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Dans un entretien de 1959 avec Georges Charbonnier (RDF), Maurice Merleau-Ponty retrace le cheminement qui l’a conduit de ses premières recherches sur le comportement à la question du langage.
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Congrès international sur Merleau-Ponty à Boston en octobre 2015
Merleau-Ponty Circle Annual Meeting
The 40th Annual Meeting of the
International Merleau-Ponty Circle
October 1-3, 2015
Worcester Polytechnic Institute
Worcester, Massachusetts
The Twenty-first Century Body:
Thinking Merleau-Ponty In and Out of Time
Conference Description
The present era is animated by unique political and technological landscapes that affect the ways we experience and think about our own bodies and the bodies of others. Although Maurice Merleau-Ponty’s major works were published primarily in the 1940s and 1950s in the context of World War II and its aftermath, the popularity of his philosophy has grown considerably since the turn of the century as more and more scholars from a wide range of disciplines recognize the contemporary relevance of his theories.
The focus of this interdisciplinary conference is to investigate the varied ways that Merleau-Ponty’s phenomenological philosophy speaks and does not speak to our twenty-first century bodies and the ethical, social, scientific, artistic, and existential challenges that situate and enliven them. This three-day congress will include presentations from approximately twenty-five scholars working in a variety of disciplines, an art exhibition on the conference theme, opening and closing receptions with musical performances, and myriad opportunities to engage in conversations about Merleau-Ponty’s place at the dawn of the twenty-first century.
Worcester Polytechnic Institute is a private university that is distinctive in regard to its project-based learning approach to technological and engineering education. Home to more than 4,000 undergraduate students and almost 2,000 graduate students, WPI requires all of its students to pursue a minor in the Humanities & Arts and urges them to envision science and technology that can benefit society on a global level by addressing the most pressing problems of our time. As such, WPI provides a fitting venue for this conference surrounding Merleau-Ponty’s thought, which emphasizes interdisciplinary inquiry and ethical responsibility for bettering the world in which we live. Founded in 1865, WPI will celebrate its 150th anniversary in 2015.
This event is jointly sponsored by the International Merleau-Ponty Circle and the Humanities & Arts Department at Worcester Polytechnic Institute.
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Merleau-Ponty par Claude Imbert
Source: Archives de France
Maurice Merleau-Ponty
Maurice Merleau-Ponty vers 1957
© René Saint-Paul/Rue des Archives
La carrière de Merleau-Ponty fut exemplaire : École normale supérieure, Université, Collège de France. Son évidence ne doit pas tromper sur une oeuvre explosive, ramassée sur une quinzaine d’années, brûlant ses vaisseaux, et laissant quelques impératifs encore mal entendus. Tel est l’héritage de qui avait très tôt résolu de changer de l’intérieur une posture philosophique obsolète et fit de la colère une vertu intellectuelle. Cette colère identifie toute une génération, celle de Sartre, de Beauvoir, de Lévi-Strauss. Confrontée au désastre de deux guerres enchaînées, elle savait que les causalités obvies s’alimentaient d’une démission intellectuelle fascinée par son propre métalangage. Les dernières années 30 avaient été marquées par la haute figure de Jean Cavaillès (1903-1944) qui le premier avait montré, par un détour sur la mathématique la plus récente, que le premier modernisme, celui de Galilée et du cartésianisme, était achevé et que la juridiction d’un sujet transcendantal n’était plus qu’un titre usurpé.
1945 a marqué l’entrée de Merleau-Ponty dans la vie publique. Il venait d’achever la Phénoménologie de la perception dont l’ampleur a masqué la conclusion négative, et le rejet d’une phénoménologie qui prétendait récapituler le réel du temps et des hommes sur un minimalisme discursif convenu. Associé aux Temps Moderrnes, il y fait le point dans le premier numéro : La guerre a eu lieu, titre existentialiste s’il en fut. Il y prenait acte d’une aphasie philosophique face à l’histoire. Toute l’oeuvre à venir sera vouée à une expérience de pensée affranchie des demi-mesures dialectiques. Vint d’abord une exploration des lieux productifs d’intelligibilité. Un manuscrit posthume, La prose du monde, écrit avant la fin des années 40, fait le bilan d’une dispersion sans sommation de quelques registres intellectuels prometteurs. Les Aventures de la dialectique (1953) démontrent la permanence d’une clôture kantienne dans les philosophies dialectiques ou prétenduement révolutionnaires. Il en suit que l’histoire universelle associait le mythe et la terreur, les conséquences idéologiques venaient avec.
Merleau-Ponty n’était pas l’homme des échecs. Ses conclusions négatives étaient devancées par ce qui doublait dès l’origine sa recherche d’une prégnance philosophique en attente. La peinture de Cézanne nourrit une longue méditation informée qui substituerait les virtualités d’un corps cognitif et affectif au voile phénoménologique élimé, distendu de l’empirisme d’Aristote à ses versions criticistes. Dans son histoire moderne, la peinture avait institué des dimensions qui façonnent et interceptent le réel autrement que ne le font les horloges et espaces de la physique classique, et que ne le voulait leur inscription transcendantale. Le mouvement était donné qui, à l’instar de ce que Cavaillès avait conclu de l’histoire récente des mathématiques, redistribuait la mise en conscience du réel selon des expériences fondamentales dont il n’y avait pas à requérir l’unicité mais bien à poursuivre l’élan, pour obscures qu’elles soient dans leur quotidien. Ici Merleau-Ponty rencontrait cette expérience de la peinture contemporaine qui a donné un si puissant ressort à la pensée new-yorkaise. En 1946, Greenberg est publié dans Les Temps Modernes. Prend forme une autre histoire de la philosophie, réseau sans système, et sans autosatisfaction réflexive. Le risque d’aphasie y est incessant par principe et le savoir absolu n’est qu’une contradiction dans les termes. Il suffisait pour rejoindre une anthropologie qui, inaugurée par son ami Lévi-Strauss, cherche encore son nom.
Merleau-Ponty est traduit dans toutes les langues, matière première dont personne n’ignore la qualité. Mais à un Merleau-Ponty cité ou mobilisé sans grand scrupule, on préfèrera le philosophe anonyme dont les injonctions ont été reprises et délivrées d’une terminologie qu’il n’était plus besoin de combattre. Ainsi Foucault ou Deleuze. Sa vision d’une histoire de la philosophie sinueuse, persuadée que l’intelligence ne précède pas la production des schèmes et paroles de l’intelligibilité, a été plus que vérifiée. Une continuité qui puise à plusieurs sources repousse les formules palliatives du post-modernisme. On ne s’étonnera pas d’une rencontre, sur ce point comme sur d’autres, avec les recherches presque contemporaines de Wittgenstein.
Claude Imbert
professeur émérite à l’École normale supérieure Paris
Visiting Professeur à l’université Johns Hopkins et Fudan (Shangaï)