nouvelles_technologies_invite_a_repenser_l_ecole-michel_serres-l_ecole_dans_le_monde_qui_vient-france_culture_repliques_a_finkielkraut_08_12_2012.mp3&amp;showtime=1" /></object> <p class="rtecenter"> <iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="252" src="//www.youtube.com/embed/ICd38oRfoHU" width="448"></iframe></p> </div> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-7" lang="" about="/user/admin-7" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Corpus</a></span> <span>sam, 2013-04-06 15:00</span> <div> <i class="fa fa-tags"></i> <span><a href="/taxonomy/term/835" hreflang="fr">Révolution numérique</a></span>, <span><a href="/taxonomy/term/909" hreflang="fr">Michel Serres</a></span>, <span><a href="/term/ecole" hreflang="fr">École</a></span>, <span><a href="/term/democratie" hreflang="fr">Démocratie</a></span> </div> <section id="comments-section"> <h2>Commentaire(s)</h2> <article data-comment-user-id="4" id="comment-1774" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1365457440"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/1774#comment-1774" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-1" lang="" about="/user/admin-1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Critiquerongeuse</a> le lun, 2013-04-08 23:44</span> </div> <h3><a href="/comment/1774#comment-1774" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">La véritable autorité est celle qui grandit l&#039;autre</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div class="content clearfix"> <div class="permalink-header"> <a class="account-group js-account-group js-action-profile js-user-profile-link js-nav" data-user-id="421721069" href="https://twitter.com/DidierBazy"><img alt="didier bazy" class="avatar js-action-profile-avatar" src="https://si0.twimg.com/profile_images/2884345434/2c2bd4e9aae833908614a2fc389272a1_normal.jpeg" /><strong class="fullname js-action-profile-name show-popup-with-id">didier bazy</strong> 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</section> Sat, 06 Apr 2013 13:00:59 +0000 Corpus 1547 at http://politproductions.com Hommage aux Grecs indignés contre l'esclavage pour dettes, Αφιέρωμα στους Έλληνες αγανακτισμένοι κατά της δουλείας χρέους http://politproductions.com/hommage-aux-grecs-indignes-contre-lesclavage-pour-dettes-aphieroma-stoys-ellenes-aganaktismenoi <span>Hommage aux Grecs indignés contre l&#039;esclavage pour dettes, Αφιέρωμα στους Έλληνες αγανακτισμένοι κατά της δουλείας χρέους</span> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p><img src="public://img-hommage_au_aux%20_indignes_grecs_en_lutte_contre_lesclavage_moderne-manifestation_athenes.jpg" alt="Manifestation d'Indignés à Athènes" data-entity-type="file" data-entity-uuid="cba67445-0bd7-480b-a4e3-9a01c315a5e2" /><br /></p><div style="text-align: justify;"> <small>« Je le sais et, dans ma poitrine, mon cœur est affligé quand je vois assassinée la plus antique terre d’Ionie » (Solon) « γιγνώσκω, καί μοι φρενὸς ἔνδοθεν ἄλγεα κεῖται, πρεσβυτάτην ἐσορῶν γαῖαν Ἰαονίας καινομένην· » (Σόλων)</small> Les Grecs anciens, a écrit un internaute sur ce site, ont inventé la démocratie, les « indignés » (αγανακτισμένοι) de la Place Syntagma sont en train de la réinventer. Pertinente parole. Voici pour l'illustrer quelques extraits de la <em>Constitution d’Athènes</em> d’Aristote. Ils ont trait à la fondation de la cité démocratique sous l’impulsion de Solon qui libéra les pauvres de l’esclavage pour dettes en promulguant la <em>sisachthie</em> (σεισάχθεια), le « rejet du fardeau ». <br /> D’après la <em> Constitution d’Athènes</em> l’esclavage pour dettes en Grèce paraît remonter à Dracon. Au terme de sa présentation de l'organisation de l’État selon les lois de Dracon (lois écrites en -621 avec du sang au lieu d’encre, dit-on, lois « draconiennes » donc), Aristote indique que « les prêts avaient les personnes pour gages, [...] et la terre était dans un petit nombre de mains ». (<em>Constitution d’Athènes</em>, colonne 2, trad. G. Mathieu et B. Haussoullier, Budé/Les Belles Lettres, 1972, p. 5, IV. Dracon).<br /> Il précise au début de son ouvrage quelle était la situation des plus démunis quand (vers -592-1) Solon devint l’un des neuf archontes d’Athènes :<br /> « 2. ...le régime était oligarchique en tout; et, en particulier, les pauvres, leurs femmes et leurs enfants étaient les esclaves des riches. On les appelait "clients" et sizeniers » (<em>hectémores</em>) : car c’est à condition de ne garder que le sixième de la récolte qu’ils travaillaient sur les domaines des riches. Toute la terre était dans un petit nombre de mains; et, si les paysans ne payaient pas leurs fermages, on pouvait les emmener en servitude, eux et leurs enfants; car les prêts avaient tous les personnes en gage jusqu’à Solon, qui fut le premier chef du parti populaire. 3. Donc, pour la foule, le plus pénible et le plus amer de tous les maux politiques était cet esclavage » (<em>Constitution d’Athènes</em>, colonne 1, trad. G. Mathieu et B. Haussoullier, Budé/Les Belles Lettres, 1972, p. 1, II. L’État social avant Solon).<br /> Il s’ensuivit une révolte du peuple contre la minorité de nobles qui le tenait ainsi soit en esclavage soit sous sa menace toujours imminente. Et c’est pour arbitrer cette lutte durable et violente que Solon fut élu archonte. Sa mission était d'élaborer une constitution. Solon était de condition moyenne, il s’était fait remarquer par une élégie qui commençait ainsi (Solon, oui, parlait poétiquement au peuple):<br /> « Je le sais et, dans ma poitrine, mon cœur est affligé quand je vois assassinée la plus antique terre d’Ionie ».<br /> Profonde douleur patriotique qu’il opposait à la violence du cœur et à l’arrogance de l'esprit des riches: <br /><a href="http://Solon"><img title="Manifestation d'Indignés à Athènes" style="border: 5px solid #ffffff;" src="public://img-hommage_au_aux%20_indignes_grecs_en_lutte_contre_lesclavage_moderne-manifestation_athenes_2.jpg" alt="Manifestation d'Indignés à Athènes" align="right" data-entity-type="file" data-entity-uuid="f8d2cd21-05fe-4477-8cc8-b6278e9224a9" /></a><br /> « Vous, calmez dans votre poitrine la violence de votre cœur, vous qui êtes allés jusqu’au dégoût des plus grands biens ; amenez à la modération votre esprit orgueilleux ; car nous n’obéirons pas et tout ne vous réussira pas »<br /> « ὑμεῖς δ´ ἡσυχάσαντες ἐνὶ φρεσὶ καρτερὸν ἦτορ, οἳ πολλῶν ἀγαθῶν ἐς κόρον ἠλάσατε, ἐν μετρίοισι τίθεςθε μέγαν νόον. οὔτε γὰρ ἡμεῖς πεισόμεθ´, οὔθ´ ὑμῖν ἄρτια [ταν]τ´ ἔσεται. » (<em>Ibidem</em>, V. L’archontat de Solon, colonne 2, <em>op. cit.</em>, p. 5-6).<br /> Une parole que l’on pourrait entendre aujourd’hui place Syntagma.<br /> « En général », poursuit Aristote, Solon « ne cesse d’attribuer aux riches la responsabilité de la guerre civile ; et c’est pourquoi au début de son élégie il dit aussi qu’il craint “<em>l’avidité et l’orgueil</em>”, comme ayant donné naissance à la haine » (<em>Idem.</em>, p. 6).<br /> « Devenu maître des affaires, Solon affranchit le peuple pour le présent et pour l’avenir par l’interdiction de prêter en prenant les personnes pour gages ; il fit des lois et abolit les dettes, tant privées que publiques, par la mesure qu’on appela <em>sisachthie</em> (rejet du fardeau), parce qu’on rejeta alors le fardeau » (<em>Idem</em>).<br /> Dans son œuvre poétique Solon s’exprime encore ainsi sur la misère des anciens esclaves désormais libres grâce à la <em>sisachthie</em>: <br /> « Oui, le but pour lequel j’ai réuni le peuple, me suis-je arrêté avant de l’avoir atteint? Elle peut mieux que tout autre m’en rendre témoignage au tribunal du temps, la vénérable mère des Olympiens, la Terre noire, dont j’ai alors arraché les bornes enfoncées en tout lieu ; esclave autrefois, maintenant elle est libre. J’ai ramené à Athènes, dans leur patrie fondée par les dieux, bien des gens vendus plus ou moins justement, les uns réduits à l’exil par la nécessité terrible, ne parlant plus la langue attique, tant ils avaient erré en tous lieux ; les autres ici même subissant une servitude indigne et tremblant devant l’humeur de leurs maîtres, je les ai rendus libres. Cela, je l’ai fait par la force de la loi, unissant la contrainte et la justice ; et j’ai suivi mon chemin jusqu’au bout comme je l’avais promis. J’ai rédigé des lois égales pour le bon et pour le méchant, fixant pour chacun une justice droite. Si un autre que moi avait pris l’aiguillon, un homme pervers et avide, il n’aurait pu retenir le peuple. Car, si j’avais voulu ce qui plaisait alors aux ennemis du peuple ou encore ce que leurs adversaires leur souhaitaient, la cité fût devenue veuve de bien des citoyens. C’est pourquoi, déployant toute ma vigueur, je me suis tourné de tous côtés, comme un loup au milieu d’une meute de chiens. »<br /> « ἐγὼ δὲ τῶν μὲν οὕνεκα ξυνήγαγον
δῆμον, τί τούτων πρὶν τυχεῖν ἐπαυσάμην;
συμμαρτυροίη ταῦτ´ ἂν ἐν δίκῃ Χρόνου
μήτηρ μεγίστη δαιμόνων Ὀλυμπίων
ἄριστα, Γῆ μέλαινα, τῆς ἐγώ ποτε
ὅρους ἀνεῖλον πολλαχῇ πεπηγότας,
πρόσθεν δὲ δουλεύουσα, νῦν ἐλευθέρα.
πολλοὺς δ´ Ἀθήνας, πατρίδ´ εἰς θεόκτιτον,
ἀνήγαγον πραθέντας, ἄλλον ἐκδίκως,
ἄλλον δικαίως, τοὺς δ´ ἀναγκαίης ὑπὸ
χρειοῦς φυγόντας, γλῶσσαν οὐκέτ´ Ἀττικὴν
ἱέντας, ὡς ἂν πολλαχῇ πλανωμένους·
τοὺς δ´ ἐνθάδ´ αὐτοῦ δουλίην ἀεικέα 
ἔχοντας, ἤθη δεσποτῶν τρομευμένους,
ἐλευθέρους ἔθηκα. ταῦτα μὲν κράτει
νομοῦ βίην τε καὶ δίκην συναρμόσας
ἔρεξα καὶ διῆλθον ὡς ὑπεσχόμην.
θεσμοὺς δ´ ὁμοίως τῷ κακῷ τε κἀγαθῷ,
εὐθεῖαν εἰς ἕκαστον ἁρμόσας δίκην,
ἔγραψα. κέντρον δ´ ἄλλος ὡς ἐγὼ λαβών,
κακοφραδής τε καὶ φιλοκτήμων ἀνήρ,
οὐκ ἂν κατέσχε δῆμον. εἰ γὰρ ἤθελον
ἃ τοῖς ἐναντίοισιν ἥνδανεν τότε,
αὖθις δ´ ἃ τοῖσιν οὕτεροι φρασαίατο,
πολλῶν ἂν ἀνδρῶν ἥδ´ ἐχηρώθη πόλις.
τῶν οὕνεκ´ ἀλκὴν πάντοθεν ποιούμενος
ὡς ἐν κυσὶν πολλῇσιν ἐστράφην λύκος. » (<em>Ibid.</em>, col. 4-5, p. 12-13)<br /> Texte admirable que les Indignés de la place Syntagma pourraient en partie reprendre à leur compte : « des gens vendus plus ou moins justement, les uns réduits à l’exil par la nécessité terrible, ne parlant plus la langue attique, tant ils avaient erré en tous lieux ; les autres ici même subissant une servitude indigne et tremblant devant l’humeur de leurs maîtres ». Terrible sort qui attend aujourd’hui tous les peuples de la zone euro s’ils ne reprennent par leur destin en main pour faire, comme Solon le premier, triompher la force de la loi sur la loi de la force.<br /> Naguère les plus éclairés d’entre nous espéraient que le FMI finirait par libérer du fardeau des dettes les pays pauvres auxquels il avait prêté. Force est de constater qu’il ne l’a pas fait, mais qu’il a étendu le système de la dette aux nations les plus riches confrontées à la concurrence des « pays émergents ». Solon avait choisi d'annuler les dettes et non pas seulement de les réduire, car la réduction ne permettait pas de libérer les insolvables. Le FMI, lui, étale les dettes voire les réduit car le but du capital dont il est le cheval de Troie est précisément de rendre les hommes insolvables pour mieux les asservir à sa production de plus-value. <br /> Il est vrai, comme l'évoque la fin de la précédente citation, que Solon a tenté de concilier les exigences des riches et celles des pauvres, ce qui du reste lui valut de la part des uns et des autres une inimitié qui l’incita à s’exiler en Égypte. Il avait certes remplacé la plupart des lois de Dracon par une constitution donnant aux pauvres de réels droits (droit d’accéder aux magistratures et droit d’intervenir dans les tribunaux où se décidaient non seulement les litiges mais le sens des lois par la jurisprudence). Cependant, le régime était censitaire et les plus pauvres, les <em>thètes</em>, n’avaient accès à aucune charge. Solon avait refusé le partage des terres.<br /> Le partage de la richesse a toujours été la pierre d’achoppement de l’histoire politique occidentale. Rousseau avait lui aussi dénoncé dans la fausse richesse instituée la source du mal, « <em>l’avidité et l’orgueil</em> » ayant donné naissance à la haine et à la violence. Il avait prescrit dans son <em>Contrat social</em> que la propriété fût également partagée en sorte qu’on ne pût posséder légitimement la terre que sous trois conditions : « Premièrement que ce terrain ne soit encore habité par personne ; secondement qu’on n’en occupe que la quantité dont on a besoin pour subsister ; en troisième lieu qu’on en prenne possession, non par une vaine cérémonie, mais par le travail et la culture ». Mais en refusant l’égalité dans la propriété, les révolutionnaires de 1789, Robespierre y compris, ont contribué à perpétuer le système de la richesse qui triomphe aujourd’hui. L'abolition complète des dettes permit à la démocratie de faire ses premiers pas. Mais cela pouvait-il suffire, Solon eût-il également partagé les terres? Platon tenait les deux mesures pour le comble de la démocratie et pour le début de la corruption de ce régime en anarchie puis en tyrannie (lire ici même <a href="http://politproductions.com/content/quand-le-tyran-est-%C3%A9lu-platon"><em>République</em>, 565e-566a et 566e</a>). Et de fait l'histoire politique de la Grèce classique ne fut qu'une succession d'élans démocratiques et de régressions tyranniques.<br /> En arrachant au gouvernement Papandréou la promesse d’un référendum sur l’austérité, les Indignés de la place Syntagma ont résisté à la marche de l’Histoire. Et s'il n'est pas certain qu'ils aient déjà réussi à l'inverser, du moins ont-ils rappelé qu'elle n'était nullement fatale. </div> </div> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a></span> <span>mer, 2011-06-08 18:22</span> <div> <i class="fa fa-tags"></i> <span><a href="/term/solon" hreflang="fr">Solon</a></span>, <span><a href="/term/indignes-grecs" hreflang="fr">Indignés grecs</a></span>, <span><a href="/term/fmi" hreflang="fr">FMI</a></span>, <span><a href="/term/escalavage" hreflang="fr">Escalavage</a></span>, <span><a href="/term/dette" hreflang="fr">Dette</a></span>, <span><a href="/term/democratie" hreflang="fr">Démocratie</a></span>, <span><a href="/term/aristote" hreflang="fr">Aristote</a></span> </div> <section id="comments-section"> <h2>Commentaire(s)</h2> <article data-comment-user-id="0" id="comment-272" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1308005040"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/272#comment-272" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">αφερέγγυος (non vérifié)</span> le mar, 2011-06-14 00:44</span> </div> <h3><a href="/comment/272#comment-272" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Images du Monde</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="rtejustify">Si vous ne comprenez pas le grec, vous pouvez toujours voir ces images des indignés grecs:</p> <p><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="236" src="http://www.youtube.com/embed/SSxd2dvmXEU" width="420"></iframe></p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=272&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="d0rqbnGwjtyQeOpCNX6DtcvPHWjGAxMSgqwJxlk6B0E"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <div class="indented"> <article data-comment-user-id="1" id="comment-273" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1308006180"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/273#comment-273" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a> le mar, 2011-06-14 01:03</span> <p class="visually-hidden">En réponse à <a href="/comment/272#comment-272" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Images du Monde</a> par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">αφερέγγυος (non vérifié)</span></p> </div> <h3><a href="/comment/273#comment-273" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Error 404 : democracy not found</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;"> <p>Oui, images d'un monde en gestation qui commence par l'inventaire de l'immonde. À 2' : après une banderole espagnole «Estamos despiertos ¿Qué hora es? Ya es hora de que se vayan», une pancarte : «Democracy not found». </p></div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=273&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="QUYldQqQiUoJ8tMlbeepu6__qKnpaj2W728vsYkXJU8"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> </div> <article data-comment-user-id="0" id="comment-280" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1308409920"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/280#comment-280" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">αφερέγγυος (non vérifié)</span> le sam, 2011-06-18 17:12</span> </div> <h3><a href="/comment/280#comment-280" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Mikis Théodorakis salue les Indignés de Grèce et d&#039;Europe</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;">« Terrible sort, que celui des Grecs », dites-vous, « qui attend aujourd’hui tous les peuples de la zone euro s’ils ne reprennent par leur destin en main pour faire, comme Solon le premier, triompher la force de la loi sur la loi de la force ». Mikis Théodorakis partage cet avis. <p>Voici son appel aux citoyens indignés de Grèce et d'Europe qu'a fait paraître le 26 mai 2011 à Athènes <i>Le Comité Consultatif du Mouvement de Citoyens Indépendants</i>, « L’ Étincel » (créé à l’initiative de Mikis Theodorakis) et que vient de publier à son tour le site de Marianne (selon une information de Gérard Filoche) :</p> <p>« Nous saluons les dizaines de milliers, voire les centaines de milliers de nos concitoyens, jeunes pour la plupart, qui se sont rassemblés sur les places de toutes les grandes villes pour manifester leur indignation ». <a href="http://www.marianne2.fr/Ne-laissez-pas-tomber-la-Grece-l-appel-de-Theodorakis_a207315.html">Lire la suite</a></p></div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=280&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="-YRfJ1X8eE5BidNyZhYO0BxrrjgB32pRCtWJjBVlqKA"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="1" id="comment-303" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1309515540"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/303#comment-303" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a> le ven, 2011-07-01 12:19</span> </div> <h3><a href="/comment/303#comment-303" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Vent de fronde en Europe. Les « indignés » de Syntagma</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;"> <p><i>Le Monde Diplomatique</i><br /> Article inédit d'Athanase KOUTSIS— Juillet 2011 </p> <p>"Vent de fronde en Europe<br /><strong>Les « indignés » de Syntagma</strong></p> <p>Quand on regarde les images des « indignés » de Syntagma, la place de la Constitution athénienne, il ne faut pas se tromper : les paumes ouvertes des contestataires ne saluent pas le Parlement. Elles forment un geste rude et méprisant, <i>moutza</i>, adressé aux élus de la nation - ces « voleurs », « traîtres », « vendus »…</p> <p>Il s’agit de la place où, en 1843, les Grecs, guidés par quelques anciens combattants révolutionnaires, ont demandé à Otton Ier, le roi bavarois imposé par les grandes puissances de l’époque (France, Royaume-Uni, Russie), un <i>syntagma</i> (Constitution), après la deuxième des quatre faillites (en 1827, 1843, 1897 et 1927 ) de l’État grec moderne, provoquée par les exigences démesurées des créanciers étrangers – déjà ! – et la vie luxueuse de la cour. Une coïncidence historique ?</p> <p>La foule qui, chaque soir, se réunit à Syntagma prend la relève d’un mouvement qui a déjà connu deux défaites : la révolte des jeunes, en décembre 2008 (1), ayant suivi le meurtre du lycéen Alexis Grigoropoulos par la police, et celle du 5 mai 2010, quand la police a brisé une manifestation de cent mille personnes, après un incendie qui a fait quatre morts.</p> <p>La honte et la culpabilité se transforment petit à petit en indignation quand, un par un, les habitants commencent à comprendre les ressorts de la situation – jamais vraiment décrits par les médias : les conditions de prêt imposées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), la renonciation à la souveraineté nationale signée par « petit Georges » Papandréou, le premier ministre, les mesures d’austérité – qui épargnent les riches –, le pillage programmé du secteur public par de grandes multinationales... Il a suffi d’une étincelle sur Facebook, autour d’un panneau des <i>indignados</i> espagnols (« Réveillez-vous, les Grecs ! »), pour que les gens se donnent rendez-vous à Syntagma.</p> <p>Déterminés à ne permettre aucune affiliation partisane, les « indignés » forment un cocktail improbable aux yeux de l’observateur politisé : se retrouvent pour la première fois ensemble dans la rue des familles avec leurs enfants, des retraités, des jeunes branchés, au coude-à-coude avec des membres des classes moyennes, naguère favorisés et désormais touchés par l’austérité, des gauchistes, des anarchistes, des nationalistes, des nostalgiques de Woodstock (2), des fans des théories de la conspiration, des antisémites « à l’âme grecque » – de tout, sauf des fascistes déclarés, qui ont été repoussés dès le premier jour. Quel mélange étonnant ! Beaucoup ont vu leur vie confortable secouée par les mesures prises par le gouvernement ; beaucoup cherchent à se documenter sur le rôle de Goldman Sachs et des agences de notation. La banque américaine a visiblement aidé le gouvernement grec à cacher l’ampleur de sa dette, spéculant dans un même mouvement sur la baisse de la qualité de la dette grecque, et du coup s’enrichissant. Les informations alternatives, comme le documentaire <i>Debtocracy</i> sur Internet, ont beaucoup de succès (3).</p> <p>Toutefois, la place est moins homogène qu’il n’y paraît. Une séparation est apparue assez tôt entre les manifestants d’« en haut », en face du Parlement, plus nationalistes et souvent portés vers le hooliganisme, et ceux d’« en bas », plus à gauche et plutôt enclins aux assemblées générales. On trouve également des gens qui cherchent à débattre d’une manière raisonnable, sans dogmatisme, sans doctrines.</p> <p>Dans ce cadre, le rôle de la gauche apparaît à la fois important et contradictoire. Prise dans la méfiance généralisée envers les partis politiques, l’ensemble de la gauche est considérée comme faisant partie du problème. Car elle n’a su se distinguer de l’ordre politique établi ni par ses idées ni par le comportement de ses représentants.</p> <p>Le Parti communiste (KKE) poursuit par exemple sur la voie d’un « isolement splendide » : juché sur l’Olympe du stalinisme, il dénonce les « indignés », jugés apolitiques. La Coalition de la gauche radicale (Syriza), même si elle a embrassé le mouvement de Syntagma, ne peut pas incarner le renouveau en raison de sa propre image, post-hippie, élitiste, aimant les discours, mais fort éloignée des vrais problèmes populaires. Les autres petites fractions de la gauche radicale se contentent de rêver à la révolution qui bientôt débutera à Syntagma…</p> <p>Les « indignés » préfèrent s’organiser en dehors des partis politiques ; ils créent des nouveaux syndicats de base, militants et représentatifs ; ils forment des assemblées locales. Des militants de la gauche y participent, mais strictement à titre personnel. Ces nouvelles organisations sont devenues indispensables à l’établissement de la solidarité des « indignés ».</p> <p>Il ne faut pas oublier les « encagoulés », les <i>bachali</i> (« casse-tout »), un mélange improbable d’anarchistes, de jeunes impulsifs et de hooligans, qui naguère apparaissaient comme seuls représentants de la colère populaire, rôle que les médias et le gouvernement ont utilisé comme épouvantail pour terroriser les citoyens lors de manifestations passant alors pour très dangereuses. Les <i>bachali</i> sont exclus de Syntagma, et leurs efforts pour tout casser pendant la grande manifestation du 15 juin se sont heurtés aux « indignés », qui les ont chassés.</p> <p>Justement, ce rassemblement du 15 juin fut le moment décisif pour faire trembler les fondations du gouvernement, d’autant que des députés du Pasok (socialistes) en désaccord avec la politique du gouvernement pour les uns, avec les personnes qui l’incarnent pour les autres, se sont appuyés sur le mouvement pour déclarer qu’ils n’allaient pas voter le nouveau plan. Les contestataires sont restés à Syntagma après la marche de la grève générale. Ils ont même détecté un « casse-tout » qui avait sur lui sa carte de policier, prouvant la relation intime entre les deux, alors que la police était déterminée à envahir la place, sous le prétexte habituel des <i>bachali</i>. Malgré les batailles et le cotonneux nuage des gaz lacrymogènes, la foule est restée aux alentours. Et, comme si un intellect collectif coordonnait leur stratégie, les manifestants ont reconquis Syntagma pacifiquement, en repoussant la police et en calmant les « casse-tout ». Une victoire du <i>demos</i>, de la communauté des citoyens, pour la première fois.</p> <p>Pris de panique, le premier ministre a d’abord fait savoir qu’il démissionnerait, avant de se raviser en cherchant la formation d’une grande coalition avec la conservatrice Nouvelle Démocratie (ND), comme d’ailleurs l’ordonnait l’Union européenne. Après quelques dialogues dignes d’un Aristophane, M. Antonis Samaras, chef de ND et ancien camarade d’école de M. Papandréou, a refusé. La seule solution possible pour le premier ministre fut un remaniement ministériel.</p> <p>Le lendemain, tout a changé. L’Union européenne, l’Allemagne et le FMI ont affirmé le versement du paiement prochain, tout en maintenant les menaces habituelles. Certains commentateurs de la presse internationale commencent à poser la vraie question : « <i>Et si les Grecs ne veulent pas s’endetter davantage pour sauver l’euro et le système financier ?</i> (4) »</p> <p>Bouillonnant, sans épicentre ni projet concret et, en même temps, sage et furieusement démocratique, le collectif des « sans-voix » de Syntagma a finalement poussé son cri. Nul ne peut dire s’il aura un prolongement. Mais, comme le professe un mur d’Athènes, en évoquant Joe Strummer du groupe de musique The Clash, « <i>The future is unwritten</i> » (« L’avenir n’est pas écrit »). Restez accrochés.</p> <p><br /><br /><strong>Notes :</strong></p> <p>(1) Lire Valia Kaimaki, « <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/2009/01/KAIMAKI/16707">“Aux banques ils donnent de l’argent, aux jeunes ils offrent… des balles”</a> », <i>Le Monde diplomatique</i>, janvier 2009.</p> <p>(2) Du nom du rassemblement d’août 1969 à Woodstock, emblématique de la contestation et de la culture hippie des années 1960-1970.</p> <p>(3) Le voir sur le site dédié : <a href="http://www.debtocracy.gr">www.debtocracy.gr</a>, sous-titré en français. Financé collectivement par de petits dons individuels, le documentaire a été réalisé par les journalistes Aris Hatzistefanou et Katerina Kitidi. Le lendemain de sa première projection en ligne, Hatzistefanou a été licencié de la chaine de radio privée où il travaillait.</p> <p>(4) Lire Alen Mattich, « <a href="http://online.wsj.com/article/SB10001424052702304186404576389632761803982.html?mod=WSJ_hp_us_mostpop_read">What if Greeks Decide They Don’t Want to Be Rescued ? </a>», <i>The Wall Street Journal</i>, 17 juin 2011." <br /></p></div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=303&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="37Fcws2S_0e_w3ysoyVAuO6NwNnCnABIg4eIhl6XoOg"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="0" id="comment-528" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1325172960"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/528#comment-528" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a rel="nofollow" href="http://ecodemystificateur.blog.free.fr/" lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">RST (non vérifié)</a> le jeu, 2011-12-29 16:36</span> </div> <h3><a href="/comment/528#comment-528" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Un nouveau Solon ?</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="rtejustify">Si l'on veut de nouveau voir «triompher la force de la loi sur la loi de la force» ce qu'il nous faut désormais c'est un nouveau Solon. Il me semble que malgré leurs bonnes intentions, les Indignés font fausse route en refusant d'avoir des représentants qui puissent parler en leur nom. C'est très utopique comme mode de fonctionnement et risque de ne pas donner de résultats tangibles.</p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=528&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="t4lQnijYRRD4vJZ4A5jAZsYO6Ss42SXAQJTErdngGDQ"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <div class="indented"> <article data-comment-user-id="1" id="comment-529" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1325188380"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/529#comment-529" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a> le jeu, 2011-12-29 20:53</span> <p class="visually-hidden">En réponse à <a href="/comment/528#comment-528" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Un nouveau Solon ?</a> par <a rel="nofollow" href="http://ecodemystificateur.blog.free.fr/" lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">RST (non vérifié)</a></p> </div> <h3><a href="/comment/529#comment-529" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Une république de travailleurs?</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="rtejustify">Merci de votre réponse. Vous avez raison, force est de constater que les Indignés ne parviennent à rien. Mais est-il bien sûr qu'ils tournent le dos à toute forme de représentation. Ils sont surtout soucieux de ne pas se faire récupérer (notamment en Espagne). Le problème semble plutôt venir de la représentation politique (ou politicienne) elle-même qui dans à peu près tous les pays reste sourde aux revendications des peuples dont pourtant elle émane. Il est sans doute nécessaire de la repenser sinon de l'abolir (du moins, une fois encore, d'en abolir les privilèges → substitution du mandat impératif au mandat représentatif ou modification de l'article 27 de notre constitution, avec extension au mandat présidentiel dont le statut est des plus fumeux). Le mieux serait sans doute une république des travailleurs. De Solon à nous, quelque chose d'essentiel a changé : le sens du travail... et du monde.</p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=529&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="gTm8ozJ1rp6iO-OWBsXvQIcPiBIpmCV3W5MvF0bFH6o"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> </div> <article data-comment-user-id="0" id="comment-587" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1328397480"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/587#comment-587" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Polit&#039;producteur (non vérifié)</span> le dim, 2012-02-05 00:18</span> </div> <h3><a href="/comment/587#comment-587" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">La famine gagne la Grèce</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="rtejustify">LIRE =&gt; <a href="http://www.liberation.fr/economie/01012386707-on-n-avait-pas-vu-ca-en-grece-depuis-l-occupation">http://www.liberation.fr/economie/01012386707-on-n-avait-pas-vu-ca-en-g…</a></p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=587&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="b6pGtbrhqFxeaorkVIOoqrtAJPQtr8jyfrqzY3Ew8J0"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="1" id="comment-1355" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1343082921"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/1355#comment-1355" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a> le mar, 2012-07-24 00:35</span> </div> <h3><a href="/comment/1355#comment-1355" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">La vie quotidienne en Grèce</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p><span>Carnet de notes d'un anthropologue en Grèce : <a href="http://greekcrisisnow.blogspot.fr/2012/07/aube-matee.html#more">http://greekcrisisnow.blogspot.fr/2012/07/aube-matee.html#more</a></span><br />  </p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=1355&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="yb5SGKBqliRGnorEU7v4-DL6iutd73YMgt0lXUsrDxw"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="517" id="comment-1379" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1344026700"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/1379#comment-1379" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/517" lang="" about="/user/517" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Iurop</a> le ven, 2012-08-03 22:45</span> </div> <h3><a href="/comment/1379#comment-1379" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Tragédie sanitaire en Grèce</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p><span style="font-size:10px;">Par Camille Gicquel, via <em>Scoop.it/Résistances</em></span></p> <p><a href="/sites/default/files/img-hommage_aux_indignes_grecs_en_lutte_contre_l_esclavage_moderne-tragedie_sanitaire_en_grece-ephebe_d_anticythere.jpg"><img alt="« L’Éphèbe d’Anticythère », statue de bronze classique-hellénistique (-340 - 330 av. J.-C.) conservée au Musée national archéologique d'Athènes." height="303" src="/sites/default/files/img-hommage_aux_indignes_grecs_en_lutte_contre_l_esclavage_moderne-tragedie_sanitaire_en_grece-ephebe_d_anticythere.jpg" width="455" data-entity-type="file" data-entity-uuid="d7f21cf5-3b39-47b2-8cde-da2b56e8581f" /></a></p> <p class="rtejustify">Conséquence des coupes budgétaires exigées par le plan d'austérité, une crise sanitaire s'est emparée de la Grèce. Si la réapparition de la malaria et la propagation du VIH inquiètent les pouvoirs publics, elle est l'occasion pour le parti néo-nazi Aube dorée de raviver les sentiments xénophobes.<a href="http://owni.fr/2012/07/26/tragedie-sanitaire-en-grece/"> LIRE LA SUITE</a></p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=1379&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="fSgOBOFRyWPwy1Sx0c18CRG-c5AsloOuG5DFzhNOIYw"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="175" id="comment-1426" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1346918220"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/1426#comment-1426" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-22" lang="" about="/user/admin-22" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Σόλων</a> le jeu, 2012-09-06 09:57</span> </div> <h3><a href="/comment/1426#comment-1426" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">La &quot;troïka&quot; veut imposer aux Grecs 6 jours de travail</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="rtejustify">Une preuve de plus qu'il s'agit aujourd'hui pour le capitalisme de rétablir les conditions d'exploitation de sa naissance!</p> <p class="rtejustify">«Un projet de la Troïka (FMI, BCE, UE) veut imposer à tous les secteurs une semaine de travail allongée, d'après un document adressé la semaine dernière à Athènes.» <a href="http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/09/05/20002-20120905ARTFIG00513-grece-la-colere-monte-contre-la-semaine-de-six-jours.php?m_i=WzZWrXsxVYRdGcejXEIg9ohRsCCpqxxoEMsaTX59WuNAxx%2BqQ">LIRE la suite</a></p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=1426&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="-roBU2mgrGqh-G6a79npv-1I-dC2ce4uJUL-GWyZL6w"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="175" id="comment-1737" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1361561640"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/1737#comment-1737" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-22" lang="" about="/user/admin-22" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Σόλων</a> le ven, 2013-02-22 20:34</span> </div> <h3><a href="/comment/1737#comment-1737" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Adieu ma Grèce : Exil du chaos...</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p><span style="font-size:11px;"><span>A<span>rticle issu (via <a href="http://www.scoop.it/u/didier-moulinier"> <img class="avatar" src="http://img.scoop.it/74KdKbfcyai7Jc_vXupVxuy7_ZqweuUDvdarVjaIR5c=" /> Scooped by </a><a href="http://www.scoop.it/u/didier-moulinier">dm</a> onto <a class="topicSource" href="http://www.scoop.it/t/resistances/p/3997275345/adieu-ma-grece-exil-du-chaos-ariane-walter?_tmc=rhKDQGg1TWWRYeKL3pIDgBCtiDMS5D9Ig9XKtyW3q6s#">Résistances) </a></span>de</span></span></p> <p><a href="http://www.legrandsoir.info"><img height="26" src="http://www.legrandsoir.info/squelettes/images/img_logo_lgs.png" width="208" /></a></p> <div class="box-magazine"> <div class="box-content"> <div class="box-header"> <div class="box-content"> <div class="article-cadre" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle"> <div class="article-date" itemprop="datePublished"> <span style="font-size:9px;"><span><span><span><span>20 février 2013</span></span></span></span></span></div> <div class="article-corps" itemprop="articleBody"> <div class="article-logo"> <img align="left" alt="" class="spip_logos" height="153" src="http://www.legrandsoir.info/local/cache-vignettes/L250xH153/arton19432-c0258.jpg" title=" Exil du chaos..." width="250" /></div> <div class="article-auteur" itemprop="author">  </div> <div class="article-auteur" itemprop="author">  </div> <div class="article-auteur" itemprop="author">  </div> <div class="article-auteur" itemprop="author">  </div> <div class="article-auteur" itemprop="author">  </div> <div class="article-auteur" itemprop="author">  </div> <div class="article-auteur" itemprop="author">  </div> <div class="article-auteur" itemprop="author">  </div> <div class="article-auteur" itemprop="author"> <span style="font-size:11px;"><span>Ariane WALTER</span></span></div> <div class="article-texte crayon article-texte-19432 " id="font-variable" itemprop="text"> <div> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span>J<span><span>e viens de terminer, bouleversée, la lettre d’une amie grecque que Marie-Laure Veilhan vient de nous transmettre sur son blog Mediapart. Je vous la transmets à mon tour. Faites la circuler autant que vous le pouvez. Il faut que cette lettre reste lettre vivante.</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Ce dont elle parle, nous l’avions appris par bribes, mais de le retrouver ici vécu dans un adieu au pays et savoir qu’un jour, peut-être bientôt, elle et nous serons obligés de fuir ici ce qui existe là-bas, quel désespoir mais aussi quel appel à notre courage et à notre engagement dans la lutte.</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Voici cette lettre :</span></span></span></span></p> <blockquote><h3 class="spip rtecenter"> <span style="font-size:12px;"><span><em><span><strong><span>Exil du Chaos</span></strong></span></em></span></span></h3> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>17 février 2013 Par Marie Laure Veilhan</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Nous avons pris la décision de partir.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Voilà une décision qui procède d’un non-choix, d’une nécessité que je ne qualifierai pas d’absolue, pour la simple raison que je sais qu’on n’est ni en Afghanistan, ni à Smyrne de 1922. Non, ç’aurait pu être un choix. Mais c’est tout juste une décision.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Décision d’exil, alors.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Il nous reste un été ici. Nous serons en France pour la rentrée 2013.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Nous laisserons derrière nous la maison de mon compagnon, Christos. La maison d’un autre exil, qui date de 90 ans : celui des grands-parents de Christos, venus de Constantinople (Kalloni, « la belle ») en 1922. J’écrirai un jour prochain ce que j’ai pu retenir de cette histoire-là. Elle est présente, curieusement parfois.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Nous laisserons des amis, Dina la rigolote, Angélique à la voix d’or, nous laisserons le père de mes enfants, la mer où Christos allait pêcher si souvent, sur les traces de son père, pêcheur, les orangers, le grenadier, les citronniers, l’oncle Adonis, tout tordu, tout pauvre, tout vieux, toujours si digne et souriant, sauf ces jours-ci, sa dame Anna s’en va à petit feu…</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Je laisserai la terre que j’ai aimée pour la première fois il y a vingt-quatre ans, fille au pair d’un été, et que je croyais ne jamais quitter. Chaque jour qui passe, j’ai peine à croire à ce qui arrive à cette Grèce-là.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>J’ai peine. Grand peine.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Nous sortons peu – le temps a l’air d’avoir pris la couleur de la vie : il pleut, sans arrêt, au point que le bois doit rester longtemps dans le poêle avant de s’embraser. Nous regardons distraitement les journaux télévisés, on connaît la rengaine. Deux dizaines d’impôts créés en 2012. Chômage. Misère. Enfants non vaccinés. Facultés qui ferment. Hôpitaux en panne de chauffage, de matériel de première nécessité (compresses, instruments chirurgicaux,…). Et de yaourts aussi. Néo-nazis au parlement. Grèves. Mobilisation décrétée dans deux secteurs (marine marchande et transports en commun), sous le contrôle direct de l’armée. La folie rivalise au quotidien avec le ridicule, le trivial, le presque rigolo. Non, on n’y croit pas, quand le secrétaire du Ministère de l’Economie annonce que « le smic à 560 euros -bruts- est encore trop haut »…</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>En chiffres, ça donne : 27 % de chômage global en novembre 2012 (derniers chiffres disponibles), soit une augmentation de 31% par rapport au mois de novembre 2011. 61,6% parmi les jeunes. Chiffres officiels, qui ne prennent pas en compte les multiples programmes de « formation » indemnisés à 250 euros pour deux mois, soit trois fois moins que l’allocation chômage, fixée à 360 euros mensuels. Pas d’allocation familiale, ni de logement bien sûr. 60 milliards de créances avérées vis-à-vis du Domaine Public (fisc et caisses d’assurance maladie et retraite). La récession en 2012 à 6,5%, pour la cinquième année. Le pain à 1,60, l’essence à 1,70. Le smic grec à 560 euros brut (480 euros nets), et 492 bruts (424 nets) pour les jeunes jusqu’à 25 ans. 300.000 compteurs coupés l’an dernier faute d’avoir pu payer la facture d’électricité, désormais couplée à l’impôt spécial (calculé sur la base de la surface du bâtiment alimenté), censé être exceptionnel, mais qui sera finalement intégré à un impôt global. Mon employeur (Union des Coopératives Agricoles), qui emploie 130 personnes (à l’usine et dans les bureaux, ne s’est toujours pas acquitté des salaires de novembre du personnel administratif. Je fais partie de ce dernier, mais ai eu droit à un « régime de faveur » qui m’a permis de recevoir les salaires de novembre et décembre, sous forme d’ « avance sur salaire » (c’est joli, comme formule : avance sur arriéré). J’étais allée faire remarquer que c’est ma seule source de revenus, et que nous vivons à quatre de ces presque 800 euros par mois. Nous avons longtemps été les moins riches de tous ceux que je connais.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Nous sommes désormais parmi les moins pauvres de ceux dont nous partageons le quotidien (travail exclu). Il n’y a plus de syndicat des ouvrières à mon boulot : il a été dissout, suite à des pressions exercées de façon ouverte sur l’intégralité des ouvrières, prises une à une. Ce mois-ci, le grand magasin Sprider (grande chaîne de vêtements bas prix), qui employait quinze personnes, a fermé. La deuxième boulangerie du quartier aussi. Pas résisté.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>[Christos discute ce moment-même sur Skype avec un copain, parti en Allemagne en septembre. Il lui parle exactement de ça, à l’instant. C’est saisissant.]</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Aighion accueillait depuis plusieurs années deux sections d’enseignement supérieur technique (optique et kiné). Au bord de la mer, dans un bâtiment industriel abandonné et rénové. Ces deux sections disparaîtront, comme une trentaine d’autres en Grèce, à partir de septembre. Les étudiants s’en iront, les bars, le cinéma qui avait rouvert depuis peu, la salle de musique… vont se vider un peu plus. Nous n’y allions quasiment plus, mais c’est réjouissant de voir ces étudiants qui venaient jouer gratuitement au « Polytechneio ». Triste, aujourd’hui, d’être presque sûr que cela ne durera pas.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Je voudrais être contredite par les faits.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Mais les médicaments de traitement du sida ont été désinscrits de la liste des médicaments remboursables. Pour les traitements anti-cancer, cardio, contre la tension artérielle… et pour une foule d’autres, la question n’est plus tant qu’ils soient ou non remboursables : il est de plus en plus difficile d’en dénicher. On crève de cette crise, et pas ceux qui sautent d’un balcon ou se tirent une balle dans la tête. On se laisse aller, aussi, tout simplement.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Je m’accroche à ceux que j’aime. Et à la première sonate de Beethoven, aussi. Qu’il me pardonne…</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Je participerai du 1er au 3 mars à une rencontre organisée par l’aile « rouge » du Syriza sur la lutte contre le fascisme (en tant qu’interprète, ce qui nous paiera les billets de bus et une partie des frais de séjour à Athènes). Je vous conterai ce que j’aurai pu en retenir. Je sais désormais que cela pourra nous valoir des déboires plus ou moins importants. Les députés de l’Aube Dorée soufflent sur les braises de la haine, l’un deux a déclaré hier : « la prochaine fois que nous ferons une descente sur un marché pour contrôler les vendeurs étrangers, on ne fera pas que donner des coups de lattes dans les étalages. Il faut bien qu’on se fasse plaisir, aussi… Il est hors de question qu’on laisse les citoyens grecs sans protection ». Babakar Ndiaye est mort, il y a huit jours, jeté sur les rails de la station Thisseio, à Athènes, par l’un des dix agents de la police municipale qui l’avait pris en chasse parce qu’il vendait sur le trottoir des faux sacs Vuitton ou des parapluies chinois. Les paysans qui tentaient de bloquer symboliquement la route nationale ont été attaqués par les flics. Attaqués, non pas arrêtés. La violence institutionnelle s’installe chaque jour. Violence policière des brigades anti-terrorisme qui rouent de coups les quatre jeunes (qui se déclarent anarchistes), les défigurent, et se donnent tout juste la peine d’un maquillage électronique pour masquer les pires traces de torture sur les visages tuméfiés.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Le message est clair : « Tenez- vous tranquilles, ça pourrait arriver à tout le monde et à n’importe qui. »</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Enfin, presque. Des militants de l’Aube Dorée, arrêtés la même semaine en possession d’armes lourdes, se sont fait photographier au poste. On en rigole : ils ont l’air de sortir du centre de soins esthétiques, tellement ça n’a pas l’air de les éprouver. On comprend, d’ailleurs : ils sont déjà dehors. Nous savons bien que ce qui nous attend en France n’est pas rose. Au-delà de l’adaptation à une vie que nous n’avions jamais prévue telle (ce qui suppose une adaptation forcée des enfants, par exemple, à un système scolaire en français, eux qui sont scolarisés en grec, bien sûr – mon fils, de bientôt onze ans, ne sait ni lire ni écrire en français, il a commencé l’anglais il y deux ans…), au-delà de tout ce qui nous fera ressentir ce mal du pays que les Grecs appellent si justement νοσταλγία (la nostalgie, douleur de la terre d’où l’on vient en traduction libre…), nous savons bien que la situation en France est dure, violente parfois, et que les choses vont mal pour beaucoup, là aussi.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>D’ailleurs, le mal dont souffre la Grèce, c’est le même que celui qui étend son ombre sur l’Hexagone. Je le nomme « argent-dette », comme l’ont si bien fait les créateurs grecs de « Catastroïka », dont je ne saurais trop vous recommander la vision. Il a beau avoir été tourné il y a bientôt deux ans, tout y est.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Voyez.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Regardez.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Dites.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Faites.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>Agissez.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><em><span><span>C’est de notre vie à tous et à chacun qu’il s’agit.</span></span></em></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span><strong>SOURCE :</strong> <a class="spip_out" href="http://blogs.mediapart.fr/blog/marie-laure-veilhan/170213/exil-du-chaos" rel="external">http://blogs.mediapart.fr/blog/marie-laure-veilhan/170213/ex...</a></span></span></span></span></p> </blockquote> <h3 class="spip rtecenter"> <span style="font-size:11px;"><span><strong><span><span>* * *</span></span></strong></span></span></h3> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>C’est en Grèce qu’hier Hollande, est allé parader en tant que représentant, non pas d’une nation financièrement libre, mais d’une province de l’Empire qui n’a plus aucune autonomie pour décider de son budget. Lui qui, il y a un an, avait encouragé le peuple Grec à ne pas voter Siriza, a eu hier une phrase historique. Après « Notre ennemi, c’est la Finance », nous avons eu droit à, retransmis sur son compte twitter :<br class="autobr" /><br /> @Elysée. La Grèce a décidé un programme de privatisation. Les entreprises françaises seront présentes car elles ont l’expérience du service public.</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Ainsi, l’aveu est clair. Nous envoyons les entreprises françaises faire leur marché en Grèce qui bientôt ne possèdera même plus en propre un grain de sable, pendant que des entreprises internationales font leur marché en France. La dinosaurie est en place. Le plus gros gagne. Chaque homme est un brin d’herbe.</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>La France qui a l’expérience du public et surtout de la privatisation du public !</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Ne nous faisons plus aucune illusion. S i nous n’avons pas le courage du combat, notre pays sera dépecé comme est dépecée la Grèce.</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Le premier acte de guerre a été l’an dernier la signature du MES. Puis du TSCG. Le résultat nous le connaissons : 750 millions d’euros seront retirés aux territoires français. Débrouillez-vous messieurs les maires. Adieu crèches, hôpitaux, écoles !</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Le second sera début avril et nous devons entreprendre toutes les actions possibles pour nous opposer à l’entrée dans notre loi de cet ANI, puisque c’est le nom donné aux accords de Wagram.(Accords nationaux interprofessionnels.)</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Nous sommes en guerre. Les armées ennemies sont des lois qui nous dépouillent. Que faisons-nous ? Regardons-nous les pauvres du haut du balcon en disant : « Ils l’ont mérité ? ». Attendons-nous de les rejoindre en disant « Ca n’arrivera pas » ?</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Ou entrons-nous en résistance ?</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Cette question que vous vous étiez sans doute posée à propos de la dernière guerre, la voici dans votre jardin. Impossible de vous défiler. Il faut agir ou trahir.</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Trahir notre Histoire, trahir tous les progrès du 20 ème siècle, trahir nos enfants pour le bénéfice d’une bande d’allumés pour qui le mot Humanité n’a plus aucun sens !</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Nous sommes devant l’Histoire. L’Histoire des Braves en lutte contre les Fous.</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Que dira-t-on de nous ?</span></span></span></span></p> <p class="rtejustify"><span style="font-size:11px;"><span><span><span>Je joins une pétition à signer contre l’ANI. De multiples actions sont en cours que je vous présenterai. A 15 h à l’Assemblée Nationale (visible sur LCP) Gaby Charroux posera une question au sujet de l’ANI au ministre du travail. Il sera intéressant d’écouter la réponse ! <a class="spip_out" href="http://blogs.mediapart.fr/blog/fondation-copernic/190213/un-ani-qui-nous-veut-du-mal" rel="external">http://blogs.mediapart.fr/blog/fondation-copernic/190213/un-...</a></span></span></span></span></p> </div> </div> </div> <div class="url-article rtejustify"> <span style="font-size:11px;"><span><span><span>URL de cet article:<br /><a href="http://www.legrandsoir.info/adieu-ma-grece-exil-du-chaos.html" itemprop="url">http://www.legrandsoir.info/adieu-ma-grece-exil-du-chaos.html</a></span></span></span></span></div> </div> </div> </div> <p> <span style="font-size:11px;"><span><a href="http://www.legrandsoir.info/40-questions-a-poser-a-yoani-sanchez-lors-de-sa-tournee-mondiale.html"><img alt="" border="0" height="1" src="http://www.legrandsoir.info/squelettes/images/img_1pixel.gif" width="1" /></a></span></span></p></div> </div> <p> </p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=1737&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="Dyx-6H2TMvb22k4cLSMOTt4fnynhI3nMnAyDLZd6234"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="175" id="comment-2874" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1422811740"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/2874#comment-2874" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-22" lang="" about="/user/admin-22" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Σόλων</a> le dim, 2015-02-01 18:29</span> </div> <h3><a href="/comment/2874#comment-2874" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens Allemands</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="rtejustify"><strong>Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre de la Grèce, a envoyé ce <a href="http://syriza.net.gr/index.php/en/pressroom/253-open-letter-to-the-german-readers-that-which-you-were-never-told-about-greece" target="_blank">courrier</a> au journal Allemand Handelsblatt:</strong></p> <p class="rtejustify"><img border="0" src="http://www.24hgold.com/24hpmdata/articles/img/20150130ELS100.jpg" width="238" /></p> <p class="rtejustify">«  Chers lecteurs de Handelsblatt,</p> <p class="rtejustify"><a name="result_box" target="_blank" id="result_box"></a>Je sais d’avance que la plupart d’entre vous ont probablement une opinion déjà formée sur le contenu de cette lettre. Je vous invite, cependant, à la lire sans préjugés. Les préjugés n’ont jamais été un bon conseiller, et encore moins à un moment où la crise économique les renforce, en entretenant l’intolérance, le nationalisme, l’obscurantisme, et même la violence.</p> <p class="rtejustify"><a name="result_box1" target="_blank" id="result_box1"></a>Avec cette lettre ouverte, je souhaite vous exposer un récit différent de celui qui vous a été fait au sujet de la Grèce depuis 2010. Et je tiens aussi et surtout à exposer avec franchise les projets et les objectifs de SYRIZA, si le 26 Janvier par le choix des électeurs devient le nouveau gouvernement grec.</p> <p class="rtejustify"><a name="result_box2" target="_blank" id="result_box2"></a><a name="result_box3" target="_blank" id="result_box3"></a><i>En 2010, l’État grec a cessé d’être en mesure de servir sa dette. Malheureusement, les dirigeants européens ont décidé de faire croire que ce problème pourrait être surmonté par l’octroi du plus grand prêt jamais consenti à un état, sous condition que certaines mesures budgétaires seraient appliquées, alors que celles ci, manifestement, ne pouvaient que diminuer le revenu national destiné au remboursement des nouveaux et anciens prêts. Un problème de faillite a été donc traité comme s’ il s’ agissait d’un problème de liquidité. En d’autres termes, l’attitude adoptée, était celle du mauvais banquier qui, au lieu d’admettre que le prêt accordé à la société en faillite a « sauté », il lui accorde des prêts supplémentaires, prétextant que les anciennes dettes restent servies et prolonge ainsi la faillite à perpétuité. </i></p> <p class="rtejustify">Il s’agissait pourtant d’ une question de bon sens de voir que l’application de la doctrine «extend and pretend» [étendre les maturités de la dette et prétendre que payer les intérêts ne pose aucun problème] dans le cas de mon pays aboutirait à une tragédie. <i>Qu’au lieu de stabiliser la Grèce, l’application de ce dogme installerait une crise auto-alimentée qui sape les fondations de l’UE</i>.</p> <p class="rtejustify">Notre parti, et moi-même, nous nous sommes opposés à l’accord de prêt de mai 2010, non pas parce que l’Allemagne et nos autres partenaires ne nous ont pas donné assez d’argent, mais parce que vous nous avez donné beaucoup plus d’argent que ce qu’il fallait et que nous pouvions accepter. De l’argent qui par ailleurs ne pouvait ni aider le peuple grec puisqu’il disparaissait aussitôt dans le trou noir du service de la dette ni arrêter l’alourdissement continu de celle-ci, obligeant de la sorte nos partenaires prolonger ce fardeau à perpétuité aux frais des citoyens.</p> <p class="rtejustify">Et cette vérité était bien connue par les gouvernants allemands, mais ils n’ont jamais voulu vous la dévoiler.</p> <p class="rtejustify"><a name="result_box4" target="_blank" id="result_box4"></a>Et en effet, et avant même que la première année ne se soit écoulée et depuis 2011, nos prévisions ont été vérifiées. <i>L’enchaînement des nouveaux prêts aux réductions drastiques des dépenses a non seulement échoué à dompter la dette, mais il a par surcroît puni les citoyens les plus faibles, en transformant les citoyens ordinaires qui avaient un emploi et un toit à des chômeurs sans-abri qui ont tout perdu, de plus, leur dignité.</i></p> <p class="rtejustify"><a name="result_box5" target="_blank" id="result_box5"></a>L’effondrement des revenus a conduit à la faillite de milliers d’entreprises, augmentant ainsi le pouvoir oligopolistique des entreprises qui ont survécu. De ce fait, les prix diminuaient moins que les revenus tandis que les dettes, publiques et privées, ne cessaient de s’alourdir. Dans ce contexte, où le déficit d’espoir a dépassé tous les autres déficits «l’œuf du serpent » n’a pas mis longtemps pour éclore – et les néo-nazis ont commencé à patrouiller les quartiers en semant la haine.</p> <p class="rtejustify"><a name="result_box6" target="_blank" id="result_box6"></a>Malgré son échec manifeste, la logique de «extend and pretend» continue à s’appliquer systématiquement encore aujourd’hui. Le deuxième accord de prêt de 2012, a ajouté une charge supplémentaire sur les épaules affaiblies de l’état grec, en réduisant les fonds de pension, en donnant un nouvel élan à la récession, en finançant aussi une nouvelle kleptocratie avec l’argent de nos partenaires.</p> <p class="rtejustify">Des commentateurs sérieux ont parlé récemment de stabilité et même de croissance à propos de mon pays pour « prouver » que les politiques appliquées ont été efficaces. Aucune analyse sérieuse ne soutient cette «réalité» virtuelle. L’ augmentation récente de 0,7% du revenu national réel ne marque pas la fin de la récession mais sa poursuite, puisqu’elle a été réalisée dans une période d’inflation de 1,8%, ce qui signifie que (en euros) le revenu national a continué de baisser. Simplement, il diminue moins que la moyenne des prix – tandis que les dettes augmentent.</p> <p class="rtejustify"><a name="result_box7" target="_blank" id="result_box7"></a>Cet effort de mobilisation des «statistiques grecques», pour démontrer que l’application de la politique de la troïka est efficace en Grèce, est outrageant pour tous les européens qui ont enfin le droit de connaître la vérité.</p> <p class="rtejustify"><a name="result_box8" target="_blank" id="result_box8"></a>Et la vérité est que la dette publique grecque ne peut pas  être honorée tant que l’économie sociale grecque se trouve en situation de simulation de noyade budgétaire (fiscal waterboarding) .</p> <p class="rtejustify">En outre, persévérer dans ces politiques misanthropes et sans issue, dans le refus de reconnaître une simple question d’arithmétique, coûte au contribuable allemand et condamne en même temps un peuple fier à l’indignité. Et le pire: de cet fait, les Grecs se retournent contre les Allemands, les Allemands contre les Grecs, et l’idée d’une Europe Unie Démocratique est offensée cruellement.</p> <p class="rtejustify">L’Allemagne, et plus particulièrement le contribuable allemand qui travaille dur n’a rien à craindre d’un gouvernement SYRIZA. Au contraire. Notre objectif n’est pas d’entrer en conflit avec nos partenaires. Notre objectif n’est pas d’obtenir des prêts supplémentaires ou un blanc-seing pour de nouveaux déficits. Notre objectif est la stabilité économique, des budgets primaires équilibrés et, bien sûr, la cessation des saignées fiscales opérées sur les contribuables depuis quatre ans par un accord de prêt inadéquat aussi bien pour la Grèce que pour l’Allemagne. Nous exigerons la fin de l’application du dogme «extend and pretend» non pas contre le peuple allemand, mais pour le bénéfice de nous tous.</p> <p class="rtejustify"><a name="result_box9" target="_blank" id="result_box9"></a>Je sais, chers lecteurs, que derrière les demandes d’une «stricte application des accords» se cache la peur que « si nous laissons les Grecs de faire ce qu’ils veulent, ils vont refaire le même coup». Je comprends cette inquiétude. Mais ce n’était pas SYRIZA qui a érigé en institutions dans mon pays la collusion des intérêts privés et la kleptocratie qui feignent de se soucier de l’observation «des accords» et des réformes puisque celles ci ne les affectent pas, comme le démontrent les quatre dernières années des réformes engagées par le gouvernement Samaras sous la direction de la troïka. Nous, nous sommes prêts à entrer en conflit avec ce système afin de promouvoir des réformes radicales au niveau du fonctionnement de l’état, en établissant la transparence de l’administration publique, la méritocratie, la justice fiscale, la lutte contre le blanchissement d’argent. Ce sont ces réformes que nous soumettons à l’appréciation des nos citoyens aux prochaines élections.</p> <p class="rtejustify"><a name="result_box10" target="_blank" id="result_box10"></a>Notre objectif est la mise en place d’ un New Deal pour l’ensemble de la zone euro qui permettra aux grecs comme à l’ensemble des peuples européens de respirer, de créer, de vivre avec dignité. Avec une dette publique socialement viable. Avec une croissance qui est stimulée par des investissements publics financés – seul moyen de sortir de la crise – et non pas par la recette échouée de l’austérité qui ne fait que recycler la récession. En renforçant la cohésion sociale, la Solidarité et la Démocratie.</p> <p class="rtejustify">Le 25 Janvier en Grèce, une nouvelle opportunité surgit pour l’Europe. Ne ratons pas cette chance ».</p> <p class="rtejustify"><strong>(Traduction:Vassiliki Papadaki)</strong></p> <p class="rtejustify"><strong>Les mots mis en italique l’ont été par moi.</strong></p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=2874&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="8oHxmn5-nxGK6efWLQVAyaDbkQCWgxQ4v6eqJ5l3MqY"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="1" id="comment-2948" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1428270000"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/2948#comment-2948" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a> le dim, 2015-04-05 23:40</span> </div> <h3><a href="/comment/2948#comment-2948" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">La Grèce se prépare à nationaliser son système bancaire...</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><nav class="nav-container group" id="nav-header"><p class="rtejustify"><strong><span><span itemprop="name">'La Grèce se prépare à nationaliser son système bancaire et à introduire une monnaie parallèle'</span></span></strong></p> </nav><p class="post-byline rtejustify"><span>par <span itemprop="author">Audrey Duperron</span> · <span itemprop="datePublished">04 avr. 2015</span></span></p> <p class="rtejustify"><span class="dropcap">L</span>a Grèce se prépare à nationaliser son système bancaire et à introduire une monnaie parallèle, pour rester en mesure de payer ses dettes. Selon des sources au sein du parti au pouvoir SYRIZA, le gouvernement est décidé à maintenir les services publics opérationnels et à payer les pensions, plutôt que de rembourser un prêt de 458 millions d'euros qui devait être payé au FMI le 9 Avril. (Le 8 Avril, le Premier ministre Tsipras rencontre le président russe, Vladimir Poutine, à Moscou). Le pays ne dispose pas assez d'argent dans ses caisses pour payer cette échéance, et assurer en même temps le paiement des salaires et des prestations sociales dus le 14 avril, et sans aide de l’Europe, il ne pourra donc pas remplir ses obligations.</p> <p class="rtejustify"><a href="http://www.express.be/business/fr/economy/la-grece-se-prepare-a-nationaliser-son-systme-bancaire-et-introduire-une-monnaie-parallle/212524.htm">Lire la suite sur Express.be</a></p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=2948&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="RuhbIlIYuyDzZgMZaVIkPrMNlcGI0AFsAd5WLOHb4zg"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="1" id="comment-3025" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1435527480"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/3025#comment-3025" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a> le dim, 2015-06-28 23:38</span> </div> <h3><a href="/comment/3025#comment-3025" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Promesse d&#039;un référendum en Grèce</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>Lire : <a href="http://politproductions.com/content/r%C3%A9f%C3%A9rendum-en-gr%C3%A8ce-le-respect-dune-promesse#comment-3024">http://politproductions.com/content/r%C3%A9f%C3%A9rendum-en-gr%C3%A8ce-…</a></p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=3025&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="nyDv3xBF60t2SbsxgVhsGS14rAZygb_dkVFG3oVggak"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="1" id="comment-3031" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1436994540"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/3031#comment-3031" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a> le mer, 2015-07-15 23:09</span> </div> <h3><a href="/comment/3031#comment-3031" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Grèce: la version intégrale de l&#039;accord annoté par Y. Varoufakis</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p><span style="font-size:18px;"><strong><span>Grèce : la version intégrale de l'accord annoté par Yanis Varoufakis</span></strong></span></p> <p>Le HuffPost <span class="name fn">  |  Par <a href="http://www.huffingtonpost.fr/jeanbaptiste-duval/" rel="author"> Jean-Baptiste Duval</a></span></p> <p><span style="font-size:11px;"><span><span><span class="posted">Publication: </span></span><span class="posted"><span>15/07/2015 21h56 </span></span><span><span class="updated">- Mis à jour: </span></span><span class="updated"><span>il y a 51 minutes </span></span></span></span></p> <div class="main-visual group embedded-image"> <span class="img-caption"><img alt="GRCE VAROUFAKIS" data-img-path="http://i.huffpost.com/gen/3193416/images/n-GRCE-VAROUFAKIS-Pinterest.jpg" src="http://i.huffpost.com/gen/3193416/images/n-GRCE-VAROUFAKIS-large570.jpg" /></span></div> <div class="float_right padding_left_10">  </div> <div class="content" id="mainentrycontent"> <p class="rtejustify">GRÈCE - L'ex-ministre des finances grec Yanis Varoufakis, démis de ses fonctions au lendemain du référendum du 5 juillet, ne s'est pas résigné à prendre une retraite discrète. Au contraire. Après plusieurs interventions musclées et à quelques heures du vote du Parlement sur l'accord du 13 juillet, celui-ci a publié une version intégrale du texte, avec ses remarques et annotations corrosives.</p> <p class="rtejustify">En voici ci-dessous la version intégrale traduite en français (<strong>les annotations figurent en gras</strong>):</p> <blockquote><p class="rtejustify">"Le sommet de la zone euro souligne la nécessité cruciale de rétablir la confiance avec les autorités grecques <strong>[le gouvernement grec doit instaurer une austérité encore plus rigoureuse frappant les citoyens grecs les plus vulnérables, qui ont déjà largement souffert]</strong>, condition préalable pour un éventuel futur accord sur un nouveau programme du MES <strong>[pour un report de ce prêt non viable]</strong>. À cet égard, il est essentiel que la maîtrise du processus revienne aux autorités grecques <strong>[le gouvernement Syriza doit signer une déclaration stipulant qu’il s’est soumis à la ‘logique’ de la troïka]</strong>, et les engagements pris dans ce contexte devraient être suivis d'une mise en œuvre effective.</p> <p class="rtejustify">Il est attendu d'un État membre de la zone euro demandant l'assistance financière du MES qu'il adresse, lorsque cela est possible, une demande similaire au FMI. Il s'agit d'une condition préalable pour que l'Eurogroupe approuve un nouveau programme du MES. La Grèce demandera donc que le FMI maintienne son soutien (surveillance et financement) à partir de mars 2016 <strong>[Berlin continue à croire que la Commission n’est pas digne de confiance pour faire la ‘police’ sur ses propres programmes européens de ‘sauvetage’]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Compte tenu de la nécessité de rétablir la confiance avec la Grèce, le sommet de la zone euro se félicite que la Grèce ait pris l'engagement de légiférer sans délai sur une première série de mesures <strong>[la Grèce doit s’infliger à elle-même un supplice de waterboarding fiscal, avant même qu’un quelconque financement soit proposé]</strong>. Ces mesures, prises en accord total et préalable avec les institutions, porteront sur:</p> <p class="rtejustify"><em>- Pour le 15 juillet:</em></p> <p class="rtejustify">• Une rationalisation du régime de TVA <strong>[le rendre plus régressif, par des hausses de taux qui encouragent la fraude à la TVA]</strong> et un élargissement de l'assiette fiscale afin d'accroître les recettes <strong>[porter un grand coup au seul secteur grec de croissance – le tourisme]</strong>.</p> <p class="rtejustify">• Des mesures directes pour améliorer la viabilité à long terme du système des retraites dans le cadre d'un programme global de réforme des retraites <strong>[diminuer les plus basses des petites retraites tout en faisant semblant de ne pas voir que l’épuisement des fonds des caisses de retraite est dû au PSI (ndt : accord de renégociation de la dette avec les créanciers privés) élaboré par la troïka en 2012 et aux effets de la baisse du nombre d’emplois et de la hausse du travail au noir]</strong>.</p> <p class="rtejustify">• La garantie de la pleine indépendance juridique d'ELSTAT <strong>[la troïka exige un contrôle total sur la manière dont la Grèce élabore son équilibre budgétaire, en vue de contrôler complètement l’ampleur de l’austérité qu’elle impose au gouvernement]</strong>.</p> <p class="rtejustify">• La pleine mise en œuvre des dispositions pertinentes du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire, notamment en rendant opérationnel le conseil budgétaire avant la finalisation du protocole d'accord et en introduisant des réductions quasi automatiques des dépenses en cas de dérapages par rapport à des objectifs ambitieux d'excédents primaires, après avoir sollicité l'avis du conseil budgétaire et sous réserve de l'accord préalable des institutions <strong>[le gouvernement grec, qui sait que les objectifs fiscaux imposés ne seront jamais atteints avec l’austérité imposée, doit s’engager dans une austérité plus forte et systématique du fait des dernières erreurs de la troïka]</strong>.</p> <p class="rtejustify"><em>- Pour le 22 juillet:</em></p> <p class="rtejustify">• L'adoption du code de procédure civile, qui représente une refonte en profondeur des procédures et modalités propres au système de justice civile et peut accélérer considérablement les procédures judiciaires et réduire les coûts dans ce domaine <strong>[les saisies, les expulsions et la liquidation de milliers d’habitations et d’entreprises qui ne sont pas en mesure de rembourser leurs emprunts]</strong>.</p> <p class="rtejustify">• La transposition de la directive relative au redressement des banques et à la résolution de leurs défaillances, avec le soutien de la Commission européenne. Ce n'est qu'après –et immédiatement après– que les quatre premières mesures susmentionnées auront fait l'objet d'une mise en œuvre au plan juridique et que le Parlement grec aura approuvé tous les engagements figurant dans le présent document, avec vérification par les institutions et l'Eurogroupe, qu'une décision pourra être prise donnant mandat aux institutions de négocier un protocole d'accord <strong>[le gouvernement Syriza doit être humilié, au point qu’il lui est demandé de s’imposer à lui-même une austérité rigoureuse, en prélude à une nouvelle demande de prêt toxique de sauvetage, ce type même de prêt dont le rejet a fait la célébrité internationale de Syriza]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Cette décision serait prise sous réserve de l'achèvement des procédures nationales et à condition que les conditions préalables prévues à l'article 13 du traité instituant le MES soient réunies, sur la base de l'évaluation visée à l'article 13, paragraphe 1. Afin de pouvoir servir de base à la conclusion positive du protocole d'accord, les mesures de réforme présentées par la Grèce doivent être sérieusement renforcées compte tenu de la profonde dégradation de la situation économique et budgétaire du pays au cours de l'année dernière <strong>[le gouvernement Syriza doit acquiescer au mensonge que c’est lui, et non les tactiques d’asphyxie des créanciers, qui a provoqué la forte détérioration de la situation économique au cours des six derniers mois – on demande à la victime de prendre sur elle la faute qui incombe au méchant]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Le gouvernement grec doit s'engager formellement à renforcer ses propositions <strong>[de les rendre plus régressives et plus inhumaines]</strong> dans un certain nombre de domaines recensés par les institutions, en les accompagnant d'un calendrier suffisamment précis pour ce qui est de la législation et de la mise en œuvre, y compris des critères de référence structurels, des échéances et des critères de référence quantitatifs, afin de donner une idée claire de l'orientation des politiques à moyen terme. Il doit notamment, en accord avec les institutions:</p> <p class="rtejustify">• Mener d'ambitieuses réformes <strong>[coupes]</strong> des retraites et définir des politiques visant à compenser pleinement l'incidence budgétaire de l'arrêt de la cour constitutionnelle relatif à la réforme des pensions de 2012 <strong>[annuler la décision de la Cour favorable aux retraités]</strong> et mettre en œuvre la clause de déficit zéro <strong>[réduire de 85% les compléments de retraite que le gouvernement Syriza avait défendus bec et ongle au cours des cinq derniers mois]</strong> ou des mesures alternatives mutuellement acceptables <strong>[trouver des victimes ‘équivalentes’]</strong> d'ici octobre 2015;</p> <p class="rtejustify">• Adopter des réformes plus ambitieuses du marché des produits assorties d'un calendrier précis de mise en œuvre de toutes les recommandations du volume I du manuel de l'OCDE pour l'évaluation de la concurrence <strong>[les recommandations auxquelles l’OCDE a désormais renoncé après avoir redéfini ces réformes en coopération avec le gouvernement Syriza]</strong>, y compris dans les domaines suivants: ouverture des magasins le dimanche, périodes de soldes, propriété des pharmacies, lait et boulangeries, à l'exception des produits pharmaceutiques vendus sans ordonnance qui feront l'objet d'une mise en œuvre à un stade ultérieur, ainsi qu'en ce qui concerne l'ouverture de professions fermées essentielles au niveau macro-économique (par exemple, les transports par ferry). En ce qui concerne le suivi du volume II du manuel de l'OCDE, l'industrie manufacturière doit être comprise dans les actions préalables;</p> <p class="rtejustify">• En ce qui concerne les marchés de l'énergie, procéder à la privatisation de l'opérateur du réseau de distribution d'électricité (ADMIE), à moins que l'on puisse trouver des mesures de remplacement ayant un effet équivalent sur la concurrence, comme convenu par les institutions <strong>[ADMIE sera liquidé au profit d’intérêts particuliers étrangers sous commandement des institutions]</strong>;</p> <p class="rtejustify">• En ce qui concerne le marché du travail, entreprendre un réexamen rigoureux et une modernisation des négociations collectives <strong>[s’assurer qu’aucune négociation collective n’est possible]</strong>, de l'action syndicale <strong>[qui doit être interdite]</strong> et, conformément à la directive pertinente de l'UE et aux bonnes pratiques, des procédures de licenciement collectif <strong>[qui doivent être soumises aux caprices des employeurs]</strong>, selon le calendrier et l'approche convenus avec les institutions <strong>[c’est la troïka qui décide]</strong>. Sur la base de ces réexamens, les politiques du marché du travail devraient être alignées sur les meilleures pratiques internationales et européennes, sans que cela se traduise par un retour aux politiques antérieures qui ne sont pas compatibles avec les objectifs de croissance durable et inclusive <strong>[il ne doit exister aucun mécanisme permettant aux salariés d’obtenir de meilleures conditions des employeurs]</strong>;</p> <p class="rtejustify">• Adopter les mesures nécessaires pour renforcer le secteur financier, y compris des mesures radicales concernant les prêts non performants <strong>[un tsunami de saisies s’annonce]</strong> et des mesures visant à renforcer la gouvernance du Fonds hellénique de stabilité financière (HFSF) et des banques <strong>[les Grecs qui gèrent le HFSF et les banques n’auront exactement aucun pouvoir de contrôle sur le HFSF et les banques]</strong>, en particulier en éliminant toute possibilité d'interférence politique, notamment dans les processus de nomination <strong>[sauf l’interférence politique de la troïka]</strong>. Par ailleurs, les autorités grecques prendront les mesures suivantes:</p> <p class="rtejustify">• Élaborer un programme de privatisation nettement plus étoffé avec une meilleure gouvernance; des actifs grecs de valeur seront transférés dans un fonds indépendant qui monétisera les actifs par des privatisations et d'autres moyens <strong>[une structure similaire au Treuhand pour l’Allemagne de l’est est envisagée pour liquider tous les biens publics, mais sans l’équivalent des lourds investissements que l’Allemagne de l’Ouest avait déversés à l’est pour compenser le désastre du Treuhand]</strong>. La monétisation des actifs constituera une source permettant le remboursement programmé du nouveau prêt du MES et générera sur la durée du nouveau prêt un montant total fixé à 50 milliards d'euros, dont 25 milliards d'euros serviront au remboursement de la recapitalisation des banques et d'autres actifs, et 50% de chaque euro restant (c'est-à-dire 50% de 25 milliards d'euros) serviront à diminuer le ratio d'endettement, les autres 50% étant utilisés pour des investissements <strong>[les biens publics seront liquidés et les maigres sommes ainsi obtenues seront destinées au service d’une dette insoutenable – sans qu’il reste rien pour des investissements publics ou privés]</strong>. Ce fonds serait mis en place en Grèce et géré par les autorités grecques sous la supervision des institutions européennes concernées <strong>[il sera officiellement en Grèce mais, comme le HFSF ou la Banque de Grèce, il sera intégralement contrôlé par les créanciers]</strong>. En accord avec les institutions, et sur la base des bonnes pratiques internationales, un cadre législatif devrait être adopté pour garantir des procédures transparentes et une valorisation adéquate des ventes d'actifs, conformément aux principes et aux normes de l'OCDE sur la gestion des entreprises publiques <strong>[la troïka fera ce qu’elle voudra]</strong>.</p> <p class="rtejustify">• Conformément aux ambitions du gouvernement grec, moderniser et considérablement renforcer l'administration publique grecque, et mettre en place, sous l'égide de la Commission européenne, un programme de renforcement des capacités et de dépolitisation de l'administration publique grecque <strong>[faire de la Grèce une zone sans démocratie sur le modèle de Bruxelles, une forme de gouvernement soi-disant technocratique, politiquement toxique et macro-économiquement inepte]</strong>. Une première proposition devrait être présentée d'ici le 20 juillet après discussion avec les institutions. Le gouvernement grec s'engage à réduire encore les coûts de l'administration publique grecque <strong>[diminuer les bas salaires tout en augmentant légèrement les salaires des quelques apparatchiks proches de la troïka]</strong>, conformément à un calendrier convenu avec les institutions;</p> <p class="rtejustify">• Normaliser complètement les méthodes de travail avec les institutions, y compris le travail nécessaire sur le terrain à Athènes, pour améliorer la mise en œuvre et le suivi du programme <strong>[la troïka contre-attaque et exige que le gouvernement grec l’invite à revenir à Athènes en vainqueur – la paix carthaginoise dans toute sa splendeur]</strong>. Le gouvernement doit consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement <strong>[le parlement grec doit à nouveau, après cinq mois d’une indépendance éphémère, se faire l’annexe de la troïka – faire passer mécaniquement des lois traduites]</strong>. Le sommet de la zone euro souligne une nouvelle fois que la mise en œuvre est capitale et, dans ce contexte, se félicite que les autorités grecques aient l'intention de demander d'ici le 20 juillet le soutien des institutions et des États membres en vue d'une assistance technique, et demande à la Commission européenne de coordonner ce soutien de l'Europe;</p> <p class="rtejustify">• À l'exception de la loi sur la crise humanitaire, le gouvernement grec procédera à un réexamen en vue de modifier les dispositions législatives adoptées qui sont contraires à l'accord du 20 février puisqu'elles constituent un retour en arrière par rapport aux engagements pris au titre du programme précédent ou il définira des mesures compensatoires clairement équivalentes pour les droits acquis qui ont été créés par la suite <strong>[en plus de promettre qu’il ne légiférera plus de manière autonome, le gouvernement grec annulera rétrospectivement toutes les lois qu’il a fait voter durant ces cinq derniers mois]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Les engagements énumérés plus haut correspondent au minimum exigé pour entamer les négociations avec les autorités grecques. Toutefois, le sommet de la zone euro a clairement indiqué que le fait de commencer des négociations n'exclut pas la possibilité d'un accord final sur un nouveau programme du MES, qui devra reposer sur une décision relative à l'ensemble du paquet (y compris les besoins de financement, le caractère soutenable de la dette et un financement-relais éventuel) <strong>[flagellez-vous, imposez plus d’austérité à une économie déjà écrasée par l’austérité, et nous verrons ensuite si l’Eurogroupe vous marquera encore au fer avec de nouveaux prêts toxiques et non viables]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Le sommet de la zone euro prend acte de ce que les besoins de financement du programme pourraient se situer entre 82 et 86 milliards d'euros, selon les estimations des institutions <strong>[l’Eurogroupe a sorti du chapeau un montant exhorbitant, bien supérieur à ce qui est réellement nécessaire, pour souligner qu’une restructuration de la dette est hors de question et que le but du jeu est en fait la servitude infinie de la dette]</strong>. Il invite ces dernières à étudier les possibilités de réduire l'enveloppe de financement, en suivant une autre trajectoire budgétaire ou grâce à des recettes plus élevées tirées des privatisations <strong>[et d’ailleurs, il est bien possible que les cochons puissent voler]</strong>. Rétablir l'accès au marché, ce qui est un des objectifs de tout programme d'assistance financière, diminue la nécessité de puiser dans l'enveloppe de financement totale <strong>[ce que les créanciers feront tout pour éviter, par exemple en s’assurant que la Grèce n’accédera au programme d’assouplissement quantitative de la BCE qu’en 2018, une fois que l’assouplissement quantitatif sera… terminé]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Le sommet de la zone euro prend note des besoins de financement urgents de la Grèce qui rendent d'autant plus nécessaire de progresser rapidement pour prendre une décision sur un nouveau protocole d'accord: d'après les estimations, ces besoins s'élèveraient à 7 milliards d'euros d'ici le 20 juillet, et à 5 milliards d'euros supplémentaires d'ici la mi-août <strong>[encore une nouvelle version de report de prêts non viables]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Le sommet de la zone euro est conscient qu'il importe de veiller à ce que l'État grec souverain puisse régler ses arriérés vis-à-vis du FMI et de la Banque de Grèce et honorer ses titres de créances dans les semaines qui viennent afin de créer les conditions qui permettront de mener à bonne fin les négociations. Le risque de ne pas pouvoir conclure rapidement les négociations demeure entier pour la Grèce <strong>[on exige encore une fois de la victime qu’elle prenne sur elle la faute qui incombe au méchant]</strong>. Le sommet de la zone euro invite l'Eurogroupe à discuter d'urgence de ces questions.</p> <p class="rtejustify">Compte tenu de l'acuité des problèmes rencontrés par le secteur financier grec, l'enveloppe totale d'un nouveau programme éventuel du MES devrait inclure la constitution d'un fonds de réserve de 10 à 25 milliards d'euros pour le secteur bancaire afin de pouvoir faire face aux éventuels besoins de recapitalisation des banques et aux éventuels coûts de résolution, dont 10 milliards d'euros seraient immédiatement mis à disposition dans un compte ségrégué au MES <strong>[la troïka reconnaît que la recapitalisation des banques en 2013-2014, qui ne nécessitait tout au plus que 10 milliards, était insuffisante – mais, bien entendu, rejette la faute sur… le gouvernement Syriza]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Le sommet de la zone euro est conscient qu'une décision doit être prise rapidement sur un nouveau programme pour que les banques puissent rouvrir, ce qui permettrait d'éviter une augmentation de l'enveloppe de financement totale <strong>[la troïka a fermé les banques grecques pour forcer le gouvernement Syriza à capituler et réclame maintenant leur réouverture]</strong>. La BCE/le MSU procédera à une évaluation complète après l'été. La réserve globale permettra de combler les éventuelles insuffisances de fonds propres suivant l'évaluation complète après que le cadre juridique aura été appliqué.</p> <p class="rtejustify">De sérieux doutes planent sur le caractère soutenable de la dette grecque <strong>[NB: sérieusement? Ça alors!]</strong>. Cela est dû au relâchement des politiques au cours des douze derniers mois, qui a entraîné la dégradation récente de l'environnement macroéconomique et financier du pays <strong>[Ce n’est donc pas le report des prêts de ‘sauvetage’ non viables en 2010 et 2012 qui, conjugué avec une austérité destructrice de PIB, a entraîné la dette sur des hauteurs aussi élevées – c’est la perspective, devenue réalité, d’un gouvernement qui critiquait ces reports de prêts de ‘sauvetage’ non viables qui a… provoqué la non viabilité de la dette]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Le sommet de la zone euro rappelle que les États membres de la zone euro ont, tout au long de ces dernières années, adopté une série impressionnante de mesures pour soutenir la viabilité de la dette de la Grèce, qui ont allégé le service de la dette de la Grèce et sensiblement réduit les coûts. [<strong>les premiers et seconds plans de ‘sauvetage’ ont échoué, la dette explose comme ça devait être le cas puisque le but réel de ces plans de ‘sauvetage’ était de transférer les pertes des banques vers les contribuables européens</strong>]. En conséquence, dans le cadre d'un éventuel programme futur du MES, et conformément à l'esprit de la déclaration de l'Eurogroupe de novembre 2012 <strong>[une promesse de restructuration de la dette au précédent gouvernement grec n’a jamais été tenue par les créanciers]</strong>, l'Eurogroupe est prêt à envisager, si nécessaire, d'éventuelles mesures supplémentaires (un allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de remboursement) afin de faire en sorte que les besoins bruts de financement demeurent à un niveau soutenable. Ces mesures seront subordonnées à la mise en œuvre intégrale des mesures à convenir dans le cadre d'un nouveau programme éventuel et seront envisagées après le premier réexamen qui aura abouti à un résultat concluant <strong>[encore une fois, la troïka laissera le gouvernement grec s’échiner sous le poids d’une dette impossible à rembourser et lorsque, au final, le programme se révélera être un échec, la pauvreté s’amplifiera et les revenus s’effondreront encore plus, alors nous envisagerons peut-être une réduction de la dette – exactement ce qu’a promis la troïka en 2012]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Le sommet de la zone euro souligne que l'on ne peut pas opérer de décote nominale sur la dette <strong>[NB: le gouvernement Syriza a suggéré, depuis janvier, une restructuration de la dette, sans réduction, qui maximisait la valeur nette actuelle des remboursements de la Grèce à ses créanciers – proposition rejetée par la troïka car son objectif était tout simplement d’humilier Syriza]</strong>. Les autorités grecques réaffirment leur attachement sans équivoque au respect de leurs obligations financières vis-à-vis de l'ensemble de leurs créanciers, intégralement et en temps voulu <strong>[NB: ce qui ne peut arriver qu’après une substantielle restructuration de la dette]</strong>.</p> <p class="rtejustify">Pour autant que toutes les conditions nécessaires figurant dans le présent document soient remplies, l'Eurogroupe et le conseil des gouverneurs du MES peuvent, conformément à l'article 13, paragraphe 2, du traité instituant le MES, charger les institutions de négocier un nouveau programme du MES, si les conditions préalables énoncées à l'article 13 du traité instituant le MES sont réunies sur la base de l'évaluation visée à l'article 13, paragraphe 1. Pour contribuer à soutenir la croissance et la création d'emplois en Grèce (au cours des trois à cinq prochaines années) <strong>[NB :après avoir déjà détruit la croissance et les emplois au cours des cinq dernières années…]</strong>, la Commission travaillera étroitement avec les autorités grecques pour mobiliser jusqu'à 35 milliards d'euros (dans le cadre de différents programmes de l'UE) en vue de financer des investissements et l'activité économique, y compris au niveau des PME <strong>[utilisera le même volume de fonds structurels, plus quelques fonds imaginaires, comme ce qui était déjà disponible entre 2010 et 2014]</strong>. À titre de mesure exceptionnelle et compte tenu de la situation exceptionnelle dans laquelle se trouve la Grèce, la Commission fera une proposition visant à augmenter le niveau de préfinancement d'un milliard d'euros afin de donner une impulsion immédiate aux investissements, dont se chargeront les colégislateurs de l'UE <strong>[sur les 35 milliards annoncés, vous pouvez considérer qu’1 milliard existe réellement]</strong>. Le plan d'investissement pour l'Europe offrira également des possibilités de financement pour la Grèce <strong>[la plupart des ministres des finances de l’eurozone parlent de ce plan comme d’un programme fantôme]</strong>".</p> </blockquote> </div> <p> </p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=3031&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="V7nrz7Q-5dlQGz0GuIS7h-GApD4AlO8v1f3NHWvpKV0"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> </section> Wed, 08 Jun 2011 16:22:13 +0000 politpro 865 at http://politproductions.com Quand le tyran est élu (Platon) http://politproductions.com/quand-le-tyran-est-elu-platon <span>Quand le tyran est élu (Platon)</span> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p><img alt="Affiche électorale pro-hitlerienne. Source : German propaganda archive of Calvin College" src="/sites/default/files/img-platon-le_tyran_est_toujours_elu-propagande_hitler1.png" data-entity-type="file" data-entity-uuid="5b3f434b-03cd-4051-87fb-c981a9186052" /></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 10pt;">Affiche sinistre dont la légende est : (en haut) « Un homme contre les partis cadavériques et les intérêts particuliers » et (en bas) « Donnez votre voix à l’homme de la force – Hitler ». Affiche qui nous rappelle cependant l’histoire des votes en faveur de Hitler lors du premier tour des élections présidentielles de mars 1932 (plus de 18 millions pour Hindenburg, plus de 11 millions pour Hitler). On connaît la suite. Au second tour le vieux chef d’État l’emportera avec plus de 19 millions des suffrages contre plus de 13 millions pour Hitler. Puis ce sera la victoire du NSDAP aux élections au Reichstag le 5 mars 33 avec 17 millions de voix, la nomination en tant que chancelier, l’intérim de la présidence après le décès de Hindenburg, la fusion des fonctions de chancelier et de président et le 19 août 34 le plébiscite de Hitler en tant que Reichsführer et président du Reich par 90 % des suffrages. Une autre affiche de la même période dit : « Notre dernier espoir : Hitler ».</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: right; font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 10pt;"><img alt="Affiche électorale pro-hitlerienne. Source : Encylopédie B&amp;S Editions" src="/sites/default/files/img-platon-le_tyran_est_toujours_elu-propagande_hitler2.jpg" data-entity-type="file" data-entity-uuid="47fe8b1d-36e8-4481-aec2-dd9de759c914" /></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; font-family: Times New Roman;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center; font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt;">*</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; font-family: Times New Roman;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>En ces temps où croît en France l’influence grandissante d’un parti d’extrême droite, en ces jours d’élections cantonales où cette influence se traduit de nouveau dans les urnes de façon inquiétante, à l’heure où un parti de droite dit républicain non seulement ne résiste pas mais travaille à cette recrudescence, il est bon de relire le texte célèbre de <em>La République</em> où Platon montre comment la démocratie peut engendrer la tyrannie, comment le tyran peut germer sur la démocratie devenue un fumier propice à sa naissance et à sa croissance, bref comment un peuple peut élire un tyran. </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>Le machisme, l’esclavagisme et la xénophobie de Platon, à vrai dire des Grecs en général, — qui ressortent de <em>République </em>VIII et que l’on peut à bon droit critiquer nonobstant la relativité historique — n’annulent pas l’intérêt du passage. Il réside dans l’analyse des ferments de la génération du tyran : non seulement la passion de la richesse mais la licence de citoyens qui n’ont plus cure ni de la loi commune ni du Bien public et qui finissent par désirer un « homme fort », comme l’on dit, pour les mettre d’accord, tant leurs dissensions leur sont devenues insupportables. Au fond Tocqueville ne dira pas autre chose quand, annonçant le despotisme doux des États démocratiques modernes, il en situera le ressort dans la dépolitisation (<em>dé-polis-tisation</em>) individualiste du citoyen.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>Allons plus loin : le machisme, l’esclavagisme et la xénophobie sont si peu des objections contre la pertinence de l’analyse critique de Platon qu’ils sont bien plutôt —  même si Platon ne les considère pas ainsi puisqu’en quelque sorte il les revendique — le terreau nécessaire, la fumure idéologique qui fait la fertilité de la tyrannie. Une société démocratique soumise à l’oligarchie ploutocratique sombre dans le règne de la terreur quand elle ne parvient pas à se saisir ou se ressaisir dans son principe d’égalité, de liberté et d’amitié ou de fraternité, ni ne réussit — et c’est le propos de Politproductions — à libérer la production de la division du travail (d’abord entre les sexes, puis entre le manuel et l’intellectuel, le citoyen libre et l’esclave, le banausos, le démiurge, etc.).</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>Entendez-les de nouveau sourdre ces discriminations, ces déjections que l’on croyait à jamais usées par l’Histoire, anéanties par la Civilisation ! En vérité, baîllonnée, ligotée, la bête immonde rongeait son frein. Mais elle se libère. Écoutez-la sortir de son trou, de murmures en apartés, </span><span>de prétendues bourdes en protestations rentrées, </span><span>de propos de tables en saillies, d'appels à l’évidence en déclarations publiques ! </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>Dans l’extrait de <em>République</em>, VIII que nous publions ici (dans la traduction de Victor Cousin), nous avons sélectionné en gras le moment le plus significatif de l’analyse de Platon. On trouvera sur le site de <a href="http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/rep8.htm">L’antiquité grecque et latine</a> l’ensemble du Livre VIII. Il porte sur la dégénérescence du meilleur des régimes politiques, l’aristocratie selon Platon, jusqu’à la tyrannie en passant par la timocratie (le régime de l’honneur), <a href="http://politproductions.com/content/l%E2%80%99oligarchie-des-incapables-vive-la-philo" title="Article de Politproductions.com sur l'oligarchie des incapables dans selon Platon et les journalistes Sophie Coignard et Romain Gubert. ." type="text">l’oligarchie</a> et donc la démocratie, le moteur de cette décadence étant (outre la corruptibilité de tout ce qui naît) la passion de la fausse richesse.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p align="center" class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: center; line-height: 16pt;"><span>*</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Socrate </span></em><span>: Il nous reste maintenant à étudier la plus belle forme de gouvernement et le plus beau caractère, je veux dire la tyrannie et le tyran.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Glaucon </span></em><span>: Parfaitement.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S :</span></em><span> Or çà! mon cher camarade, voyons sous quels traits se présente la tyrannie, car, quant à son origine, il est presque évident qu’elle vient de la démocratie. </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est évident.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Maintenant, le passage de la démocratie à la tyrannie ne se fait-il de la même manière que celui de l’oligarchie <span style="color: red;">562b</span> à la démocratie.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>GL : Comment?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Le bien que l’on se proposait, répondis-je, et qui a donné naissance à l’oligarchie, c’était la richesse, n’est-ce pas?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>GL : Oui</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Or c’est la passion insatiable de la richesse et l’indifférence qu’elle inspire pour tout le reste qui ont perdu ce gouvernement.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est vrai, dit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Mais n’est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière?</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl</span></em></strong><strong><span> : Quel bien veux-tu dire?</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : La liberté, répondis-je. En effet, dans une cité démocratique <span style="color: red;">562c</span> tu entendras dire que c’est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl</span></em></strong><strong><span> : Oui, c’est un langage qu’on entend souvent.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Or donc – et voilà ce que j’allais dire tout à l’heure – n’est-ce pas le désir insatiable de ce bien, et l’indifférence pour tout le reste, qui change ce gouvernement et le met dans l’obligation de recourir à la tyrannie?</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl</span></em></strong><strong><span> : Comment? demanda-t-il.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Lorsqu’une cité démocratique, altérée de liberté, trouve <span style="color: red;">562d</span> dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl</span></em></strong><strong><span> : C’est assurément ce qu’elle fait, dit-il.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère ; par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air de gouvernants. N’est-il pas <span style="color: red;">562e</span> inévitable que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout?</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl</span></em></strong><strong><span> : Comment non, en effet?</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Qu’il pénètre, mon cher, dans l’intérieur des familles, et qu’à la fin l’anarchie gagne jusqu’aux animaux? </span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl</span></em></strong><strong><span> : Qu’entendons-nous par là? demanda-t-il.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce <span style="color: red;">563</span> qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque et l’étranger pareillement.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl</span></em></strong><strong><span> : Oui, il en est ainsi, dit-il.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Voilà ce qui se produit, repris-je, et aussi d’autres petits abus tels que ceux-ci. Le maître craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres et des pédagogues. En général les jeunes gens copient leurs aînés et luttent avec eux en paroles et en actions ; les vieillards, de leur côté, s’abaissent aux façons des jeunes gens et se montrent pleins d’enjouement et de bel esprit, <span style="color: red;">563b</span> imitant la jeunesse de peur de passer pour ennuyeux et despotiques.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl</span></em></strong><strong><span> : C’est tout à fait cela.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Mais, mon ami, le terme extrême de l’abondance de liberté qu’offre un pareil État est atteint lorsque les personnes des deux sexes qu’on achète comme esclaves ne sont pas moins libres que ceux qui les ont achetées. Et nous allions presque oublier de dire jusqu’où vont l’égalité et la liberté dans les rapports mutuels des hommes et des femmes.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl </span></em></strong><strong><span>: Mais pourquoi ne dirions-nous pas, observa-t-il, selon <span style="color: red;">563c</span> l’expression d’Eschyle, « ce qui tantôt nous venait à la bouche? »</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Fort bien, répondis-je, et c’est aussi ce que je fais. À quel point les animaux domestiqués par l’homme sont ici plus libres qu’ailleurs est chose qu’on ne saurait croire quand on ne l’a point vue. En vérité, selon le proverbe, les chiennes y sont bien telles que leurs maîtresses ; les chevaux et les ânes, accoutumés à marcher d’une allure libre et fière, y heurtent tous ceux qu’ils rencontrent en chemin, si ces derniers ne leur cèdent point le pas. Et il en est ainsi du reste : tout déborde de liberté. <span style="color: red;">563d</span></span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>Gl</span></em></strong><strong><span> : Tu me racontes mon propre songe, dit-il, car je ne vais presque jamais à la campagne que cela ne m’arrive.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés? Conçois-tu bien qu’ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s’indignent et se révoltent? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. <span style="color: red;">563e</span></span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><span>GL : Je ne le sais que trop, répondit-il.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><strong><em><span>S</span></em></strong><strong><span> : Eh bien ! mon ami, repris-je, c’est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie, du moins à ce que je pense.</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Juvénile, en vérité ! dit-il ; mais qu’arrive-t-il ensuite?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Le même mal, répondis-je, qui, s’étant développé dans l’oligarchie, a causé sa ruine, se développe ici avec plus d’ampleur et de force, du fait de la licence générale, et réduit la démocratie à l’esclavage ; car il est certain que tout excès provoque ordinairement une vive réaction,<span style="color: red;"> 564</span> dans les saisons, dans les plantes, dans nos corps, et dans les gouvernements bien plus qu’ailleurs.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est naturel.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Ainsi, l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu et dans l’État.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Il le semble, dit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Vraisemblablement, la tyrannie n’est donc issue d’aucun autre gouvernement que la démocratie, une liberté extrême étant suivie, je pense, d’une extrême et cruelle servitude.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est logique.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais ce n’est pas cela, je crois, que tu me demandais. <span style="color: red;">564b</span> Tu veux savoir quel est ce mal, commun à l’oligarchie et à la démocratie, qui réduit cette dernière à l’esclavage.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est vrai</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Eh bien ! j’entendais par là cette race d’hommes oisifs et prodigues, les uns plus courageux qui vont à la tête, les autres, plus lâches qui suivent. Nous les avons comparés à des frelons, les premiers munis, les seconds dépourvus d’aiguillon.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Et avec justesse, dit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Or, ces deux espèces d’hommes, quand elles apparaissent dans un corps politique, le troublent tout entier, <span style="color: red;">564c</span> comme font le phlegme et la bile dans le corps humain. Il faut donc que le bon médecin et législateur de la cité prenne d’avance ses précautions, tout comme le sage apiculteur, d’abord pour empêcher qu’elles y naissent, ou, s’il n’y parvient point, pour les retrancher le plus vite possible avec les alvéoles mêmes.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Oui, par Zeus ! s’écria-t-il, c’est bien là ce qu’il faut faire.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Maintenant, repris-je, suivons ce procédé pour voir plus nettement ce que nous cherchons.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Lequel?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Partageons par la pensée une cité démocratique en trois classes, qu’elle comprend d’ailleurs en réalité. La première est cette engeance, qui par suite de la licence <span style="color: red;">564d</span> publique ne s’y développe pas moins que dans l’oligarchie.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est vrai.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Seulement elle y est beaucoup plus ardente.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Pour quelle raison?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Dans l’oligarchie, dépourvue de crédit et tenue à l’écart du pouvoir, elle reste inexercée et ne le prend point de force ; dans une démocratie, au contraire, c’est elle qui gouverne presque exclusivement ; les plus ardents de la bande discourent et agissent ; les autres, assis auprès de la tribune, bourdonnent et ferment la bouche au <span style="color: red;">564e</span> contradicteur ; de sorte que, dans un tel gouvernements toutes les affaires sont réglées par eux, à l’exception d’un petit nombre.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est exact, dit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Il y a aussi une autre classe qui se distingue toujours de la multitude.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Laquelle?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Comme tout le monde travaille à s’enrichir, ceux qui sont naturellement les plus ordonnés deviennent, en général, les plus riches.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Apparemment.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : C’est là, j’imagine, que le miel abonde pour les frelons et qu’il est le plus facile à exprimer.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>GL : Comment, en effet, en tirerait-on de ceux qui n’ont que peu de chose?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Aussi est-ce à ces riches qu’on donne le nom d’herbe à frelons?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl </span></em><span>: Oui, un nom de ce genre, répondit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : <span style="color: red;">565 </span>La troisième classe c’est le peuple : tous ceux qui travaillent de leurs mains, sont étrangers aux affaires, et ne possèdent presque rien. Dans une démocratie cette classe est la plus nombreuse et la plus puissante lorsqu’elle est assemblée.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : En effet, dit-il ; mais elle ne s’assemble guère, à moins qu’il ne lui revienne quelque part de miel.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Aussi bien lui en revient-il toujours quelqu’une, dans la mesure où les chefs peuvent s’emparer de la fortune des possédants et la distribuer au peuple, tout en gardant pour eux la plus grosse part.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span style="color: black;">Gl</span></em><span style="color: black;"> : </span><span style="color: red;">565b</span><span> Certes, c’est ainsi qu’elle reçoit quelque chose.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Cependant, les riches qu’on dépouille sont, je pense, obligés de se défendre : ils prennent la parole devant le peuple et emploient tous les moyens qui sont en leur pouvoir.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Sans doute.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Les autres, de leur côté, les accusent, bien qu’ils ne désirent point de révolution, de conspirer contre le peuple et d’être des oligarques.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Assurément.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Or donc, à la fin, lorsqu’ils voient que le peuple, non par mauvaise volonté mais par ignorance, et parce qu’il <span style="color: red;">565c</span> est trompé par leurs calomniateurs, essaie de leur nuire, alors, qu’ils le veuillent ou non, ils deviennent de véritables oligarques ; et cela ne se fait point de leur propre gré : ce mal, c’est encore le frelon qui l’engendre en les piquant.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Certes !</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Dès lors ce sont poursuites, procès et luttes entre les uns et les autres.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Sans doute.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Maintenant, le peuple n’a-t-il pas l’invariable habitude de mettre à sa tête un homme dont il nourrit et accroît la puissance?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est son habitude, dit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span style="color: black;">S</span></em><span style="color: black;"> : </span><span style="color: red;">565d</span><span> Il est donc évident que si le tyran pousse quelque part, c’est sur la racine de ce protecteur et non ailleurs qu’il prend tige.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Tout à fait évident.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais où commence la transformation du protecteur en tyran? N’est-ce pas évidemment lorsqu’il se met à faire ce qui est rapporté dans la fable du temple de Zeus Lycéen en Arcadie?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Que dit la fable? demanda-t-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Que celui qui a goûté des entrailles humaines, coupées en morceaux avec celles d’autres victimes, est inévitablement changé en loup. Ne l’as-tu pas entendu <span style="color: red;">565e</span> raconter?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Si.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : De même, quand le chef du peuple, assuré de l’obéissance absolue de la multitude, ne sait point s’abstenir du sang des hommes de sa tribu, mais, les accusant injustement, selon le procédé favori de ses pareils, et les traînant devant les tribunaux, se souille de crimes en leur faisant ôter la vie, quand, d’une langue et d’une bouche impies, il goûte le sang de sa race, exile et tue, tout en laissant entrevoir la suppression des dettes et un nouveau <span style="color: red;">566</span> partage des terres, alors, est-ce qu’un tel homme ne doit pas nécessairement, et comme par une loi du destin, périr de la main de ses ennemis, ou se faire tyran, et d’homme devenir loup?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Il y a grande nécessité, répondit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Voilà donc, repris-je, l’homme qui fomente la sédition contre les riches.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Oui.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Or, si après avoir été chassé, il revient malgré ses ennemis, ne revient-il pas tyran achevé?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Evidemment.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais si les riches ne peuvent le chasser, ni provoquer <span style="color: red;">566b</span> sa perte en le brouillant avec le peuple, ils complotent de le faire périr en secret, de mort violente.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>Oui, dit-il, cela ne manque guère d’arriver.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est en pareille conjoncture que tous les ambitieux qui en sont venus là inventent la fameuse requête du tyran, qui consiste à demander au peuple des gardes de corps pour lui conserver son défenseur.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Oui vraiment.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Et le peuple en accorde, car s’il craint pour son défenseur, il est plein d’assurance pour lui-même.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span style="color: black;">Gl</span></em><span style="color: black;"> :</span><span style="color: red;"> 566c</span><span> Sans doute.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais quand un homme riche et par là-même suspect d’être l’ennemi du peuple voit cela, alors, ô mon camarade, il prend le parti que l’oracle conseillait à Crésus, et « le long de l’Hermos au lit caillouteux, il fuit, n’ayant souci d’être traité de lâche. </span><span lang="EN-US" xml:lang="EN-US" xml:lang="EN-US">»</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Et aussi bien n’aurait-il pas à craindre ce reproche deux fois !</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Et s’il est pris dans sa fuite, j’imagine qu’il est mis à mort.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Inévitablement.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Quant à ce protecteur du peuple, il est évident qu’il <span style="color: red;">566d</span> ne gît point à terre « de son grand corps couvrant un grand espace soi. </span><span lang="EN-US" xml:lang="EN-US" xml:lang="EN-US">»</span><span> Au contraire, après avoir abattu de nombreux rivaux, il s’est dressé sur le char de la cité, et de protecteur il est devenu tyran accompli.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Ne fallait-il pas s’y attendre?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Examinons maintenant, repris-je, le bonheur de cet homme et de la cité on s’est formé un semblable mortel. </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Parfaitement, dit-il, examinons.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Dans les premiers jours, il sourit et fait bon accueil <span style="color: red;">566e</span> à tous ceux qu’il rencontre, déclare qu’il n’est pas un tyran, promet beaucoup en particulier et en public, remet des dettes, partage des terres au peuple et à ses favoris, et affecte d’être doux et affable envers tous, n’est-ce pas?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : II le faut bien, répondit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais quand il s’est débarrassé de ses ennemis du dehors, en traitant avec les uns, en ruinant les autres, et qu’il est tranquille de ce côté, il commence toujours par susciter des guerres, pour que le peuple ait besoin d’un chef.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est naturel.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Et aussi pour que les citoyens, appauvris par les impôts,<span style="color: red;"> 567</span> soient obligés de songer à leurs besoins quotidiens, et conspirent moins contre lui.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Évidemment.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Et si certains ont l’esprit trop libre pour lui permettre de commander, il trouve dans la guerre, je pense, un prétexte de les perdre, en les livrant aux coups de l’ennemi. Pour toutes ces raisons, il est inévitable qu’un tyran fomente toujours la guerre.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Inévitable.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais ce faisant, il se rend de plus en plus odieux aux <span style="color: red;">567b</span> citoyens.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Comment non?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Et n’arrive-t-il pas que, parmi ceux qui ont contribué à son élévation, et qui ont de l’influence, plusieurs parlent librement soit devant lui, soit entre eux, et critiquent ce qui se passe – du moins les plus courageux?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est vraisemblable.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Il faut donc que le tyran s’en défasse, s’il veut rester le maître, et qu’il en vienne à ne laisser, parmi ses amis comme parmi ses ennemis, aucun homme de quelque valeur.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est évident.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : D’un oeil pénétrant il doit discerner ceux qui ont du courage, de la grandeur d’âme, de la prudence, des <span style="color: red;">567c</span> richesses ; et tel est son bonheur qu’il est réduit, bon gré mal gré, à leur faire la guerre à tous, et à leur tendre des pièges jusqu’à ce qu’il en ait purgé l’État !</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Belle manière de le purger !</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Oui, dis-je, elle est à l’opposé de celle qu’emploient les médecins pour purger le corps ; ceux-ci en effet font disparaître ce qu’il y a de mauvais et laissent ce qu’il y a de bon : lui fait le contraire.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Il y est contraint, s’il veut conserver le pouvoir.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Le voilà donc lié par une bienheureuse nécessité, qui <span style="color: red;">567d</span> l’oblige à vivre avec des gens méprisables ou à renoncer à la vie !</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Telle est bien sa situation, dit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Or, n’est-il pas vrai que plus il se rendra odieux aux citoyens par sa conduite, plus il aura besoin d’une garde nombreuse et fidèle?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Sans doute.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais quels seront ces gardiens fidèles? D’où les fera-t-il venir?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : D’eux-mêmes, répondit-il, beaucoup voleront vers lui, s’il leur donne salaire.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Par le chien ! il me semble que tu désignes là des <span style="color: red;">567e</span> frelons étrangers, et de toutes sortes.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Tu as vu juste.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais de sa propre cité qui aura-t-il? Est-ce qu’il ne voudra pas...</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Quoi?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Enlever les esclaves aux citoyens et, après les avoir affranchis, les faire entrer dans sa garde.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Certainement. Et aussi bien ce seront là ses gardiens les plus fidèles.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : En vérité, d’après ce que tu dis, elle est bienheureuse <span style="color: red;">568</span> la condition du tyran, s’il prend de tels hommes pour amis et confidents, après avoir fait mourir les premiers ! </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Et pourtant il ne saurait en prendre d’autres.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Donc, ces camarades l’admirent, et les nouveaux citoyens vivent en sa compagnie. Mais les honnêtes gens le haïssent et le fuient, n’est-ce pas?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Hé! peuvent-ils faire autrement?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Ce n’est donc pas sans raison que la tragédie passe, en général, pour un art de sagesse, et Euripide pour un maître extraordinaire en cet art.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Pourquoi donc?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Parce qu’il a énoncé cette maxime de sens profond, à savoir <span style="color: red;">568b</span> « que les tyrans deviennent habiles par le commerce des habiles » ; et il entendait évidemment par habiles ceux qui vivent dans la compagnie du tyran.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Il loue aussi, ajouta-t-il, la tyrannie comme divine et lui décerne bien d’autres éloges, lui et les autres poètes.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Ainsi donc, en tant que gens habiles, les poètes tragiques nous pardonneront, à nous et à ceux dont le gouvernement se rapproche du nôtre, de ne point les admettre dans notre État, puisqu’ils sont les chantres de la tyrannie.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Je crois, dit-il, qu’ils nous pardonneront, du moins ceux d’entre eux qui ont de l’esprit. <span style="color: red;">568c</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Ils peuvent, je pense, parcourir les autres cités, y rassembler les foules, et, prenant à gages des voix belles, puissantes et insinuantes, entraîner les gouvernements vers la démocratie et la tyrannie.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Sûrement.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : D’autant plus qu’ils sont payés et comblés d’honneurs pour cela, en premier lieu par les tyrans, en second lieu par les démocraties ; mais à mesure qu’ils remontent la pente des constitutions, leur renommée faiblit, comme <span style="color: red;">568d</span> si le manque de souffle l’empêchait d’avancer.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est exact.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais, repris-je, nous nous sommes écartés du sujet. Revenons-en à l’armée du tyran, cette troupe belle, nombreuse, diverse, et toujours renouvelée, et voyons comment elle est entretenue.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Il est évident, dit-il, que si la cité possède des trésors sacrés, le tyran y puisera, et tant que le produit de leur vente pourra suffire, il n’imposera pas au peuple de trop lourdes contributions.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais quand ces ressources lui manqueront? <span style="color: red;">568e</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Alors, il est évident qu’il vivra du bien de son père, lui, ses commensaux, ses favoris et ses maîtresses.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Je comprends, dis-je : le peuple qui a donné naissance au tyran le nourrira, lui et sa suite.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Il y sera bien obligé.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Mais que dis-tu? Si le peuple se fâche et prétend qu’il n’est point juste qu’un fils dans la fleur de l’âge soit à la charge de son père, qu’au contraire, le père doit être <span style="color: red;">569</span> nourri par son fils ; qu’il ne l’a point mis au monde et établi pour devenir lui-même, quand son fils serait grand, l’esclave de ses esclaves, et pour le nourrir avec ces esclaves-là et le ramassis de créatures qui l’entourent, mais bien pour être délivré, sous son gouvernement, des riches et de ceux qu’on appelle les honnêtes gens dans la cité ; que maintenant il lui ordonne de sortir de l’État avec ses amis, comme un père chasse son fils de la maison, avec ses indésirables convives...</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span style="color: black;">Gl</span></em><span style="color: black;"> :</span><span style="color: red;"> 569b</span><span> Alors, par Zeus! il connaîtra ce qu’il a fait quand il a engendré, caressé, élevé un pareil nourrisson, et que ceux qu’il prétend chasser sont plus forts que lui.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Que dis-tu? m’écriai-je, le tyran oserait violenter son père, et même, s’il ne cédait pas, le frapper?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : Oui, répondit-il, après l’avoir désarmé.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : D’après ce que tu dis le tyran est un parricide et un triste soutien des vieillards ; et nous voilà arrivés, ce semble, à ce que tout le monde appelle la tyrannie ; le peuple, selon Le dicton, fuyant la fumée de la soumission <span style="color: red;">569c</span> à des hommes libres, est tombé dans le feu du despotisme des esclaves, et en échange d’une liberté excessive et inopportune, a revêtu la livrée de la plus dure et la plus amère des servitudes,</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : C’est, en effet, ce qui arrive,</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>S</span></em><span> : Eh bien ! demandai-je, aurions-nous mauvaise grâce à dire que nous avons expliqué de façon convenable le passage de la démocratie à la tyrannie, et ce qu’est celle-ci une fois formée?</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><em><span>Gl</span></em><span> : L’explication convient parfaitement, répondit-il.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-top: 0.05pt; line-height: 16pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt; font-size: 12px; font-family: Times New Roman;"> </p> <p><span style="font-size: 10px; font-family: Times New Roman;"><em><strong>Images</strong></em> : Affiches de propagande électorale en faveur de Hitler (sources : pour le premier document : </span><a href="http://www.bytwerk.com/gpa/posters1.htm"><span style="font-family: Times New Roman; font-size: 10px;">German propaganda archive of Calvin College</span></a><span style="font-size: 10px; font-family: Times New Roman;">, et pour le second : </span><a href="http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=113&amp;pChapitreId=34360&amp;pArticleLib=1932+%5BNazisme%A0%3A+au+fil+des+jours+%282i%E8me+guerre+mondiale%29%5D" style="font-family: Times New Roman; font-size: 10px;">Encylopédie B&amp;S Editions</a><span style="font-size: 10px; font-family: Times New Roman;">)</span></p> <p>  </p> </div> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-0" lang="" about="/user/admin-0" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Fabien Grandjean</a></span> <span>dim, 2011-03-27 16:11</span> <div> <i class="fa fa-tags"></i> <span><a href="/term/tyrannie" hreflang="fr">Tyrannie</a></span>, <span><a href="/term/platon" hreflang="fr">Platon</a></span>, <span><a href="/term/oligarchie" hreflang="fr">Oligarchie</a></span>, <span><a href="/term/fabien-grandjean" hreflang="fr">Fabien Grandjean</a></span>, <span><a href="/term/extreme-droite" hreflang="fr">Extrême droite</a></span>, <span><a href="/term/elections" hreflang="fr">Élections</a></span>, <span><a href="/term/democratie" hreflang="fr">Démocratie</a></span>, <span><a href="/term/anti-extreme-droite" hreflang="fr">Anti-extrême droite</a></span> </div> <section id="comments-section"> <h2>Commentaire(s)</h2> <article data-comment-user-id="0" id="comment-147" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1301265540"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/147#comment-147" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Polit&#039;producteur (non vérifié)</span> le lun, 2011-03-28 00:39</span> </div> <h3><a href="/comment/147#comment-147" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Servitude volontaire</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;"> <p>Relire <i>Le discours de la servitude volontaire</i> (1549) par Étienne de La Boétie qui va dans votre sens : non seulement l'élection est selon lui une source de la tyrannie, mais ce régime tient moins à la force du tyran qu'à la démission du peuple.</p></div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=147&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="3oRdW86tQj3yJoQcGfTygJ9vnKBeLw0tL9G_soCZNS0"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="13" id="comment-149" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1301320680"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/149#comment-149" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-7" lang="" about="/user/admin-7" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Corpus</a> le lun, 2011-03-28 15:58</span> </div> <h3><a href="/comment/149#comment-149" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Machisme de Platon?</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;">En qualifiant Platon de machiste ne faites-vous pas fi des textes? <p>Vous vous appuyez sur la fin du Livre VIII de la <i>République</i>. Mais vous oubliez le début du Livre V du même dialogue qui affirme que, dans la Cité idéale, « <i>il n'est aucun emploi concernant l'administration de la cité qui appartienne à la femme en tant que femme, ou à l'homme en tant qu'homme ; au contraire, les aptitudes naturelles sont également réparties entre les deux sexes, et il est conforme à la [455e] nature que la femme, aussi bien que l'homme, participe à tous les emplois</i> » (trad. Victor Cousin que vous citez). Loin d'être machiste Platon apparaît ici "féministe" en cela qu'il rejette la division sexuelle du travail au nom de l'égalité de l'homme et de la femme.</p> <p>Comme l'ont souligné de nombreux commentateurs, par exemple J. Adam (également cité dans l'édition V. Cousin, note 60 au Livre VIII), « <i>la cité idéale est une chose, et une démocratie déréglée en est une autre, et la </i>corruptio pessimi<i> dans les relations entre les deux sexes comme ailleurs peut bien être la pire. </i>»</p></div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=149&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="SaSIkFS9NZnbaKd9AXjTjHs4Shc7G7ieHrJgrmAEVps"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <div class="indented"> <article data-comment-user-id="3" id="comment-150" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1301349480"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/150#comment-150" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-0" lang="" about="/user/admin-0" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Fabien Grandjean</a> le lun, 2011-03-28 23:58</span> <p class="visually-hidden">En réponse à <a href="/comment/149#comment-149" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Machisme de Platon?</a> par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-7" lang="" about="/user/admin-7" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Corpus</a></p> </div> <h3><a href="/comment/150#comment-150" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Égalité des sexes restreinte</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;">Merci Corpus, votre exégèse est toujours la bienvenue. Vous avez raison, j'ai parlé sommairement de machisme chez Platon. Le communisme de <i>République</i> V est à prendre en compte. Cependant, tous les commentateurs n'approuvent pas votre interprétation. Ainsi Georges Leroux note-t-il au sujet du Livre VIII 563b : <p>« Pour les droits des femmes, l'affirmation présente n’entre pas en contradiction avec l’égalité reconnue pour les gardiens : il s’agit ici de la cité démocratique entière, et l’ouverture manifestée au livre V ne s’étend pas au-delà du corps des dirigeants » (Platon, <i>La République</i>, GF n°653, 2002, p. 703, note 73).</p> <p>Eh oui, en 451c, il s’agit expressément des gardiens et de la garde de l’État. </p> <p>Pour une autre interprétation encore, je vous renvoie à la lecture piquante de Marie-Hélène Bohner-Cante. Elle publia jadis aux Éditions T.E.R. un plaisant ouvrage sur le platonisme et la sexualité dont <a href="http://politproductions.com/content/de-la-division-sexuelle-du-travail-chez-platon-mh-bohner-cante">voici sur Politproductions</a> un extrait. (L'ouvrage n'est plus au catalogue en ligne de <a href="http://www.ter-editions-philo.com/">T.E.R.</a> mais il n'est pas certain qu'il soit épuisé).</p></div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=150&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="4sQO8UEw27ddLZdUexkTbS0UArhDbZy5IynseYX1ALE"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> </div> <article data-comment-user-id="1" id="comment-3069" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1443694200"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/3069#comment-3069" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a> le jeu, 2015-10-01 12:10</span> </div> <h3><a href="/comment/3069#comment-3069" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Des propos potentiellement meurtriers...</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="rtecenter"> <iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="270" src="//www.dailymotion.com/embed/video/x37yu67" width="480"></iframe></p> <div class="TwitterCardsGrid-col--12 TwitterCardsGrid-col--spacerTopBottom CardContent"> <p class="rtecenter"><em>Edwy Plenel, fondateur et directeur du site Mediapart, a réagi ce lundi 28 septembre 2015 aux propos de Nadine Morano sur la France, "pays de race blanche".</em></p> </div> <p> </p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=3069&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="gu5-0VCJjDaZbhGul5rFbNWkBTfoY8EXAjiBQrLfbPg"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> </section> Sun, 27 Mar 2011 14:11:21 +0000 Fabien Grandjean 216 at http://politproductions.com Le peuple en marche (Chronique d'Evariste) http://politproductions.com/le-peuple-en-marche-chronique-devariste <span>Le peuple en marche (Chronique d&#039;Evariste)</span> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p><img src="/sites/default/files/img-evariste_peuple_en_marche-prise_de_la_Bastille.jpg" alt="La Prise de la Bastille, 14 juillet 1789, tableau de Jean-Pierre Houël (1735-1813)" data-entity-type="file" data-entity-uuid="f6650635-975a-4174-a03c-ce2d3e505ae7" /></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>Nous sommes face <a href="http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/de-quoi-les-evenements-qui-secouent-le-monde-arabe-nous-instruisent-ils/2583">aux événements qui secouent le monde arabe</a> comme Emmanuel Kant face à la Révolution française. En voyant la jeunesse tunisienne défiler avenue Bourguiba pour défendre la laïcité, mais aussi les cairotes fêter, place Tahrir, la chute du régime de Moubarak, nous ne pouvons pas ne pas éprouver cette « <em>sympathie d’inspiration qui frise l’enthousiasme</em> » que Kant disait ressentir au spectacle de «<em> la révolution d’un peuple plein d’esprit</em> ». </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>Le spectacle d’un peuple faisant démonstration de sa force est une chose rare. On ne saurait le confondre avec celui d’une foule en délire. Ce sont les affects qui cimentent la foule. Elle est, comme l’a montré Freud, gouvernée par la psychologie. En cela, la foule est passive, quand bien même serait-elle remuante et agitée. Le peuple, lui, n’a pas de psychologie : il est actif, en marche, comme on le dit parfois et comme le représente. Delacroix dans le fameux tableau qui célèbre les Trois Glorieuses de 1830, La liberté guidant le peuple. Jeunes tunisiens défilant pour faire barrage à l’intégrisme religieux, Egyptiens occupant la place principale du Caire, manifestants battant le pavé pour défendre le régime des retraites, mais aussi flamands et wallons dénonçant d’une même voix l’incurie des gouvernants : un peuple en marche a quelque chose de sublime. Ce spectacle n’est pas seulement émouvant, il est aussi édifiant : il élève le spectateur, en le laissant entrapercevoir, l’espace d’un bref moment, le sujet de l’histoire. Il lui donne un supplément de force. </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>N’en déplaise à tous ceux qui ont intérêt à maintenir les citoyens dans la passivité, il y a des moments où ceux-ci se souviennent que la force est de leur côté. C’est alors qu’ils descendent dans la rue et défilent en scandant des slogans. Car, à la différence de la horde de casseurs, le peuple a un non seulement un visage mais il a aussi une voix : il parle.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>Devant ce spectacle, il y a ceux qui, à l’instar du philosophe de Königsberg, se laissent gagner par l’enthousiasme. Et puis il y a les puissants, ceux qui, contrairement aux nobles présents dans la salle du jeu de paume le 20 juin 1789, n’auront jamais la grandeur de renoncer à leurs propre privilèges. Ceux-là ont tendance à faire la fine bouche : «<em> Ces gens parlent, dites-vous ? Mais personne ne les entend !</em> ». Ainsi ricanait, il y a peu, le Président Sarkozy. «<em> Ces gens ne sont pas représentatifs !</em> », s’écrient les experts, même si les sondages montrent que les manifestants sont soutenus par une très large majorité. « <em>La démocratie, ce n’est pas le pouvoir de la rue</em> », assènent, enfin, les gens sérieux. </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>N’empêche. La démocratie n’est pas réductible à un ensemble d’institutions, à un régime, autrement dit à une machinerie politique. Le 20 juin 1789 est un moment démocratique, et pourtant, la Constitution qui marquera la rupture avec l’Ancien Régime est encore loin d’être rédigée. Les grèves de 1936, qui échappèrent aux grandes organisations politiques, furent un moment démocratique. Mai 68 également. Rendons le mot démocratie à son étymologie : il y a démocratie lorsque le peuple sort de la passivité et devient actif<a name="_ednref" id="_ednref"></a><a href="#_edn1"><span><sup>[i]</sup></span></a><span></span>. En manifestant sa force, il fait acte d’autorité. La démocratie exige par conséquent davantage que des institutions. Elle requiert, de la part des citoyens, une certaine position grâce à laquelle ils se rendent actifs, à savoir la position critique. Emile Chartier, le dit en d’autres termes : instaurer la République en lieu et place de l’Ancien Régime ne suffit pas à se garantir contre le retour de «<em> l’âme monarchique</em> ». Dès lors que les individus se laissent aller à la passivité, dès lors qu’ils abandonnent le pouvoir aux gouvernants (parce qu’ils leur font une confiance aveugle, parce qu’ils deviennent indifférents à la chose politique, parce qu’ils ne sont pas suffisamment armés pour entrer dans le libre jeu des opinions), la démocratie n’existe plus que de nom.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>De là découle qu’il existe plusieurs façons de confisquer la démocratie. Brutalement, par un coup d’Etat : interdire la liberté d’expression et de grève, concentrer dans ses mains tous les pouvoirs, devenir président à vie alors qu’on n’a été élu que pour la durée d’un mandat, on reconnaitra là les façons de faire des dictateurs qui sont en ce moment contestés dans le monde arabe. Rien à voir, dira-t-on, avec ce qui se passe chez nous. Reste qu’on peut aussi confisquer la démocratie de façon douce et insidieuse : il suffit de condamner le peuple à la passivité. Inutile, pour cela, d’interdire la liberté d’expression : il suffit de ne laisser filtrer, dans l’espace médiatique, que ce qui est conforme au discours de l’idéologie dominante. Inutile d’interdire les grèves : il suffit d’instaurer un service minimum et de traiter par un mépris tout versaillais les voix qui s’élèvent aux portes du château. Inutile de concentrer dans ses mains tous les pouvoirs : il suffit de faire croire à tout le monde que ceux qui gouvernent n’ont aucun pouvoir puisque le capitalisme mondialisé est inéluctable. Inutile, enfin, de fomenter un putsch pour devenir président à vie : il suffit que les gouvernants qui se succèdent mettent en oeuvre des politiques qui puisent au même fond d’évidences et qui ne se distinguent que par des divisions imaginaires. Pierre Mendès-France a été particulièrement clairvoyant : il a été le premier à voir que l’Europe allait être l’instrument de cette confiscation douce. « <em>Le projet du marché commun, tel qu’il nous est présenté, déclara-t-il à l’Assemblée nationale le 18 janvier 1957, est basé sur le libéralisme classique du XXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme “providentiel”, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale</em> ».</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span>Alors, c’est avec enthousiasme mais aussi avec un peu d’envie que nous regardons le spectacle des cortèges de manifestants qui se mobilisent de l’autre côté de la Méditerranée. Malgré plusieurs tentatives, force est de constater que, depuis mai 68, le peuple français n’a pas réussi à en imposer aux gouvernants. Ce qui a manqué, ce n’est ni la lucidité ni le courage. C’est l’absence de débouché politique. Mais le peuple n’est pas pour autant à genoux. Il faut maintenant que la colère qui gronde se traduise dans les urnes. L’autre gauche, celle qui a refusé de servir de supplément d’âme à la mondialisation néolibérale, a, de ce point de vue, une responsabilité historique : celle de s’unir autour d’un programme cohérent, fondé sur les principes de la République laïque et sociale.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right"><strong>La chronique d’Evariste, </strong><span>lundi 21 février 2011 </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right">Par <a href="http://www.gaucherepublicaine.org/author/admin/">ReSPUBLICA</a></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right"><a href="http://www.gaucherepublicaine.org/">http://www.gaucherepublicaine.org</a> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right"><a href="http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/le-peuple-en-marche/2683">Permalien vers cet article</a> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right">Voir tous les articles de <a href="http://www.gaucherepublicaine.org/author/admin/">ReSPUBLICA</a><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: right; line-height: 14pt;" align="right"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; line-height: 14pt;"><strong><em><span style="font-size: 8pt;">Image</span></em></strong><span style="font-size: 9pt;"> : La Prise de la Bastille, 14 juillet 1789, tableau de Jean-Pierre Houël (1735-1813)</span><span style="font-size: 9pt;"></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; line-height: 14pt;"><span style="font-size: 9pt;"> </span><span style="font-size: 9pt;"></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span> </span></p> <div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span><br /><hr align="left" size="1" width="33%" /></span></div> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm;"><a name="_edn1" id="_edn1"></a><a href="#_ednref"><span><sup><span style="font-size: 9pt;">[i]</span></sup></span><span></span></a><span></span><span style="font-size: 9pt;"> Sur la question de la redéfinition du mot démocratie, voir le dernier ouvrage de Jean-Claude Milner, <em>Pour une politique des êtres parlants</em>, Lagrasse : Editions Verdier, 2011.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm;"><span> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0.1pt 0cm;"><span> </span></p> <p> <span style="font-size: 9pt;"></span><span style="font-size: 9pt;"></span> </p><div> <div id="edn"> </div> </div> </div> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a></span> <span>mar, 2011-02-22 15:33</span> <div> <i class="fa fa-tags"></i> <span><a href="/term/respublica" hreflang="fr">Respublica</a></span>, <span><a href="/term/maghreb" hreflang="fr">Maghreb</a></span>, <span><a href="/term/democratie" hreflang="fr">Démocratie</a></span>, <span><a href="/term/chronique-devariste" hreflang="fr">Chronique d&#039;Evariste</a></span> </div> <section id="comments-section"> </section> Tue, 22 Feb 2011 14:33:32 +0000 politpro 202 at http://politproductions.com http://politproductions.com/le-peuple-en-marche-chronique-devariste#comments Après l’Amérique latine, les résistances en Europe, le monde arabe en ébullition, ce n’est pas fini ! http://politproductions.com/apres-lamerique-latine-les-resistances-en-europe-le-monde-arabe-en-ebullition-ce-nest-pas-fini <span>Après l’Amérique latine, les résistances en Europe, le monde arabe en ébullition, ce n’est pas fini !</span> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p><img src="public://img-apres_l%27amerique_latine_les_resistance_en_europe.png" alt="Mouvement de masse, Iran 2010" data-entity-type="file" data-entity-uuid="f6250190-3ba3-4ea7-ab6e-41759059cc67" /></p> <p><span style="font-size: 12px;">Par Bernard Teper</span></p> <p>Mardi 15 février 2011</p> <p style="text-align: justify;">Pendant que de nombreux militants français se lamentent après le passage en force de la droite néolibérale sur le dossier des retraites, beaucoup d’esprits fatalistes sont gagnés par une morosité qui n’a aucun fondement théorique et pratique. D’abord parce que le mouvement des retraites a été puissant et soutenu par 70 % de la population. Nous n’avons pas réussi à empêcher la loi mais nos forces sont intactes et peuvent repartir demain. Ensuite, sauf une fois (le programme consistant du Conseil national de la 
Résistance, qui a été largement appliqué), toutes les transformations sociales et toutes les avancées ont été réalisées par 
des mouvements sociaux se transformant en mouvement de masse, les 
partis politiques ne faisant que prendre acte du mouvement social dans la mesure où il n’y avait pas de programme politique conséquent 
(Révolution française, mouvements révolutionnaires du 19e siècle,
 1936 où le mouvement de masse a imposé les 40 heures et les congés 
payés non prévus dans le programme du Front populaire, Mai 68, etc.).</p> <p style="text-align: justify;">En fait, que ce soit dans des pays dictatoriaux ou dans des pays où la
 démocratie a profondément régressé (en Europe notamment), il y a de
 moins en moins de possibilités d’avancer par des processus
 démocratiques qui n’existent pas ou ont trop profondément régressé (la 
France a refusé le Traité de Lisbonne et il s’applique à la France !).
 La régression du processus démocratique en France fait que 
l’oligarchie soutenue par les grands médias nous donne le choix entre Nicolas
 Sarkozy ou celui qu’il a lui-même nommé au FMI, Dominique Strauss-Kahn ! La Tunisie, l’Égypte montrent donc la voie à
 suivre partout où la croissance ne permet pas aux régimes dictatoriaux
 ou oligarchiques de distribuer de la richesse (l’actuelle stabilité 
relative de la Chine est due à un taux de croissance donnant des 
marges de manœuvre économiques et sociales non négligeables et qui
 permet une croissance du marché intérieur et des luttes sociales de
 plus en plus fréquentes) et où l’oligarchie détourne les richesses du 
pays par des pratiques mafieuses. <strong>Lire la suite sur <em>ufal.info</em></strong> : <a href="http://www.ufal.info/divers/apres-l%e2%80%99amerique-latine-les-resistances-en-europe-le-monde-arabe-en-ebullition-ce-n%e2%80%99est-pas-fini/3791" rel="bookmark" title="Permalien : Après l’Amérique latine, les résistances en Europe, le monde arabe en ébullition, ce n’est pas fini !">Permalien</a> </p> <div class="postChapo"><span style="font-size: 11px;"><em><strong><br />Image </strong></em>: Mouvement de masse, Iran 2010</span><br /><div class="postChapo"><span style="font-size: 11px;"></span></div> </div> </div> <span><span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Polit&#039;producteur (non vérifié)</span></span> <span>jeu, 2011-02-17 22:55</span> <div> <i class="fa fa-tags"></i> <span><a href="/term/tunisie" hreflang="fr">Tunisie</a></span>, <span><a href="/term/resistance" hreflang="fr">Résistance</a></span>, <span><a href="/term/oligarchie" hreflang="fr">Oligarchie</a></span>, <span><a href="/term/monde-arabe" hreflang="fr">Monde arabe</a></span>, <span><a href="/term/iran" hreflang="fr">Iran</a></span>, <span><a href="/term/egypte" hreflang="fr">Egypte</a></span>, <span><a href="/term/democratie" hreflang="fr">Démocratie</a></span>, <span><a href="/term/algerie" hreflang="fr">Algérie</a></span> </div> <section id="comments-section"> <h2>Commentaire(s)</h2> <article data-comment-user-id="0" id="comment-87" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1298240940"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/87#comment-87" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a rel="nofollow" href="http://www.sitecommunistes.org/" lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Polit&#039;producteur (non vérifié)</a> le dim, 2011-02-20 23:29</span> </div> <h3><a href="/comment/87#comment-87" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Voir l&#039;analyse de</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>Voir l'analyse de « Communistes » : <a href="http://www.sitecommunistes.org/cn120211.htm">http://www.sitecommunistes.org/cn120211.htm</a></p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=87&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="qZdBSTflu278qxLaG0QiSOCWH2NG5o8PUWTP3Omea8E"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> </section> Thu, 17 Feb 2011 21:55:38 +0000 Polit'producteur 200 at http://politproductions.com La Souveraineté en question en France aussi http://politproductions.com/la-souverainete-en-question-en-france-aussi <span>La Souveraineté en question en France aussi</span> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p><img alt="Sarkozy en campagne" src="/sites/default/files/img-souverainete_en_question_sarkozy_en_campagne_2007.jpg" data-entity-type="file" data-entity-uuid="d1031077-89e3-4c5c-812f-bb2c6b601e22" /></p> <p> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt 219.7pt; text-align: justify; line-height: 16pt;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation<a href="#_edn1" name="_ednref" id="_ednref"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[i]</span></span></a>. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane <strong><em>expressément</em></strong> », <em>Déclaration des DHC du 26 août 1789</em>, article 3.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Selon un récent sondage paru dans <a href="http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Le-Francais-se-mefie-de-plus-en-plus-de-ses-elus-_3635-1676695_actu.Htm?xtor=RSS-4&amp;utm_source=RSS_MVI_ouest-france&amp;utm_medium=RSS&amp;utm_campaign=RSS">Ouest-France </a></span><code><span style="font-size: 14pt; font-family: &quot;Times New Roman&quot;;"></span></code><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">les Français se méfient de plus en plus de leurs élus. </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; line-height: 18pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Le gros du peuple continue cependant à manifester son attachement à la démocratie représentative et à croire que les élections demeurent pour lui le meilleur moyen d’exercer son influence.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"> </p> <p> </p><div style="text-align: center;"> <span style="font-size:14px;"><img alt="" src="/sites/default/files/img-souverainete_en_question_sondage_ouest-france.png" data-entity-type="file" data-entity-uuid="6b772589-b965-452e-bf26-a3dc5e901741" /></span> <p>  </p></div> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Au moment même où paraît ce sondage, les médias nous submergent d'infos touchant la révolte populaire qui vient d'éclater en Tunisie et en Égypte </span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">contre le pouvoir arbitraire</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> et qui demain pourrait s’étendre à l’ensemble du Maghreb voire au-delà. Au lieu de nous laisser noyer sous ce flot<span> </span>d’informations, demandons-nous si pareil événement ne devrait pas se produire en France?</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Comparaison n’est certes pas raison, et nos républiques ne sont pas des dictatures <em>personnelles </em>déguisées ou inavouées. <span>C'est une condition essentielle du mode de production capitaliste que la substitution superstructurelle de la domination humaniste à la maîtrise personnelle qui caractérisait les modes de production antique et médiéval. Égypte, Tunisie... sont des pays capitalistes, mais idéologiquement leurs superstructures ne sont pas celles de la bourgeoisie, du moins pas encore, et la </span>revendication démocratique qui dans ces pays pousse à la déposition du pouvoir obéit à une exigence d'ajustement des rapports sociaux-politiques et des rapports de production à l'évolution des forces productives. Néanmoins, entre ces dictatures et nos républiques il y a un point commun que révèle le sondage de <em>Ouest-France</em>.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Un soir de déroute électorale pour la gauche, Laurent Fabius remarquait avec inquiétude que les Français votaient selon un mouvement de balancier, un coup à droite un coup à gauche, et il prédisait qu'un jour le désespoir les tournerait vers les extrêmes. Quelques années plus tard la présence du leader du F.N. au second tour des élections présidentielles corroborait cette prédiction. Selon Fabius le peuple est las de s’entendre dire depuis des décennies que la politique promise, par la gauche et par la droite, ne sera pas appliquée en raison d’une nécessité économique présentée comme fatalité. Et en effet le sondage de <em>Ouest-France</em> indique que les Français jugent sophistique cet aveu d’impuissance du politique sous l’invocation de la crise économique, comme les peuples d’Afrique du Nord jugent captieuse la justification de leur mise sous tutelle au nom de la menace islamiste. Car les citoyens français n’ont pas perdu confiance dans la politique, mais dans leurs élus. Le risque, comme le conclut <em>Ouest-France</em>, est sans doute le populisme. Nous savons que l’anti-parlementarisme a pu engendrer l'extrémisme. Ainsi le poujadisme fut-il la matrice du lepénisme. Mais la prise de conscience de la crise de la souveraineté populaire pourrait être l’occasion de dépasser la démocratie formelle et le fatalisme économique vers un sens renouvelé de la politique. </span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Voyons cela de plus près</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> à partir des prémisses du droit républicain et du cas du président de la République qui s’était promis, <strong><em>nous </em></strong>avait promis de relever le défi lancé aux politiques par la défiance du peuple, mais qui au yeux de ce dernier est devenu l’élu le moins fiable. </span></span></p> <p align="center" class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p align="center" class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">*<span>         </span>* </span></span></p> <p align="center" class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">*</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Depuis l’adoption définitive de la réforme des retraites par le Parlement le 27 octobre 2010, chacun a pu entendre nos gouvernants répéter à l’envi que « la démocratie c’est la loi de la majorité issue des urnes » et que, par conséquent, « la contestation de la loi serait un déni de démocratie », etc.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"><span> </span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Mais c’est conclure bien vite et sans suffisamment de raison au regard des lois organiques qui régissent nos institutions.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></strong></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></strong></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">I. Le principe démocratique</span></strong></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">La première de nos lois, la </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">principale</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> — au sens où « principe » est ce qui commence et commande tout ce qu’il commence — est le droit d’exercer l’autorité politique ou la </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">souveraineté</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">. Dans notre république démocratique la souveraineté appartient </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">au Peuple</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> qui, selon les termes de l’Article 2 du Titre premier de notre Constitution, </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">se gouverne lui-même, par lui-même et pour lui-même</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">. Elle lui appartient de façon </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">inaliénable</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> et </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">indivisible</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">, – « inaliénable », c’est à dire tout à la fois qui ne peut être cédée, ni par donation ni par vente, ni privée de liberté et/ou de raison, et « indivisible », c’est à dire qui ne peut être retranchée de l’une de ses parties par division.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Toutefois, le Titre premier de notre Constitution dispose également que le peuple « exerce » sa « souveraineté » « par ses représentants [élus directement ou indirectement] et par la voie du référendum ». Il est donc </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">apparemment légitime</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> de refuser à « la rue » ou aux manifestants, qu’ils soient 1, 2 ou 3 millions à protester, le droit de faire ou de défaire la politique des représentants élus du peuple.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Mais si nulle « section » du peuple ne peut s’attribuer ou usurper l’exercice de la souveraineté, nul « individu » ne le peut non plus, fût-il l’élu voire le premier des élus du peuple<a href="#_edn2" name="_ednref" id="_ednref"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[ii]</span></span></a>. En revanche, notre droit fondamental justifie la résistance à l'oppression. Ainsi à Londres ou dans la clandestinité </span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">De Gaulle puis ses Français libre</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">s exercèrent ce </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">droit</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> établi par l’article 2 de la </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Déclaration de 1789</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"><a href="#_edn3" name="_ednref" id="_ednref"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[iii]</span></span></a>. Ils accomplirent même au nom de leur Peuple le </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">devoir</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> de résister à l'usurpation qui fut ensuite clairement reconnu dans le Préambule du </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Projet de Constitution du 19 avril 1946</span></em><a href="#_edn4" name="_ednref" id="_ednref"><span class="MsoEndnoteReference"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"><span>[iv]</span></span></span></a><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">, bien que malheureusement ignoré dans la mouture de ce Préambule adoptée le 27 octobre de la même année et rattachée en 1958 à la <em>Constitution de la Ve République</em>.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Par conséquent, si nous ne voulons pas abandonner le sort du droit politique fondamental ou bien aux coups d’État permanents plus ou moins feutrés de la Ve République ou bien aux rapports de force de l’état d’exception, il convient de bien mesurer l’</span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">étendue</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> des droits de grève et de manifestation et la </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">limite</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> passé laquelle la forme de résistance qu’ils légitiment devient </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">oppression</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> ou bien </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">résistance à l’oppression</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">La question revient de droit à se demander quand </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">l’exercice</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> de la souveraineté par un représentant élu du peuple devient </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">illégitime</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">D’abord, rappelons-le, nul élu n’est <em>détenteur</em> ni même <em>dépositaire</em> de la souveraineté. Il est seulement </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">mandaté</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> par le souverain pour exercer certaines fonctions à sa place. Le souverain peut donc démettre librement l’un de ses représentants de son mandat ou charge élective ou encore fonction, et ce avant même l’échéance de sa mandature. Il le peut à tout instant. Aussi ne suivrons-nous pas Lionel Jospin quand il déclare que « le peuple », « principe de la démocratie », « fondement de la légitimité politique », « se fait entendre à l’occasion des élections intermédiaires et </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">tranche souverainement au terme des mandats nationaux</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> »<a href="#_edn5" name="_ednref" id="_ednref"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[v]</span></span></a>. Même si la restriction de la période d’exercice de la souveraineté populaire à l’échéance des mandats électoraux est médiatiquement martelée par le gouvernement actuel, si même elle semble marquée par une absence de virgule dans le premier alinéa de l’art. 3 du Titre Premier de notre Constitution<a href="#_edn6" name="_ednref" id="_ednref"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[vi]</span></span></a>, la prétendue légitimité de cette restriction ne résiste pas à l’analyse, notamment pas à l’analyse de la notion de </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">mandat</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> dans sa différence d’avec celle de </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">contrat</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Sur ce point Rousseau a été des plus clairs en réfutant la thèse d’un </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">contrat de gouvernement</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> défendue par les jurisconsultes de son temps ou par Hobbes</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> (<a href="../../content/que-linstitution-du-gouvernement-nest-point-un-contrat-rousseau-texte-et-contexte">cf. Polit'productions</a>)</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">«<em> Je dis donc, </em></span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">écrit Rousseau</span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">, que la souveraineté n’étant que l’exercice de la volonté générale ne peut jamais s’aliéner, et que le souverain, qui n’est qu’un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même ; le pouvoir peut bien se transmettre, mais non pas la volonté </span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">»</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> (</span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Du Contrat social</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">, Livre II, ch. 1, Que la souveraineté est inaliénable).</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Voilà pourquoi </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">l’acte par lequel un peuple se donne des représentants</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> est un </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">mandat</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> et non pas un </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">contrat</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">. Un tel contrat ne pourrait être qu’un pacte de soumission ou d’esclavage. Rousseau le répétera avec force : si le peuple contractait avec ses représentants il s’aliénerait, il renoncerait à lui-même, ce dont il ne pourrait y avoir </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">nulle</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> contrepartie, </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">nul</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> dédommagement : ni la subsistance ni la sécurité. Il n’y a qu’un contrat dans l’État, déclare Rousseau dans le chapitre XVI du <em>Contrat social</em> (<a href="http://politproductions.com/content/que-linstitution-du-gouvernement-nest-point-un-contrat-rousseau-texte-et-contexte">cf. Polit'productions</a>), et c’est le pacte social ou, comme nous disons, républicain </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">On se rappelle que M. Sarkozy, après tant d’autres, a proposé aux Français un « nouveau contrat social » : « </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">C’est un nouveau contrat social, profondément renouvelé, profondément différent, que nous devons élaborer ensemble</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> » (Sénat, 18 septembre 2007).</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Certes, poursuit Rousseau, </span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">«<em> il n’est pas impossible qu’une volonté particulière s’accorde sur quelque point avec la volonté générale </em>»<em>. </em></span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Mais</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> «<em> il est impossible au moins que cet accord soit durable et constant ; car la volonté particulière tend par sa nature aux préférences, et la volonté générale à l’égalité. Il est plus impossible encore qu’on ait un garant de cet accord quand même il devrait toujours exister ; ce ne serait pas un effet de l’art mais du hasard. Le souverain peut bien dire : Je veux actuellement ce que veut un tel homme ou du moins ce qu’il dit vouloir ; mais il ne peut pas dire : Ce que cet homme voudra demain, je le voudrai encore ; puisqu’il est absurde que la volonté se donne des chaînes pour l’avenir, et puisqu’il ne dépend d’aucune volonté de consentir à rien de contraire au bien de l’être qui veut. Si donc le peuple promet simplement d’obéir, il se dissout par cet acte, il perd sa qualité de peuple ; à l’instant qu’il y a un maître il n’y a plus de souverain, et dès lors le corps politique est détruit. </em>»</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">L’on est en droit de dénoncer dans la stigmatisation anthropologique de la volonté particulière (censée tendre naturellement aux préférences) une pétition de principe de Rousseau (optimiste dans une perspective pré-sociale mais plutôt pessimiste du point de vue civil). Robespierre dira de même : « </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Le gouvernement est institué pour faire respecter la volonté générale ; mais les hommes qui gouvernent ont une volonté individuelle, et toute volonté cherche à dominer.</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> »<a href="#_edn7" name="_ednref" id="_ednref"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[vii]</span></span></a> Toutefois, il reste dans la réfutation rousseauiste d’un prétendu devoir d’obéissance du peuple une juste </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">réduction à l’absurde</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> du contrat par lequel un peuple pourrait transférer sa souveraineté à l’un de ses élus. C’est que l’accord entre les deux parties contractantes ne saurait être « durable et constant », qu’aucune volonté ne peut vouloir </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">sans contradiction</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> « se donner des chaînes pour l’avenir ». En d’autres termes, ce qu’une volonté veut aujourd’hui elle peut être amenée, notamment par un changement de conjoncture, à ne plus le vouloir dans l’avenir. Voilà pourquoi </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">un mandat électoral doit toujours être révisable et résiliable avant même son échéance</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">On dira que c’est bien un changement de situation qu’allègue le gouvernement pour justifier l’abandon de l’engagement de Sarkozy, pris en 2007 et réitéré en 2008, de maintenir à 60 ans l’âge légal de départ à la retraite (cf. </span><a href="http://politproductions.com/content/la-petite-musique-de-sarkozy-ou-de-la-r%C3%A9forme-des-retraites-derechef"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Polit’productions</span></a><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">) : « Entre temps il y a eu une crise économique, cela ne vous aura pas échappé! », répliquait Woerth à son opposition de gauche. De même </span><a href="http://www.youtube.com/watch?v=hJL7ZtZ-RIs"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Luc Chatel, interrogé par Jean-Claude Bourdin sur RMC</span></a><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">, invoque-t-il l’évolution de la démographie et, plus généralement, le </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">changement des choses</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> non seulement à long terme mais à court terme (2 ou 3 ans), sous l’action de la crise, pour expliquer ce reniement que Chatel tente de surcroît, avec une complète mauvaise foi, de faire passer pour une simple accélération de calendrier. Ainsi encore François Fillon argue-t-il de la compétitivité pour accomplir le revirement sur les 35h préparé à pas feutrés par Sarkozy (cf. </span><a href="../../content/fillon-exige-des-fonctionnaires-prol%C3%A9taires%20"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Polit’productions</span></a><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">).</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Cependant, tout procès d’intention mis à part, ce qui ne va pas dans cette pseudo-justification du changement de politique opéré par Sarkozy c’est que l’on voudrait </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">réserver</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> à la volonté du Chef de l’État le droit <em>et </em>de changer d’orientation <em>et </em>de changer l’orientation de la volonté populaire. Ce qui est pour le moins étonnant et à tout dire illégitime. La volonté du chef d’un État démocratique n’est pas </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">la volonté propre</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> de l’individu qui en endosse la charge, mais celle du peuple qui l’a élu et dont il est simplement de par cet acte le mandataire ou, selon l’expression de Rousseau, le « commissaire ». Que le chef d’un État ait une volonté personnelle, rien de plus nécessaire, qu’il soit en droit de l’exercer librement dans les limites de la légalité, rien de plus légitime, que cette volonté puisse à un moment, y compris sur la conception du bien public, entrer en opposition avec la volonté populaire, rien de plus compréhensible, mais que ce chef élu impose sa volonté personnelle au peuple qui pour accomplir sa propre volonté l’a mandaté, rien de plus illégitime.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Surtout qu’en l’occurrence le renversement de la volonté du gouvernement ne porte pas, contrairement à ce qu’il prétend, sur les </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">moyens</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> ou le calendrier seuls, mais sur la </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">fin.</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> Il nous a d’abord dit que le recul de l’âge légal de départ à la retraite n’était qu’une option parmi d’autres (jusqu’à cette interview de Chatel où il invoque encore les nécessités du calendrier pour retarder à la veille de l’adoption parlementaire de cette « option » le moment de reconnaître en elle sa mesure phare). Il nous dit ensuite que cette mesure n’aurait de toute façon d’autre finalité que la sauvegarde du régime par répartition. Mais chacun a bien compris que la fin poursuivie par ce gouvernement était la fin de la répartition. Lâche mensonge, méprisante hypocrisie!</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Comme l’écrit encore Rousseau, ce n’est pas seulement « dans son principe » que la souveraineté est inaliénable, c’est également « dans son objet » (</span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Idem</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">).</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Certes Rousseau reconnaît que « </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">ce n’est point à dire que les ordres des chefs ne puissent passer pour des volontés générales, tant que le souverain libre de s’y opposer ne le fait pas. En pareil cas, du silence universel on doit présumer le consentement du peuple</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> » (</span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">idem</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">). Mais cet inspirateur de la Révolution française est à ce sujet très précis : c’est à condition que la liberté d’opposition du peuple demeure entière. Alors, sous cette condition, qui ne dit mot consent.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Par conséquent, dès lors qu’une importante partie du peuple manifeste à un moment de l’exécution d’un mandat son désaccord avec la poursuite de la politique engagée conformément à ce mandat, il est légitime qu’elle obtienne au moins en retour une consultation électorale anticipée de l’ensemble du peuple. Et si en outre les mandataires du peuple ont modifié cette politique en trahissant leurs engagements, fût-ce au cours voire au motif d’un bouleversement de la situation du début de leur mandature, il est alors impératif qu’ils <em>écoutent </em>et non seulement <em>entendent</em> la demande du peuple et qu’ils lui demandent en retour de leur confirmer sa confiance – d’autant plus si la partie du peuple protestant n’est à l'évidence que la partie apparente des contestataires, l’autre partie étant tenue et retenue par le revirement des chefs comme par celui de la situation. Mais loin de solliciter l’avis du peuple, nos mandataires se refusent même au débat, non seulement au Parlement mais dans les médias : </span>selon François Fillon « <em>un Premier ministre ne débat pas, sauf éventuellement en période électorale »</em><span> (<a href="http://www.liberation.fr/politiques/01012289228-chez-chabot-politiques-et-syndicalistes-vont-parler-retraites-sans-debattre">cf. Libération du 09/09//2010</a>). Nous y revoilà. Fillon-Jospin même combat. Mais quelque lecture que l’on fasse de notre Constitution, il demeure illégitime de la part du pouvoir d’exécuter une politique qui n’a pas été avalisée par le peuple et <em>a fortiori</em> si cette politique trahit et heurte de plein fouet la volonté exprimée dans les urnes et suscite une large désapprobation. Il est plaisant d’entendre Monsieur Fillon, en déplacement au Mans le 29 janvier, </span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">appeler le président égyptien Moubarak à « <em>entendre les revendications </em>», et lui dire </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">qu’</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">« <em>i</em></span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">l </span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"><em>faut que les réformes annoncées se mettent en place</em>, [</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">qu’</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">]<em>il faut que les peuples aient un espoir d’avancer sur le chemin de la démocratie et de la liberté </em>», que c'est le peuple qui décide, qu'il faut que le dialogue s'installe, etc. (</span><span style="color: blue;"><a href="http://politproductions.com/content/fillon-il-faut-entendre-les-revendications">cf. Polit'productions</a></span>). Charité bien ordonnée... </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Monsieur Sarkozy devrait d’autant plus procéder à cette consultation du peuple (</span><a href="http://www.politproductions.com/content/appel-%C3%A0-un-r%C3%A9f%C3%A9rendum-sur-la-r%C3%A9forme-des-retraites-initi%C3%A9-par-politis"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">exigée à l’instant par plus de 300 000 pétitionnaires</span></a><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">) qu’il s’est engagé à maintes reprises, et notamment au cours de sa campagne électorale, à respecter strictement ses engagements.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Certes, les promesses n’engagent que ceux qui les croient, dit un cynique proverbe politicien. Et dans cet « esprit » le plus fort est sans doute celui qui fait de la promesse de respecter ses promesses sa principale promesse. Ce fut le cas du candidat Sarkozy. Trois ans plus tard il en a trahi la plupart et surtout la première. Mais notre question n’est pas de mesurer l’étendue du cynisme politicien, aussi grand soit-il chez l’actuel Président de la République. Elle est d’en délimiter la légitimité.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">II. Que dit notre Constitution du mandat présidentiel ?</span></strong></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Selon notre Constitution le Président de la République doit-il demeurer fidèle aux engagements pris devant ses électeurs? En d’autres termes, son mandat électif est-il simplement </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">représentatif</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> ou bien est-il </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">impératif</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> ? Le mandat qu’il a reçu de ses électeurs le laisse-t-il libre d’agir comme il l’entend, fût-ce à l’opposé de ses engagements électoraux, ou bien l’oblige-t-il à accomplir sans pouvoir y déroger une action qu'il définit dans sa temporalité et sa finalité (ses objectifs et ses modalités) devant ses mandants ou bien qu'ils définissent eux-mêmes? Le critère distinctif d’un mandat impératif est traditionnellement le suffrage universel direct. Mais sur ce point la Constitution est muette. L’article 27 dispose que « Tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du Parlement est personnel. ». </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Mutatis mutandis</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> on pourrait analogiquement en conclure autant du mandat du Chef de l’État. Et il n’y aurait donc rien à reprocher à l’actuel résidant de l’Éysée, si même on peut trouver dans ce dangereux silence de la Constitution de la Ve République un motif de révision.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Il pourrait en aller ainsi si le candidat Sarkozy n’avait justement fait de sa promesse de respecter sa promesse le coeur de sa profession de foi et si, par ailleurs, il n’avait de façon récurrente mis l’accent sur la moralisation de la vie politique et économique. En somme, Nicolas Sarkozy a lui-même demandé aux Français de lui confier un mandat </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">impératif</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> quand il s’est engagé à mettre en œuvre des propositions expressément stipulées et exhaustivement détaillées (« Je veux tout dire avant pour pouvoir tout faire après », 15 mars 2007) et à respecter une obligation de « résultats » (le fameux « je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas » lancé de La Concorde au soir de son élection).</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">III. Le mandat du capital</span></strong></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Cependant les reproches moraux ne font ni ne défont rien en politique. En outre nous savons bien où va la volonté personnelle de Sarkozy : à l’ambition et à la seule ambition du pouvoir, mais d’un pouvoir bien illusoire qui exige de ceux qui le reçoivent une stricte obédience au Capital. M. Sarkozy est – et n'est que – le valet du Capital. Le prouve avec éclat cette promesse de campagne oubliée (et pour le coup heureusement non tenue) d’introduire en France les « subprimes » qu’il fit</span><a href="http://www.dailymotion.com/video/x7455d_sarkozy-aimait-beaucoup-les-subprim_news"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> le 14 septembre 2006</span></a><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> à son retour d’un voyage aux U.S.A.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Rappelons que le « point 8 » du « projet » présidentiel de N. Sarkozy visait à « Permettre à tous les Français d’être propriétaire de leur logement » (sic). Dans ces termes s’exprime l’apparence politique du sarkozysme. Comme toutes les propositions du candidat Sarkozy le « point 8 » vise expressément la justice sociale et économique bien que sa cible véritable soit exclusivement l’accroissement du capital. La mise en œuvre du « point 8 » devait initialement mobiliser trois sortes de moyens : 1/ la construction de logements ; 2/ la déduction de l’impôt sur le revenu des intérêts des emprunts immobiliers et 3/ </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">la création de prêts hypothécaires sur le modèle des subprimes (taux préférentiel mais soumis aux fluctuations du marché, garantie basée sur la valeur marchande de la propriété)</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Certes, Sarkozy promit cette création dans une intervention de septembre 2006 et non dans son « projet » présidentiel définitif, car entre temps la crise financière avait éclaté. Il n’en reste pas moins qu’en septembre 2006 il vantait ce produit avec sa suffisance habituelle. On aura remarqué comment il invoquait la justice et la lutte contre l’injustice pour mettre en valeur la méthode des prêts hypothécaires alors qu’elle est en soi une injustice, les prêteurs américains se croyant jusqu’à la crise assurés non de recouvrer leurs créances, mais, du fait de l’augmentation jamais démentie de l’immobilier depuis la fin de la seconde guerre mondiale, de pouvoir grassement profiter de la revente des logements expropriés dans le cas d’une incapacité de remboursement, plus que probable de la part de pauvres éblouis par la possibilité réelle d’accéder au « rêve américain », à moins que le boulet du prêt hypothécaire ne les forçât à travailler indéfiniment plus. Pur cynisme. Par ailleurs, en septembre 2006 l’effondrement des subprimes avait déjà commencé… Comment un ancien ministre de l’économie et des finances pouvait-il l’ignorer ?... Sarkozy est pour le moins un politicien qui navigue à vue, avec pour seul « cap » l’enrichissement des actionnaires qui lui ont permis de venir au pouvoir.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Du coup tombe l’argutie de Woerth ou Chatel qui, pour justifier la destruction des droits sociaux et économiques votés en 1946, se retranchent derrière la crise, l’invoque en tant qu’élément imprévisible et exogène venu perturber ou compliquer la mise en œuvre de la politique de Sarkozy sans remettre en question ses principes. Mais la crise des subprimes, qui du reste selon le dernier rapport annuel de la </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Cour des comptes</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> n’a pas eu sur l’économie française l’influence prépondérante que ces messieurs lui prêtent, remet bel et bien en question la « politique » du Président de la République. Elle est </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">sa</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> crise comme elle est celle de tous les fauteurs de la spéculation ultra-libérale. Ainsi le « point 8 » du « projet » présidentiel de Sarkozy était-il gros d’une crise analogue qui aurait pu éclater en France et y produire des conséquences socio-économiques plus graves que le krach financier américain si celui-ci n’avait ébranlé le monde à l’été 2007.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">IV. De la faillite de la démocratie formelle au ressourcement du politique dans la pro-duction</span></strong></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Rousseau voit sans doute juste quand il écrit que « </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">la souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée </span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">» et que « l</span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">es députés du peuple </span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">[...]<em> ne sont que ses commissaires</em></span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> » (</span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">ibidem</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">, L. III, ch. 15). Il va plus loin encore quand il écrit qu’« </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">à l’instant qu’un Peuple se donne des représentants, il n’est plus libre ; il n’est plus</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> » (</span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">idem</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">). Ce qui soulève un problème autrement profond, celui de l’</span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">existence</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> politique du peuple en tant que personne morale. Nous connaissons depuis Platon les failles de la démocratie directe, fût-elle exercée par les petites cités dont Rousseau souhaitait le retour. Jacqueline de Romilly, par exemple, les a longuement exposées. Et le populisme référendaire n’est certainement pas la solution au problème de l’exercice de la souveraineté populaire.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Que l’on admette cependant le principe de la démocratie indirecte ou qu’on le refuse, il reste qu’il n’y a pas de démocratie sans citoyens éclairés et responsables, lesquels ne peuvent eux-mêmes se former sans éducation comme l’ont soutenu les philosophes de tous les temps. C’est cette solidarité entre liberté et responsabilité politique, culture et éducation que la </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Constituante</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> de 1946, « </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> », a tenu à garantir dans le Préambule auquel le peuple français a proclamé son attachement en 1958 :</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">« </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">. »</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Or il est clair que notre gouvernement bafoue aujourd’hui ce devoir de l’État. Au nom de prétendues économies budgétaires il détruit l’éducation publique avant d’en céder les restes au secteur privé. Si nous nous souvenons du principe d’inaliénabilité de la souveraineté en acte dans le peuple ou en puissance dans ses enfants, si nous rappelons encore qu’« inaliénable » signifie non seulement « incessible » (notamment par vente) mais encore « qui ne peut-être privé ni de liberté ni de raison », alors nous en conclurons que le pouvoir actuel est occupé à aliéner le peuple.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"><span> </span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">La lecture de Rousseau est plus instructive par les contradictions de notre démocratie qu’elle révèle que par les solutions qu’elle leur apporte ou désespère de leur apporter. La plus criante de ces contradictions est celle sur laquelle s’achève le </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Contrat social</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> :</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">« </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Après avoir posé les vrais principes du droit politique et tâché de fonder l’État sur sa base, il resterait à l’appuyer par ses relations externes ; ce qui comprendrait le droit des gens, le commerce, le droit de la guerre et les conquêtes, le droit public, les ligues, les négociations, les traités, etc. Mais tout cela forme un nouvel objet trop vaste pour ma courte vue ; j’aurais dû la fixer toujours plus près de moi.</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> » </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Dans ce court chapitre, le IXe du Livre IV qui sert de conclusion à l’ouvrage, la difficulté rédhibitoire qui arrête Rousseau n'est pas l'étendue de la tâche, mais son impossibilité pure et simple. La pierre d'achoppement du contrat social est la production marchande dont Rousseau sait très bien qu'elle s'est emparée du monde  et qu'elle ne laissera aucune chance de survie à l'État de droit qu'il vient de porter sur les fonds baptismaux. Là s'exprime le désespoir de sa vie : son impuissance à maintenir la vertu républicaine des Anciens contre l’esprit de commerce, l’ardeur du gain, la dévorante avidité des peuples modernes</span><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">. Tous les jours nous faisons l’expérience de cette incompatibilité entre notre idéal démocratique et le culte du profit. Le remarquable chapitre XV du Livre III du </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Contrat social</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> (</span><a href="../../content/des-d%C3%A9put%C3%A9s-ou-repr%C3%A9sentants-rousseau-texte-et-contexte"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">à lire sur Polit’productions</span></a>) <span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">l’explique ainsi : </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">« </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">C’est le tracas du commerce et des arts, c’est l’avide intérêt du gain, c’est la mollesse et l’amour des commodités, qui changent les services personnels en argent. On cède une partie de son profit pour l’augmenter à son aise. Donnez de l’argent, et bientôt vous aurez des fers. Ce mot de finance est un mot d’esclave, il est inconnu dans la cité.</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> »</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Ces « services personnels » sont ceux que les citoyens doivent à la chose publique. À force de paresse et d’argent, dit Rousseau, ils ont des représentants pour vendre la patrie. Nietzsche et Arendt sont annoncés là d’un coup : l’État marchand et le consumérisme (ou « la mollesse et l’amour des commodités ») destructeur de l’oeuvre publique.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Rousseau sait que la liberté des peuples anciens avait pour prix l’esclavage, condition qu’il ne désire nullement si même il déclare : « </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">peuples modernes, vous n’avez point d’esclaves, mais vous l’êtes ; vous payez leur liberté de la vôtre</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> ». Il souhaite bien plutôt que le citoyen fasse tout de ses bras sans bien entendu s’aliéner au tracas des arts et du commerce. Il y a certainement là chez lui une piste de réflexion qu’il n’a malheureusement jamais approfondie, et l’on ne peut que sourire quand il envisage les bienfaits des corvées.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Nous autres savons, ou devrions savoir ou finirons bien pas apprendre, que depuis le commencement de notre tradition occidentale, le politique s’est </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">érigé sur</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> et </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">perverti par</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> le refoulement-asservissement de la production, et que le peuple ne gagnera sa liberté que dans la réconciliation, rendue urgente par une nature désormais hors d’elle-même, de la pro-duction et de l’action.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-size:14px;"><strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Notes</span></strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> :</span></span></p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /><div id="edn"> <p class="MsoEndnoteText"><span style="font-size:12px;"><a href="#_ednref" name="_edn1" id="_edn1"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[i]</span></span></a> « du peuple », dira l’article 2 du <em>Projet de constitution du 19 avril 1946</em>.</span></p> <p class="MsoEndnoteText"> </p> </div> <div id="edn"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12px;"><a href="#_ednref" name="_edn2" id="_edn2"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[ii]</span></span></a> <span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">« Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice », </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Constitution de la Ve République</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> (Art. 3).</span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"> </p> </div> <div id="edn"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12px;"><a href="#_ednref" name="_edn3" id="_edn3"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[iii]</span></span></a> <span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. C’est droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">la résistance à l’oppression</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> ».</span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"> </p> </div> <div id="edn"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12px;"><a href="#_ednref" name="_edn4" id="_edn4"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[iv]</span></span></a> <span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">« Quand le gouvernement viole les libertés et les droits garantis par la Constitution, la résistance sous toutes ses formes est le plus sacré des droits et </span><em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">le plus impérieux des devoirs</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> » - art. 21.</span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"> </p> </div> <div id="edn"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12px;"><a href="#_ednref" name="_edn5" id="_edn5"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[v]</span></span></a> <em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Le monde comme je le vois</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">, Gallimard, 2005 (souligné par nous).</span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"> </p> </div> <div id="edn"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12px;"><a href="#_ednref" name="_edn6" id="_edn6"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[vi]</span></span></a> <span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Entre « peuple » et « qui » : « La souveraineté nationale appartient au </span><strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">peuple qui</span></strong><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ».</span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"> </p> </div> <div id="edn" style="font-size: 13px;"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12px;"><a href="#_ednref" name="_edn7" id="_edn7"><span class="MsoEndnoteReference"><span>[vii]</span></span></a> <em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB">Sur le gouvernement représentatif</span></em><span lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB" xml:lang="EN-GB"> (1793).</span></span></p> <p class="MsoNormal"><code><em><span style="font-size: 10pt; font-family: &quot;Times New Roman&quot;;">Image </span></em></code><code><span style="font-size: 10pt; font-family: &quot;Times New Roman&quot;;">: N. Sarkozy en campagne</span></code></p> </div> </div> <p> </p> </div> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-8" lang="" about="/user/admin-8" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Sarkover</a></span> <span>ven, 2011-02-11 23:00</span> <div> <i class="fa fa-tags"></i> <span><a href="/term/souverainete" hreflang="fr">Souveraineté</a></span>, <span><a href="/term/sarkozy" hreflang="fr">Sarkozy</a></span>, <span><a href="/term/rousseau" hreflang="fr">Rousseau</a></span>, <span><a href="/term/representation" hreflang="fr">Représentation</a></span>, <span><a href="/term/mandat-representatif-ou-imperatif" hreflang="fr">Mandat représentatif ou impératif</a></span>, <span><a href="/term/laurent-fabius" hreflang="fr">Laurent Fabius</a></span>, <span><a href="/term/democratie" hreflang="fr">Démocratie</a></span> </div> <section id="comments-section"> <h2>Commentaire(s)</h2> <article data-comment-user-id="0" id="comment-78" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1297630740"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/78#comment-78" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pierre Leroy (non vérifié)</span> le dim, 2011-02-13 21:59</span> </div> <h3><a href="/comment/78#comment-78" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">« Que le chef d’un État ait</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;"> <i>« Que le chef d’un État ait une volonté personnelle, rien de plus nécessaire, qu’il soit en droit de l’exercer librement dans les limites de la légalité, rien de plus légitime, que cette volonté puisse à un moment, y compris sur la conception du bien public, entrer en opposition avec la volonté populaire, rien de plus compréhensible, mais que ce chef élu impose sa volonté personnelle au peuple qui pour accomplir sa propre volonté l’a mandaté, rien de plus illégitime. »</i>, écrivez-vous. <p>Votre analyse critique est tout à fait concordante avec la définition de la souveraineté par la Constitution de 1958. On peut en trouver confirmation sur le site du<a href="http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/documentation-publications/dossiers-thematiques/2008-cinquantenaire-la-constitution-en-20-questions/la-constitution-en-20-questions-question-n-5.17354.html"> Conseil constitutionnel</a> : « La représentation de la souveraineté ne découle pas de la nature de son titulaire, qui est un être réel, capable par conséquent de l'exercer lui-même, mais de la seule volonté du constituant ». (Michel TROPER, <i>Comment la Constitution de 1958 définit la souveraineté</i>).</p> <p>Mais les étudiants en droit des affaires n'étudient pas toujours bien le droit constit...</p> <p>Cordialement, PL</p></div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=78&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="i6vyVmettVlRJ3YZlyO1s1NqKSqxjIzx5sNrx0uY8sw"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="13" id="comment-81" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1298068380"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/81#comment-81" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-7" lang="" about="/user/admin-7" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Corpus</a> le ven, 2011-02-18 23:33</span> </div> <h3><a href="/comment/81#comment-81" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Des peuples qui peut-être viennent</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;">« Les sujets réels “qui viennent” (s'ils en vient) seront bien entendu les peuples, tels qu'ils ressortiront des efforts de l'humanité (si elle consent de tels efforts) pour exister autrement qu'elle n'existe en tant que peuple de la production (entendez : en tant que peuple que <i>s'est donné la Production). </i>» Gérard Granel, « Qui vient après le sujet? » in <i>Écrits logiques et politiques</i>, Galilée, 1990.</div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=81&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="bMwTmIasY6UV-ygBDg-UbL2ZUE3gbG8eFCxXmlg2Pa0"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="0" id="comment-98" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1302804000"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/98#comment-98" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Polit&#039;producteur (non vérifié)</span> le jeu, 2011-04-14 20:00</span> </div> <h3><a href="/comment/98#comment-98" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">S&#039;insurger, le plus indispensable des devoirs</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;"> <p>Déjà la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 24 juin 1793 (article 35) fait de la résistance insurrectionnelle le plus indispensable des devoirs quand le gouvernement viole les droits du peuple et donc bien entendu usurpe sa souveraineté : </p> <p>« Quand le gouvernement viole des droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et <strong> le plus indispensable des devoirs</strong>. »</p> </div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=98&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="72B4TiUHO1rxq2rHLkb60OHHP6x6WzHYvDAAop0s810"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="0" id="comment-101" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1298930760"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/101#comment-101" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Polit&#039;producteur (non vérifié)</span> le lun, 2011-02-28 23:06</span> </div> <h3><a href="/comment/101#comment-101" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Fillon voit la paille dans</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;">Fillon voit la paille dans l'oeil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien : il refuse le débat (sur les retraites) avec trois millions de manifestants mais il appelle les autorités d'Afrique du Nord à dialoguer avec les peuples qui les « contestent ».</div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=101&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="hAxO9-1oohu4LjeaK_NlA1yqQR2cKOiUiedSIHORUKw"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <div class="indented"> <article data-comment-user-id="1" id="comment-102" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1298937600"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/102#comment-102" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/politpro" lang="" about="/user/politpro" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">politpro</a> le mar, 2011-03-01 01:00</span> <p class="visually-hidden">En réponse à <a href="/comment/101#comment-101" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Fillon voit la paille dans</a> par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Polit&#039;producteur (non vérifié)</span></p> </div> <h3><a href="/comment/102#comment-102" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">La poutre est tout de même</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>La poutre est tout de même chez Moubarak, Ben Ali ou Khadafi, etc. Il faudrait pouvoir pour une fois inverser le proverbe ; il perdrait évidemment son sens ; mais la paille en l'occurrence n'est pas rien... et votre reproche resterait justifié.</p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=102&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="mKvCVNaefi2IeGLARk5llEay8k1K01HGh4lzErJbUzI"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> </div> <article data-comment-user-id="0" id="comment-141" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1300547880"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/141#comment-141" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Polit&#039;producteur (non vérifié)</span> le sam, 2011-03-19 16:18</span> </div> <h3><a href="/comment/141#comment-141" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Souveraineté inaliénable?</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;"> <p>Selon Sarkozy (du Palais de l'Élysée ce samedi 19 mars), l'avenir de la Libye appartient au Libyens. Bien! Mais l'avenir de la France, à qui appartient-il? à Sarkozy?</p></div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=141&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="r1PwyBmq8vIagT2uyJ8KKOLqdUxTkGHGJadYgQogKVg"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="64" id="comment-397" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1319267700"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/397#comment-397" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-17" lang="" about="/user/admin-17" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Frondeur</a> le sam, 2011-10-22 09:15</span> </div> <h3><a href="/comment/397#comment-397" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Le cynisme de Fillon</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><div style="text-align: justify;"> <p>... qui a déclaré ce jeudi devant le congrès de l'Union professionnelle artisanale (UPA) : </p> <p>« Le laxisme budgétaire est désormais révolu et c'est toute notre nation qui doit consentir des efforts si elle veut protéger sa souveraineté politique, économique mais aussi sociale et, au premier rang, l'État, tout simplement parce qu'il est le principal dépensier ».</p> <p>La souveraineté politique de la nation est foulée au pied par la finance internationale qui exige que les peuples se soumettent à son diktat spéculatif, et ce larbin de Fillon vient nous expliquer que si nous ne sacrifiions pas le service public sur l'autel de la spéculation ou de la dette de la spéculation, nous menacerions notre souveraineté politique!!! De qui se moque ce sophiste? </p></div> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=397&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="Nr_w17OJaZ7-XY0Fm-h2rHaoKqW-i0nt0_Ro3FcqgjQ"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="14" id="comment-418" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1321035420"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/418#comment-418" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/admin-8" lang="" about="/user/admin-8" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Sarkover</a> le ven, 2011-11-11 19:17</span> </div> <h3><a href="/comment/418#comment-418" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">La philosophie du gouvernail</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>Lire un très bon article qui va dans mon sens sur le site OWNI : <a href="http://owni.fr/2011/11/10/la-philosophie-du-gouvernail/">La philosophie du gouvernail</a></p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=418&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="puQ238QehR5v6NtIuO7e8TgkCBcjtlz7P3zhjs-hWJ0"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> <article data-comment-user-id="0" id="comment-3634" class="js-comment"> <mark class="hidden" data-comment-timestamp="1480919280"></mark> <span class="comment-permalink"><i class="fa fa-link"></i><a href="/comment/3634#comment-3634" hreflang="fr">Permalien</a></span> <div> <div class="comment-submitted"> <span>Soumis par <span lang="" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Lucien (non vérifié)</span> le lun, 2016-12-05 07:28</span> </div> <h3><a href="/comment/3634#comment-3634" class="permalink" rel="bookmark" hreflang="fr">Les Français ont tellement de</a></h3> <div class="comment-body"> <div class="field field--name-comment-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="rtejustify">Les Français ont tellement de raison de ne plus faire confiance, il y a tellement d'injustice, nous comptons sur nous-mêmes car nous savons que les élus ne font rien dans l'intérêt du peuple, de temps en temps on nous sort une petite loi sur la défiscalisation en isf, mais ça ne concerne pas tout le monde, il faut considérer tout le monde.</p> </div> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderLinks" arguments="0=3634&amp;1=default&amp;2=fr&amp;3=" token="gHBBdsbxCtyUEGh3ApAaMC7cgV-TpWrpDuCriymAHIs"></drupal-render-placeholder> </div> </div> </article> </section> Fri, 11 Feb 2011 22:00:00 +0000 Sarkover 37 at http://politproductions.com