Censure du seul candidat à se présenter sous étiquette communiste à l’élection présidentielle

 

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Les médias consacrent leurs Unes à la candidature de Nicolas Sarkozy qui ne l’a pas déclarée. France 2 médiatise sa rencontre avec Angela Merkel venue le soutenir dans une campagne qu’il n’a pas officiellement lancée. Il y a là une contradiction choquante, d’autant plus que les dits « petits candidats », mais en vérité – au même titre que les soi-disant « grands » – « candidats potentiels » ou encore « pré-candidats », selon la définition du Conseil constitutionnel, sont quant à eux censurés.

Le directeur de la rédaction de L'express.fr n’hésite pas à les qualifier de « grotesques de la présidentielle » et il déclare sans scrupule qu’on n’a pas besoin de l’extrême gauche dans cette élection, ni de l’écologie, et que le débat devra s'organiser exclusivement autour « des raisonnables de gauche et de droite (Hollande et Sarkozy), des populo-souverainistes des extrêmes (Mélenchon et Le Pen), et de l'inclassable Bayrou ».

Les partis ayant pignon sur rue peuvent par une simple pression sur les élus, notamment sur les maires, priver les petits candidats des 500 parrainages requis. Ils n'ont droit à aucune couverture médiatique, pire, ils sont victimes d'une désinformation organisée. On lit par exemple sur le site de La Chaîne Parlementaire (service public, tout de même) que « C’est la première fois dans l’histoire de la Ve République qu’il n’y aura pas de candidat communiste à l’élection présidentielle ». Ce qui est faux.

Il y a bien un candidat communiste, Christophe RICERCHI, dirigeant de « Communistes », parti révolutionnaire de lutte de classe fondé il y a dix ans par des dissidents du PCF dont l’ex-sénatrice Rolande Perlican. Ce professeur d’histoire niçois est même le seul candidat à l'élection présidentielle à se présenter sous la bannière communiste. Joint au téléphone par Agora FM, il explique en quoi sa candidature dérange et pourquoi elle rencontre en conséquence la censure. Il appelle le peuple à se ressaisir du produit et des instruments de son travail et à entrer en lutte contre le capital pour fonder une société véritablement socialiste.

« La crise réveille le spectre de Marx  », titrait il y a peu Le Monde.fr. Mais le come-back de l’auteur de Das Kapital ressuscite à son tour la censure.

Vidéo de Christophe Ricerchi

 

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Dans Spectres de Marx Derrida avait analysé ce phénomène :

« Personne, me semble-t-il, ne peut le contester : une dogmatique cherche à installer son hégémonie mondiale dans des conditions paradoxales et suspectes. Il y a aujourd’hui dans le monde un discours dominant, ou plutôt en passe de devenir dominant, au sujet de l’œuvre et de la pensée de Marx, au sujet du marxisme (qui est peut-être autre chose), au sujet de toutes les figures passées de l’Internationale socialiste et de la révolution universelle, au sujet de la destruction plus ou moins lente du modèle révolutionnaire d’inspiration marxiste, au sujet de l’effondrement rapide, précipité, récent des sociétés qui ont tenté de le mettre en oeuvre au moins dans ce que nous appellerons pour l’instant, en citant encore le Manifeste, la « vieille Europe », etc. Ce discours dominateur a souvent la forme maniaque, jubilatoire et incantatoire que Freud assignait à telle phase dite triomphante dans le travail du deuil. L’incantation se répète et se ritualise, elle tient et se tient à des formules, comme le veut toute magie animiste. Elle revient à la rengaine et au refrain. Au rythme d’un pas cadencé, elle clame : Marx est mort, le communisme est mort, bien mort, avec ses espoirs, son discours, ses théories et ses pratiques, vive le capitalisme, vive le marché, survive le libéralisme économique et politique ! Si cette hégémonie tente d’installer son orchestration dogmatique dans des conditions suspectes et paradoxales, c’est d’abord parce que cette conjuration triomphante s’efforce en vérité de dénier, et pour cela de se dissimuler, que jamais, au grand jamais dans l’histoire, l’horizon de ce dont on célèbre la survie (à savoir tous les vieux modèles du monde capitaliste et libéral) n’a été aussi sombre, menaçant et menacé. »

(Spectres de Marx, Galilée, 1993, Conjurer - le marxisme, p. 89-90)