- ven, 2012-02-10 18:49
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Enregistrement radiophonique de Gilles Deleuze datant de 1956, trois ans après Empirisme et subjectivité, « Essai sur la nature humaine selon Hume » (P.U.F., 1953).
L'intérêt de l'interprétation deleuzienne de Hume est d'avoir, avant l'ouvrage remarquable de Didier Deleule (Hume et la naissance du libéralisme économique, Aubier, 1979), situé le centre de la philosophie humienne dans la pratique. «Le souci constant de Hume ne concerne pas le point de vue de la connaissance». Le plus important pour lui n'est pas la théorie de l'association des idées ni la théorie de la causalité auxquelles depuis Kant la tradition tend à réduire son apport, mais «le domaine d'une pratique de l'homme dans la société». Hume fut en particulier l'un des fondateurs de l'économie politique, rappelle Deleuze avant que Deleule ne démontre magistralement qu'il fut aussi le critique de la physiocratie quesnaysienne. Ainsi lit-on dans Empirisme et subjectivité (p. 138) que «l'association des idées ne définit pas un sujet connaissant, mais au contraire un ensemble de moyens possibles pour un sujet pratique dont toutes les fins réelles sont d'ordre passionnel, moral, politique, économique.» Mais Deleuze combat encore l'idée que Hume aurait été le chantre de l'intérêt égoïste bien compris. L'homme n'est pas naturellement égoïste, mais partial. Ce n'est pas la même pensée. Le problème de la société, selon Deleuze que sur ce point Deleule salue dans son livre, n'est pas de limiter les égoïsmes, mais d'«intégrer les sympathies», de faire en sorte «que la sympathie dépasse sa contradiction, sa partialité naturelle» (op. cit., p. 27, et cf. D. Deleule, op. cit., p. 200, note 84). Par là s'éclaire la critique du contrat social dans sa forme lockienne, sinon déjà dans sa version rousseauiste, développée dans Of the original contract (1752, trad. in Discours politiques, bilingue, T.E.R, 1993).
Ce sont ces thèmes directeurs de la lecture deleuzienne de Hume que l'on retrouvera dans la communication radiodiffusée de 1956, introduction vivante à Empirisme et subjectivité.
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David Hume : La révolution praxologique du matérialisme
David Hume : La révolution praxologique du matérialisme
Revue Philosophique de la France Et de l'Etranger 185 (1):19-32 (1995)
Abstract : David Hume : the praxological revolution of the materialism -/- Hume demonstrates that materialistic reductionism is a mere nonsense. However he also describes an entirely new meaning of the matter itself, neither a speculative nor a gnosiologic meaning, but a pragmatic and praxological one. The author aims to show how Hume's sensualist atomism had to result in the recognition of the "industry" as historical principle, specially after 1740. Before Marx, Hume is the first to understand that the essence of materialism, as Heidegger said, does not consist in asserting that all is but matter ; it consists rather in a metaphysical determination according to which all being appears as the matter of a work.