Un établissement secondaire à la dérive : le Lycée du Parc Impérial de Nice

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  • mar, 2016-09-20 19:42
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Débrayage des professeurs du Lycée du Parc Impérial de Nice le 19/09/2016

Une belle pagaille

Y a-t-il une direction à la tête du Lycée du Parc Impérial à Nice? Pour la deuxième année consécutive, après que l'ensemble du personnel de direction a été renouvelé en 2014, la rentrée scolaire s'est déroulée de façon catastrophique.

Lors de la rentrée 2015, des emplois du temps jugés incohérents et par conséquent "intenables" par les élèves comme par les professeurs avaient conduit ces derniers à se mettre en grève huit jours après le début des cours, le tout sur fond de relations délétères entre le Proviseur et son Adjointe. Qu'on en juge par ces articles de Nice-Matin de septembre 2015 : Le coup de colère des profs et Le conflit persiste. À quoi était venu s'ajouter au terme du premier trimestre un blocus de l'établissement organisé par les élèves pour cause de bulletins scolaires incomplets qui compromettaient leurs capacités à poursuivre des études post-bac et pour les meilleurs à postuler aux grandes écoles dès janvier. Un blocus relaté ici par FR3.

Et il semble bien que bis repetita placent, car cette année encore, ainsi que le déclare Matthieu, un élève du lycée du Parc Impérial, «Les emplois du temps, c'est n'importe quoi. Comme l'an dernier. Les profs sont sympas, heureusement, sinon, c'est le bordel ici. Même l'adjointe a été virée l'an dernier.»

Une administration méprisante

Lors de leur entrevue avec l'équipe de direction, après que celle-ci eut corrigé les «problèmes bloquants», selon son expression, lesquels avaient entraîné le report de la rentrée, les représentants de la délégation syndicale du SNES et du SNALC ont en vain exposé les problèmes subsistants et non moins cruciaux («emplois du temps aberrants au niveau pédagogique, emplois du temps aberrants au niveau humain pour les collègues, groupes – notamment de langues – à effectifs inadaptés donc à revoir, soucis d'ordre pratique : salles, etc. »). L'équipe de direction leur a en effet opposé une fin de non-recevoir, la Proviseure-adjointe affirmant que sa mission était remplie, que désormais ce serait aux professeurs eux-mêmes de chercher les solutions à leurs problèmes, et que faute de temps elle ne répondrait plus à leurs demandes.

La lutte paie

Débrayage des professeurs du Lycée du Parc Impérial de Nice le 19/09/2016. A partir de la droite, Christophe Ricerchi, responsable du SNES, et Philippe Louvez, responsable du SNALC.

La réaction n'a pas tardé. Une assemblée générale a été réunie qui s'est prononcée pour un débrayage des professeurs et leur rassemblement devant les grilles de l'établissement le 19 septembre à 8 heures. À l'issue de cette AG, une délégation syndicale s'est rendue au Rectorat où elle a été reçue par l'Inspecteur d'académie Marc Teulier qui s'est montré plus réceptif aux doléances des enseignants que la direction du lycée.

Au matin du 19 septembre, après le débrayage, le Proviseur du Lycée du Parc Impérial, Hervé Quinsat, a accepté de recevoir une nouvelle délégation syndicale. Il l'a assurée que l'administration chercherait à donner satisfaction aux revendications des professeurs et en tout cas qu'elle répondrait à chacune de leurs demandes, les mêmes qu'elle avait rejetées avec mépris sept jours plus tôt. Une réunion qui aux dires des délégués syndicaux « s'est déroulée de manière tout à fait satisfaisante » même si elle ne pourra effacer le regret « qu'elle se soit tenue deux semaines trop tard et qu'il ait fallu gaspiller tant d'énergie et de temps pour arriver à se faire entendre. » Mardi 20 septembre a paru dans Nice-matin un long article sur la rogne des professeurs (et des élèves) et le soutien de l'Académie.

L'insuffisance des moyens et l'incurie de l'administration

Dans son interview accordée à Nice-Matin (p. 4) l'Inspecteur d'académie tend à minorer les problèmes et à noyer les responsabilités.

En ce qui concerne les emplois du temps, il met l'accent sur l'importante dimension et la complexité du Lycée du Parc Impérial (le plus gros de l'académie). Il invoque le fait que la nouvelle Proviseure-adjointe a été nommée au cours des vacances scolaires alors qu'il n'y avait plus d'adjointe titulaire depuis des mois, qu'elle a dû en conséquence fournir beaucoup de travail en peu de temps pour concevoir l'emploi du temps d'un tel lycée qu'elle ne connaissait pas. Il est vrai qu'en cas de changement d'adjoint c'est à l'adjoint partant de préparer l'emploi du temps de la rentrée suivante. Mais en 2015-2016 il y avait quand même au Parc Impérial une personne faisant office d'adjointe... L'inspecteur souligne encore le caractère toujours provisoire des emplois du temps jusqu'à la fin de septembre, qui en conséquence rend nécessaires des ajustements durant cette période. Mais on est là bien au delà de simples ajustements, puisqu'il a fallu quasiment tout reprendre et que la rentrée n'a pas pu avoir lieu à la date officielle.

Il reconnaît cependant un manque de moyens que les représentants syndicaux ont sévèrement dénoncé en ce qui concerne la dotation horaire. Il s'engage à les allouer, mais met en garde contre la complexification des problèmes qui pourraient résulter de l'ajout tardif d'heures supplémentaires. Mais alors pourquoi si tard? On comprend entre les lignes que le chef d'établissement n'aurait pas anticipé les besoins et n'aurait pas demandé «en amont», avant la rentrée, le volant d'heures adéquat. Les ajustements d'horaires au cas par cas à la rentrée sont toujours nécessaires, en raison notamment de la relative variabilité des effectifs d'élèves jusqu'à ce jour. Un volant d'heures est systématiquement réservé à cet usage. Cependant, dans le cas présent, on a affaire à un déséquilibre entre besoins et moyens prévisionnels qui excède cette variable d'ajustement ordinaire, faute précisément d'une demande adéquate de dotation horaire «en amont».

Et encore ne serait-ce pas aussi simple. Selon Christophe Ricerchi, représentant syndical du SNES-FSU, des heures allouées en juin auraient été reprises à la rentrée pour la création inopinée d'une classe de première supplémentaire, pour ne rien dire de la réduction des horaires disciplinaires, de l'augmentation des effectifs, des suppressions de postes, de la dégradation des conditions matérielles, le tout pour "faire travailler plus et dépenser moins". Alors à qui la faute? à un proviseur incompétent? à un rectorat soumis aux restrictions budgétaires? à une "politique" de l'éducation elle-même asservie à la lex œconomica? à la convergence complice des trois? Dans tous les cas, on ne peut que reconnaître l'incurie de l'administration coupable de mettre en danger les élèves et leurs professeurs, dans le mépris de la première des institutions de la République, l'Ecole.

Commentaire(s)

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3,3 % de réussite en moins au baccalauréat en 2017 par rapport à 2016 (89,7 contre 93%) pour le Lycée du Parc Impérial. La baisse se poursuit. Le lycée, dont les résultats furent naguère excellents, se classe désormais parmi les 7 derniers des établissements publics des Alpes-Maritimes, à la 16e position, et derrière les 11 lycées privés sous contrat de ce département.

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Source : Nice Matin

La manifestation devant le lycée du Parc Impérial. Février 2017

La manifestation devant le lycée du Parc Impérial. Cyril Dodergny

Pas contents les profs du lycée du Parc-Impérial à Nice, qui ce jeudi après-midi ont débrayé.

Pour manifester devant les portes de leur établissement leur colère face à une dotation globale horaire (enveloppe d'heures de cours) qui est à la baisse à la rentrée prochaine.

Avec 150 heures de cours en moins, selon ces profs, pour 100 élèves de moins attendus à la rentrée prochaine.

Ce vendredi matin, une délégation d'enseignants de cet établissement sera reçue par l'inspecteur d'académie des A.-M.

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Il est parti mais il sévit encore. Le proviseur Quinsat a en effet pris sa retraite à la fin de l'année scolaire 2017, et cependant pour la quatrième fois il aura compromis la rentrée du Lycée du Parc Impérial de Nice.

Lors de leur journée de pré-rentrée les enseignants de cet établissement ont eu la désagréable surprise de constater que leurs emplois du temps n'étaient pas disponibles. A la fin de l'année scolaire, les coordonnateurs disiplinaires avaient pourtant procédé à la répartition des services. Mais le proviseur avait cru bon de la modifier dans le courant de l'été et le résultat fut impossible. Dans l'urgence, fin août, on jeta toutes les données dans les machines qui les brassèrent tant bien que mal, rejetant un reliquat de 50 heures de cours sans créneau. Finalement, le jour de la pré-rentrée les professeurs furent "invités", parfois vertement par la proviseure-adjointe, à reconstituer leurs emplois du temps en épluchant ceux de toutes les classes pour vérifier les VS ("ventilation des services", document administratif qui récapitule les services hebdomadaires effectués pendant l’année scolaire en cours par l'enseignant, indique les classes, le nombre d’élèves par classe, l’horaire hebdomadaire) ! Du jamais vu. On comprend que les profs soient de nouveau en colère. Les conséquences seront mutltiples pour les élèves et le personnel : des emplois du temps peu pédagogiques, souvent en désaccord avec les besoins et les vœux des enseignants et à remanier sans doute encore tout le mois de septembre.

Le nouveau proviseur, Monsieur Beauvais, a refusé de reporter la rentrée malgré la demande pressante des professeurs. Toutefois, il a concédé qu'ils avaient enduré trois années pénibles sous le précédent provisorat. En juillet, annonçant sur son blog la cessation des fonctions de Monsieur Quinsat, la FCPE parlait d'une « retraite bien méritée ». Cette association de parents d'élèves se voulait sans doute ironique...