Sarkozy 6 mai 2012 : de la réforme des retraites à la défaite électorale (Vidéo)

Alors que s'achève le 1er mai 2012, au cours duquel Nicolas Sarkozy a cherché une fois de plus à diviser les Français en organisant une contre-fête du travail d'inspiration pétainiste (cf. de Annie Ernaux : 1er Mai, alerte à l'imposture!), notre vidéo commence par rappeler que si, comme il l'a déclaré cet après-midi au Trocadéro, «Dans la République, ce ne sont pas les syndicats qui gouvernent, mais le gouvernement» – ce que du reste on pourrait regretter si l'on pouvait entendre par «gouvernement des syndicats» l'exercice du pouvoir politique par les travailleurs eux-mêmes – et si «dans la République française c'est le peuple qui décide», ce faux représentant du peuple fut le premier à trahir ces deux principes en décidant de faire adopter par le parlement un projet de réforme des retraites qu'il s'était expressément engagé à ne pas mettre en œuvre lors de sa campagne présidentielle de 2007.

Aussi les syndicats n'ont-ils fait que leur devoir en organisant un mouvement sans précédent qui dura du 23 mars au 23 novembre 2010, précisément ce devoir auquel Sarkozy a prétendu aujourd'hui les renvoyer : défendre le travail et les droits des travailleurs. Ils se sont même montrés trop respectueux des institutions quand ils ont canalisé (on l'entendra ici) le mouvement de l'automne 2010. Sarkozy devrait les en remercier plutôt que de les fustiger. Il leur doit d'être demeuré au pouvoir jusqu'à ce jour, veille de sa nécessaire défaite.

«Dans la République, quand il y a blocage, a ajouté Sarkozy, on donne la parole au peuple !». Bien dit, mais alors que ne l'a-t-il fait par référendum à l'automne 2010 ! Nicolas Sarkozy est un menteur et un usurpateur (Lire sur Politproductions: La Souveraineté en question en France aussi).

Il a cet après-midi une nouvelle fois critiqué l'abaissement de l'âge de la retraite à 60 ans et de la durée hebdomadaire de travail à 35h auquel il s'était en 2008 encore engagé à ne pas toucher. Preuve que cet enjeu fut au cœur de son quinquennat. Et il va le 6 mai en payer le prix fort. Quand on le renvoie à ses promesses, il objecte qu'entre temps la crise est survenue. Mais quand bien même la crise aurait exigé que l'on rapportât ces réformes, c'était en dernier ressort au peuple souverain d'en délibérer et d'en décider, et non à son président qui n'avait pas de Lui reçu «mandat pour faire cela» (selon ses propres termes également rappelés dans cette vidéo).

Mais cet imposteur n'écoute pas la voix du peuple. Il travaille bien plutôt à l'étouffer. Il était opposé au référendum promis aux Grecs par Papandréou, et il a tout fait à Cannes en novembre 2011 afin qu'il n'ait pas lieu. Car Sarkozy n'est là que pour assurer la domination du capital. Cinq années ne lui ont pas suffi pour aligner la France sur le modèle «allemand» – et qui n'a rien de spécifiquement allemand puisqu'il est la matrice mondiale de la production de plus-value par l'exploitation du travail – qu'il appelle un «nouveau modèle social français» de flexibilité, de baisse des salaires et de déréglementation illimitées (branche par branche, entreprise par entreprise, site de production par site de production) et pour la mise en place duquel il a besoin d'un syndicalisme de «transformation». On sait ce que cela veut dire quand on connaît les lois Hartz (Lire sur Politproductions: Les capitalistes devraient préférer Hollande pour le quinquennat 2012-2017).

La crise a bon dos : non seulement elle est le produit de la politique qui avait en 2007 le plein accord de Sarkozy (y compris sur les subprimes; cf. sur Dailymotion: Sarkozy et les subprimes puis sur YouTube la dénégation), et qu'il poursuit depuis toujours, mais elle a permis – et sciemment dans l'intention de ses fauteurs – de booster cette politique fondée sur une idéologie d'exploitation des masses laborieuses enveloppée dans de grands mots creux et aujourd'hui dans le drapeau français.

Cependant Sarkozy est fini. Ses fausses promesses, ses mensonges, sa rhétorique de bas étage et sa sophistique ne font plus recette. Aussi a-t-il désormais aux yeux des capitalistes deux concurrents bien plus compétitifs : la social-démocratie (qui dans les années 90-2000 a réussi en Allemagne ce qu'il se propose de faire demain) et l'extrême droite pour le cas où il faudrait passer à la manière forte. Le petit monde des politiciens qui gravitent autour de Sarkozy le sait bien. Il n'y avait qu'à voir leurs têtes de loosers cet après-midi au Trocadéro. Mais qu'ils sachent bien, eux et leurs pendants de «gauche» ou d'extrême droite, que le peuple des travailleurs ne se laissera pas faire et que ses drapeaux rouges pourraient bien demain flotter sur la France. N'en déplaise à Lamartine.

Place du Trocadero, le 1er mai 2012 (Cliquer sur l’image pour l’agrandir)
 Vraie fête du travail, Place du Trocadéro, le 1er mai 2012.

Commentaire(s)

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Le « vrai » travail? Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail

24 AVRIL 2012

Le « vrai » travail? Celui des 600 accidents mortels, des 4500 mutilés du travail par an? Celui des droits violés, des licenciements sans motif et des heures supp’ impayées?

Le « vrai » travail?  Celui des maladies professionnelles, amiante, TMS, surdité, cancers, qui augmentent, sont sous-déclarées, sous réparées.

Le « vrai » travail? 150 000 accidents cardiaques et 100 000 accidents vasculaires par an dont entre 1/3 et 50 % liés au travail…

Le « vrai » travail? Ce jeune ascensoriste de 26 ans écrasé par l’engin qu’il réparait, à cause de la compétition sauvage « libre et non faussée » entre OTIS et KONE

Le « vrai » travail? Et les milliers d’ouvriers désamianteurs que Sarkozy laisse en ce moment mourir sans protection par refus d’un moratoire?

Le « vrai » travail? Celui de l’ouvrier de 55 ans devant son marteau piqueur? De l’instituteur de 62 ans pour sa 41e rentrée devant sa classe d’enfants? De l’infirmière qui soigne encore à 65 ans? De ceux pour lesquels le travail est devenu si pénible depuis le report de l’âge de la retraite?

Le « vrai » travail? Celui des mini-jobs, des stages, des emplois saisonniers atypiques, des 3 X 8, des 4 X 8, des intérims et CDD répétés?

Le « vrai » travail? Celui des millions de précaires? « La vie, la santé, l’amour sont précaires…  pourquoi le travail ne le serait-il pas? » (Parisot/Sarkozy)

Le « vrai » travail? Celui des millions de travailleurs pauvres mal logés qui n’arrivent pas à vivre avec leurs salaires?

Le « vrai » travail? Celui du milliard d’heures supplémentaires non déclarées, non majorées, non payées attribuées à ceux qui ont un boulot au détriment de ceux qui n’en ont pas?

Le « vrai » travail? Celui des femmes qui gagnent 27 % de moins que les hommes?

Le « vrai »  travail? Celui des jeunes à 25 % au chômage et à 80 % en CDD?

Le « vrai » travail? Celui des Travailleurs Handicapés exclus du dispositif retraite anticipée et pour lesquels les patrons paient plutôt que de les embaucher

Le « vrai » travail? Celui des immigrés, forcés à bosser sans droits et sans papiers par des esclavagistes et marchands de sommeil bien franchouillards?

Le « vrai » travail ? Celui des séniors licenciés, 2 sur 3 à partir de 55 ans et qui ne peuvent cotiser que 35 annuités alors que 42 sont exigés dorénavant pour une retraite décente?

Le « vrai » travail? Celui du partage féroce et forcé du temps de travail entre sur-travail sous-travail et sans-travail, avec des milliards d’heures supplémentaires, trois millions de temps partiels à 60 % subi, trois millions de précaires, cinq millions de chômeurs?

Le « vrai » travail? Celui des restaurateurs dont 1 sur 4 utilisent des clandestins, non déclarés dans le fond de leur cuisine?

Le « vrai » travail?  Celui  d’exploitants agricoles qui tuent des inspecteurs du travail pour pouvoir abuser d’immigrés clandestins?

Le « vrai » travail? Celui des beaufs des cadres casques oranges de chez Bouygues, des contremaitres qui appellent leurs manœuvres de la « viande »?

Le « vrai » travail? Celui qui ne fait jamais grève, qu’on ne voit jamais manifester, qui n’est pas syndiqué, qui piétine son collègue?

Le « vrai » travail contre le droit du travail?  Le pauvre exploité apeuré qui sue, souffre  et se tait, la dinde qui vote pour Noël!

Le « vrai » travail.. « sans statut »? « La liberté de penser s’arrête là où commence le Code du travail » selon Mme Parisot et… M. Sarkozy

Le « vrai » travail… sans loi?  Celui sans état de droit dans les entreprises, sans protection des contrats, sans promotion dans les carrières, sans garantie de l’emploi?

Le « vrai » travail? Celui des conventions collectives, vieillies, foulées aux pieds par un patronat qui ne les négocient plus?

Le « vrai » travail sans syndicat? Sans syndicat il n’y aurait rien, pas de Smic, pas de durée légale, pas de congés payés, pas de sécurité sociale, pas de code du travail

Le « vrai » travail ?  Sans CHSCT, sans hygiène sécurité, sans médecine du travail renforcée et indépendante?

Le « vrai » travail? Celui sans délégué du personnel, sans comité d’entreprise, sans CHSCT, sans institution représentative du personnel?

Le « vrai » travail? à France Télécoms, des dizaines de suicides, faute inexcusable du patron de combat qui licencie, stresse, harcèle, casse.

Le « vrai » travail? Parlons en! Stress, risques psychosociaux, harcèlement, souffrances, suicides, chantage à l’emploi, management de combat?

Le « vrai » travail? Celui sans justice qui remet en cause les élections prudhommes et taxe de 35 euros ceux qui sont obligés de les saisir pour faire valoir leurs droits

Le « vrai » travail? Les travaux les plus durs sont les plus mal payés, bâtiment, restauration, nettoyage, transports, entretien, industries

Le « vrai » travail? Qu’est ce qu’il y connait? Dans le bâtiment, 1,1 million bossent surexploités, maltraités, mal payés, accidentés, et meurent sans retraite.

Le « vrai » travail? Celui des 900 000 foutus dehors par « rupture conventionnelle » de gré à gré sans motif et sans mesure sociale?

Le « vrai » travail?  Celui soumis au chantage à l’emploi, aux licenciements sans cause réelle et sérieuse, abusif, boursiers et incontrôlés?

Le « vrai » travail? Celui soumis à la spéculation de la finance, des fonds de pension cyniques et rapaces, celui des Molex, de Sea France, de Gandrange et Florange, de Continental, Freescale, de Lejaby, de Pétroplus, ou des Fonderies du Poitou, de toutes celles et ceux qui ont du se battre pour le garder?

Le « vrai » travail? Celui des auto-entrepreneurs, un million en théorie, la moitié en réalité, qui se font exploiter comme faux salariés, à bas prix et sans protection sociale?

Le « vrai » travail?  Celui des fausses externalisations, de la fausse sous-traitance, du marchandage, du prêt illicite de main d’oeuvre, des marchés truqués ?

Le « vrai » travail? Celui qui bosse dur pour survivre misérablement ou celui qui exploite dur les autres pour vivre dans des palais dorés, avec des millions aux Iles Caïman?

Le « vrai » travail? Celui des actionnaires, des rentiers, des riches, des banksters du Fouquet’s qui gagnent 600 SMIC par an en dormant?

Le « vrai » travail? Celui de Maurice Levy patron qui se ramasse 16 millions d’euros d’argent de stocks option de poche pillés sur les richesses produites par les salariés.

Le « vrai » travail? Qu’est ce qu’il y connait ce cul doré de Sarkozy? N’a jamais passé la serpillière dans une cantine ni poussé un chariot.

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Olivier Besancenot

Olivier Besancenot se réveille ! Dans un récent ouvrage, il tire le bilan des manifestations de 2010 contre la réforme sarkozyste des retraites et il reconnaît que quelque chose « nous » (lui !) a manqué : « des grèves » (ah ? il les a pas faites ? ou bien veut-il parler de la grève générale illimitée...) et « peut-être » (surtout !) « un certain degré de détermination », notamment « l’occupation de places publiques ». Ben, mon gars, tu sors d'un coma profond… ou tu te fous de nous ? C’était déjà parfaitement clair en 2010, bien qu'à l'époque nous ne t’ayons pas entendu, pas plus que les syndicats fossoyeurs, appeler à cette mobilisation qui avec la grève générale illimitée pouvait seule, de toute évidence, stopper le rouleau compresseur du pouvoir… Lire l’appel de Politproductions à l’automne 2010 et écouter ici Besancenot au micro de Philippe Vandel (« Tout et son contraire », sur France Info, le 12/09/2012):

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Article publié dans Communistes Hebdo N°265

Dans une interview parue dans la presse Moscovici s'exprime sur le dernier rapport de la cour des comptes. Cette dernière est présidée par son ami Didier Migaud, socialiste, porté à ce poste par Sarkozy.

Ce rapport n'a qu'un but, enfoncer le clou sur la situation soi-disant « privilégiée » des retraités. Après avoir allongé la durée de cotisation, c’est aujourd’hui le niveau des pensions qui est dans le collimateur du pouvoir capitaliste. Le rapport préconise d’aligner la CSG des retraités sur celle des actifs, nettement supérieure.

En passant, ce même rapport propose de supprimer les 10% d'abattement sur les impôts. A ces deux mesures essentielles vient s'ajouter un éventail de propositions qui ont toutes un point commun : taper sur les retraités.

Notons également l'évolution du rôle de la cour des comptes qui passe de la vérification des comptes à celui des recommandations.

Quant à Moscovici il estime de façon innocente que rien n'est « tabou », que tout peut se négocier etc... Comme si avant son arrivée au pouvoir le PS n'avait pas cette grave mesure dans ses projets. Ainsi celle-ci est depuis le « changement » de plus en plus évoquée par le gouvernement et d'autres, pour naturellement présenter la facture aux retraités comme étant une solution inéluctable. On est là encore dans la poursuite de la politique déjà mise en œuvre par Sarkozy. Cette fois, en faisant payer les retraités dont le pouvoir d'achat comme celui des salariés est en baisse constante. Ces « privilégiés » dont 940 000 perçoivent le minimum vieillesse et dont plus d'un million sont en dessous du seuil de pauvreté, avec toutes les conséquences que cela comporte notamment sur la santé, le logement et l'isolement. Rappelons également que la retraite, c’est le fruit d’années de travail souvent pénibles.

Mais ces mesures ne sont pas encore mises en œuvre. Ce sale projet doit être combattu. Le 9 octobre dans les rassemblements et le 11, journée d'action des retraités, sont des opportunités pour le combattre.