Les rythmes scolaires recommandés par le Rapport de la Concertation "Refondons l'Ecole de la République"

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  • sam, 2012-10-06 18:59
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 Le cadran scolaire (1956).Le cadran scolaire, Doisneau (1956)
 
Ce que proposent les rapporteurs de la Concertation sur la refondation de l'École est conforme aux propositions du ministre au sujet des rythmes scolaires.
 
En ce qui concerne les grandes vacances, le projet de les réduire et de les zoner se confirme, bien qu'il soit présenté comme une simple possibilité. Pour le lycée du moins, il semble devoir s'imposer dans la mesure ou le Rapport préconise de «reconquérir le mois de juin» et de repousser les conseils de classe à la fin du mois; tout dépendra du maintien ou non des examens finals.
 
Notons que, dans le primaire, le retour à la semaine de quatre jours et demi ainsi que la réduction du nombre d'heures de cours par jour sont une bonne chose dans la mesure où le restant de la journée comprendra «une aide au travail personnel et, d'autre part, des activités culturelles, artistiques et sportives». Pourront ainsi être corrigées les inégalités sociales que l'École a toujours reproduites non seulement quant au strict apprentissage scolaire, mais également quant au développement culturel, artisitique et sportif des enfants. En effet, les collectivités territoriales pourront engager des professionnels pour assurer ce développement au sein des établissements scolaires, tandis qu'il est aujourd'hui à la charge des familles et, en raison du coût des inscriptions dans les centres périscolaires de loisir et de culture, réservé aux plus aisées. On peut écouter ci-dessous un reportage de France Info (Le PLus de France Info, Célia Quilleret) sur une expérimentation de ce type conduite avec bonheur à l'école de l'Iseret à Angers.
 
Cependant, comme le reportage l'évoque in fine, il reste à savoir si l'État et les collectivités territoriales auront les moyens et la volonté de rémunérer les maîtres sans lesquels ces propositions démocratiquement alléchantes seraient de simples artifices destinés à faire passer, sous l'invocation de l'intérêt des enfants, des réformes économiquement rentables, telles que l'annualisation du temps de travail des enseignants, l'allongement de la durée de leurs services dans les établissements et le zonage des grandes vacances, le tout en harmonie avec les normes européennes en vigueur notamment en Allemagne.
 
Voici le passage du Rapport de la Concertation «Refondons l'École de la République» touchant les rythmes scolaires (p. 40-41):
 
«Des rythmes éducatifs adaptés et respectueux des besoins des enfants
 
Modifier les rythmes éducatifs doit conduire à interroger les pratiques pédagogiques et à modifier les programmes d'enseignement. La réorganisation du temps scolaire doit être le moyen de renforcer l'égalité d'accès de tous les jeunes aux activités éducatives, citoyennes, culturelles ou sportives. La réforme des rythmes éducatifs doit s'inscrire dans un cadre réglementaire national pour la définition du calendrier des congés, l'organisation du temps de la semaine et de la journée, les réalités locales des outre-mer devant être prises en compte. Si la durée dévolue au temps scolaire doit être décidée nationalement, il semble pertinent que l'organisation du temps périscolaire complémentaire fasse l'objet d'une décision locale concertée à l'initiative des communes, des communautés de communes ou des départements.
 
¤ La journée, la semaine, l'année
 
→ En primaire, le nombre d'heures de cours ne doit pas excéder 5h par jour. La journée doit obligatoirement prévoir une pause méridienne d'1h30 minimum. Au collège, le nombre d'heures de cours doit être limité à 5h en 6e et en 5e, puis à 6h en 4e et 3e. En primaire et durant les deux premières années du collège, tous les enfants doivent être accueillis au moins jusqu'à 16h 30, voire 17h. Au-delà des horaires d'enseignement, la journée doit comprendre, d'une part, une aide au travail personnel et, d'autre part, des activités culturelles, artistiques et sportives.
 
→ Augmenter à l'école primaire le nombre de jours de classe, par la mise en place d'une semaine de quatre jours et demi. La demi-journée supplémentaire serait le mercredi, avec possibilité de dérogations au niveau des communes.
 
→ Peut être également envisagé d'allonger d'une à deux semaines la durée de l'année scolaire. Il conviendrait également, pour respecter l'alternance sept semaines de cours / deux semaines de vacances, d'envisager soit la suppression du zonage de certaines petites vacances soit le zonage de toutes les vacances.
 
→ Au collège et au lycée, reconquérir le mois de juin, en réformant les procédures d'orientation et de passage des examens de manière à pouvoir retarder les conseils de classe à la fin du mois de juin.»
 
 

Commentaire(s)

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07/10/2012

Cher(e) collègue

Le comité de pilotage de la concertation pour la refondation de l’Ecole a remis son rapport vendredi au Ministre.

Le SNES a participé aux discussions avec détermination et pour porter la parole des personnels.

Le rapport, assez fidèle sur les constats partagés par les participants, pose de lourds problèmes au niveau des préconisations concernant le second degré. Ces préconisations tentent de « sauver » les réformes, en allant même parfois encore plus loin dans leur logique.

Les rapporteurs s’inscrivent ainsi dans une logique de continuité des politiques éducatives du précédent gouvernement, qu’ils jugent seulement mal accompagnées et sans cohérence.

La limitation du nombre d’heures de cours par jour se traduirait par une diminution globale des horaires disciplinaires. Couplée aux propositions de parcours culturels, artistiques et sportives en dehors de ces heures et au discours sur les fondamentaux, elle fait craindre pour l’avenir de nombreuses disciplines (les enseignements artistiques au collège en premier lieu mais aussi toutes celles qui n’existent que sous forme optionnelle au collège ou au lycée).

Pour le collège, tout en reconnaissant l’échec du socle commun de la loi Fillon de 2005 et l’apport des disciplines scolaires dans la formation initiale de tous les jeunes, les rapporteurs proposent une refondation du socle tout en parlant, pour le premier degré des « premiers éléments d’une culture commune faite des savoirs fondamentaux ; des compétences et des valeurs indispensable à une poursuite d’étude réussie… ».

Le collège est alors recroquevillé sur la seule scolarité obligatoire, même si il est affirmé par ailleurs : « Les objectifs du collège doivent clairement s’inscrire dans la double logique du socle commun de la scolarité obligatoire et de la poursuite d’études dans le second cycle », actant ce faisant que l’objectif du socle commun n’est pas la poursuite d’études et reprenant la logique de viatique porté par le socle commun de la loi Fillon.

L’affirmation péremptoire « Pour gérer l’hétérogénéité scolaire, le collège unique doit assumer la continuité avec l’école primaire » permet aux rapporteurs de justifier la proposition d’échanges de services entre enseignants du premier et du second degré, d’enseignement par « champs disciplinaires » ouvrant la voie au retour de la bivalence au collège et à l’installation de « réseaux du socle » même si l’expression n’est pas utilisée.

Rien ne prouve que cette organisation permettra de mieux prendre en charge les élèves qui étaient en échec dans le premier degré (échec établi dès le CE2 selon le rapport)  avant même d’arriver en 6ème, alors que cette question est centrale.

En ce qui concerne l’avenir du lycée, l’affirmation « la majorité des participants à la concertation n’a pas souhaité remettre en cause la réforme en cours dans les voies générales et technologiques » fait fi de l’opinion exprimée par le SNES et largement majoritaire des personnels qui subissent cette réforme dans des conditions douloureuses et déstabilisatrices. Surtout, elle condamne les séries technologiques industrielles d’une part et la série L et les enseignements artistiques d’autre part à une mort certaine à court terme.

Les préconisations concernant l’orientation, floues dans leur traduction concrète, portent de lourdes menaces sur l’avenir de l’orientation scolaire et de ses personnels.

Concernant les rythmes, l’idée de raccourcissement des congés d’été n’est pas écartée et, par conséquence, celle d’une réforme des procédures d’examen.

Le SNES, avec le SNEP, publiera lundi matin un communiqué de presse qui sera téléchargeable sur le site du SNES.

Ils demandent au ministre de prendre garde aux choix partisans opérés par les rapporteurs sur ces sujets qui concernent directement les personnels du second degré et leur avenir, choix que ceux- ci considéreraient comme de véritables provocations s’ils étaient confirmés.

Ils renouvellent leur demande d’une phase de négociation avec les organisations syndicales qui respecte leur représentativité réelle et permette l’expression des personnels.

Ils assisteront à la présentation du rapport au Président de la République le mardi 9 octobre et participeront activement au CSE du jeudi 11 octobre au cours duquel, le ministre présentera les axes qu’il retient pour la nouvelle loi.

La tenue des Etats Généraux du second degré organisés par le SNES, le SNEP et le SNUEP revêt dans un tel contexte une importance particulière.

Le SNES tiendra informés les personnels des collèges, lycées et CIO au fur et à mesure des informations et évolutions des négociations et construira avec eux les mobilisations s’avérant nécessaires.

Cordialement

Frédérique Rolet, Roland Hubert, Daniel Robin
Cosecrétaires généraux

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Le ministre de l'Éducation nationale présente, le lundi 11 mars 2013, à l’Assemblée nationale le Projet de loi d'orientation et de programmation portant refondation de l'École de la République (Cf. également le Rapport annexé au Projet), lors de l'ouverture de l'examen de ce projet de loi.

Le baratin grandiloquent de Vincent Peillon pour vendre son projet de loi pour la refondation de l'École de la République est ridicule. Ce projet – adopté en première lecture par l'Assemblée le 19 mars – est d'une grande indigence qui jure avec les grands principes invoqués. Il s'inscrit dans le prolongement de la politique éducative de réduction budgétaire tous azimuts menée sous la précédente présidence de la République, bien plutôt qu'il ne rompt avec elle comme le prétend le Ministre Peillon.

On notera qu'il a tenu à ce que soit présente à cette ouverture Annegret Kramp-Karrenbauer, Ministre Plénipotentiaire de la République Fédérale d’Allemagne chargée des relations culturelles dans le cadre du Traité sur la coopération franco-allemande. Tout un symbole. Et plus encore, un modèle. Les réformes entreprises au début de la décennie par l'Allemagne, «c'est ce que nous devons faire, c'est ce que nous allons faire!», a d'emblée déclaré notre Ministre après les salutations d'usage.

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M'oui, c'est vrai... Mais le Ministre qui déclare dans son intervention devant les députés (cf. vidéo, à 4'30 environ):

«Derrière moi, vous avez, instauré par les Républicains de 1879, le célèbre tableau de L'École d'Athènes. Nous nous inscrivons dans cette continuité. On a remplacé Louis-Philippe par L'École d'Athènes...»,

ce ministre a programmé la suppression du Capes de lettres classiques, c'est-à-dire du certificat d'aptitude à l'enseignement du latin et du grec dans l'enseignement secondaire, portant ainsi le coup de grâce à la tradition des humanités gréco-latines dans l'École française (Lire sur le monde.fr. Langues anciennes, cibles émouvantes).

Quant à l'image invoquée, elle serait plutôt à inverser, Louis-Philippe s'étant signalé dans l'Histoire, en tant que roi des bourgeois, comme le paupérisateur des travailleurs au profit de l'élite argentée. Claude Bartolone devrait demander qu'à la place de L'École d'Athènes l'on accroche le portrait du "président normal".

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Et il s'agit bien encore ici de rythmes scolaires, mais pas du tout, pour prendre encore le ministre Peillon en défaut de cohérence, du souci de «donner» aux «enfants» du temps «pour apprendre»... C'est bien plutôt le contraire d'après le jury de Capes de lettres classiques auteur de l'article, qui déclare que le grec et le latin en cours de suppression «sont en train de devenir l'un des rares endroits où les élèves les plus fragiles peuvent bénéficier de ce grand luxe dans l'école d'aujourd'hui: du temps.». Mais il n'y a là rien pour étonner ceux qui savent combien ce gouvernement hypocrite est occupé à développer la rentabilisation sous toutes ses formes et dans tous les domaines ...

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@ Prof

Vos craintes n'ont pas tardé à se vérifier : les municipalités protestent contre le manque de moyens pour appliquer ces réformes. Quant à la droite, elle n'a pas manqué de souligner qu'elles n'avaient rien de nouveau et qu'elle les avaient elle-même prévues à l'issue de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires mise en place par Chatel, mais en tenant compte précisément des particularités et des moyens locaux et, par conséquent, en préservant l'autonomie des collectivités territoriales.