Déco : les pros de la récup'

          « Rideau du Temps »


France Info / Chronique : Idées Déco
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Déco : les pros de la récup’

OLIVIA FERRANDI - 10 AVRIL 2011

 

 

La crise et la tendance écologiste conduisent de plus en plus de créateurs et d’industriels à se tourner vers le développement durable. La « déco durable » apparait désormais comme une valeur sûre, que ce soit en petites touches dans un appartement, ou en véritable philosophie de production. Le marché est là en tous cas, et il séduit. Tour d’horizon de ces « nouveautés »…

 

« Nouveautés » entre guillemets, car en fait, le principe c’est de faire du neuf avec du vieux ! La déco durable recycle : boutons, canettes écrasées, bouchons en plastic, bouteilles, vieux magazines, tout peut être transformé et retravaillé.

  Lampe suspension, pots de fromage blanc.
DR

Pour les petits objets de déco, les bibelots tout d’abord. Aurore Ollivier-Piketty a publié un livre en ce sens (cf fin d’article). A l’intérieur beaucoup d’idées, une dose de bricolage (plutôt facile) et pas mal de bon sens ! Ainsi les pots de yaourts ou de fromage blancs sont dessinés pour attirer l’œil des clients. Une fois les yaourts mangés, il reste un pot souvent design ! Aurore Ollivier-Piketty, plasticienne, y voit tout de suite l’occasion de faire autre chose. En l’occurrence des lampes (suspensions ou lampes à poser). 
Comment ? Eh bien en gardant les pots par plaquettes et en soudant quatre ou six plaquettes (tout dépend de la taille voulue pour l’abat-jour) avec un petit fer à souder ( 7,50€ en grande surface de bricolage). Le résultat est surprenant ! Une suspension très années 1970 qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celles des grands magasins de déco ! La plasticienne assure que la lampe tient bien dans le temps et ne jaunit presque pas, pas plus en tous cas que les nouvelles suspensions tendance en polycarbonate ou polypropylène !

 

  Cadre papier plissé.
DR

Autre idée, avec des magazines ou des journaux : le papier est plissé, très serré, pour former des bougeoirs, des cadres photos aussi.

 

  Bougeoir papier plissé.
DR

L’idée étant de fabriquer un objet à partir d’une seule édition du journal Le Monde ou Le Parisien. Le pêle-mêle sur une roue de vélo ravira les ados (avec des pinces à linges ou des trombones rigolos pour accrocher des cartes, des billets d’avion…). 
La table basse en bouchons de bouteilles en plastiques sera tout à fait du gout des enfants pour dessiner, on peut aussi l’installer sur une petite terrasse de ville ou un petit balcon pour déguster une orangeade l’été venu !

 

   Table basse, bouchons de plastique. 
DR

Le rideau de porte, avec les babioles accrochées à un fil de laiton, s’inscrit dans la tendance des guirlandes, sauf que celui -ci se fabrique avec des objets de récup’ liés à des souvenirs : petits jouets d’enfant, vieux boutons glanés çà et là , morceaux de CD etc. 
Tout cela ne coûte presque rien, si ce n’est du temps pour concevoir ces objets.

 

  Rideau de porte "rideau du temps".
DR

Du temps, mais un peu plus d’argent aussi, cette fois, pour une autre forme de récup’ : les vieux meubles relookés. Ils se trouvent dans les brocantes, les vide-greniers, sur les sites internet de petites annonces… Pas toujours faciles à trouver, pas toujours faciles à relooker. Pour vous faciliter la tâche, Anita Claux a eu un jour l’idée de créer un site internet dédié entièrement à ce qu’on appelle désormais le « relooking ».

 

  Bureau d'écolier relooké : avant / après. 
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En quelques mois, elle réussit à convaincre 200 professionnels (brocanteurs, antiquaires, décorateurs, « relookeurs », artistes peintres) établis dans toute la France. Ils chinent pour vous les meubles intéressants, les restaurent, changent leur look et vous les proposent dans une nouvelle version. 
Toutes les annonces avec photos, sont sur le site, qui présente aussi des objets détournés (là on est plutôt dans la création artistique avec des objets proches de sculptures modernes, excepté pour le classeur à chaussures).

 

  Classeur à chaussures.
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Les prix ? 70 € pour un chevet, jusqu’à 2000 € pour une commode ou une armoire très travaillées. Pour l’instant, c’est le seul site qui propose cette offre spécifique de « recyclage ».

Du site internet à l’industrie maintenant, car la récup’ est un marché qui intéresse les grosses sociétés. Elles ont vite compris que la tendance est au vert et qu’entre deux produits, les consommateurs choisiront plus facilement celui qui a un label environnemental.

 

  Plan de travail aspect moucheté.
DR

L’espagnol Cosentino se tourne ainsi depuis près de 2 ans vers les usines, les déchetteries pour récupérer des morceaux de céramique, de porcelaine, de verre, de miroir, ainsi que des cendres vitrifiées. Le tout mélangé à des résines en partie d’origine végétale (huile de maïs etc.) et voilà un composite issu à 75 % du recyclage. Ce matériau est vendu ensuite aux marbriers qui en feront des dalles et des plans de travail pour cuisine et salle de bain.

 

  Plan de cuisine aspect lisse.
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Le nom de cette gamme « verte » ? Eco ! Eco comme écologique, pas comme économique a priori, cela reste assez cher, mais Cosentino n’a pas souhaité fournir de prix ! Cela dit, dans les années à venir, cette tendance va sans doute se développer encore plus, et la concurrence fera baisser les prix. Pour l’heure, la société espagnole exporte en France, mais aussi en Europe, aux Etats Unis et en Australie, elle est contactée aujourd’hui pour des marchés d’aménagement de bâtiments publics.

Avec la complicité d’Aurore Ollivier-Piketty, 101 idées déco tout en récup’ (éditions Didier Carpentier, 127p, 21€) , Anita Claux (www.ruedesrelookeurs.com), et Julie Di Cocco- Pannier (société Cosentino)