- dim, 2013-08-25 11:30
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D’un style impeccablement sobre et exact, Le sac à main se lit avec plaisir.
Un plaisir que, suivant un encart de l’auteur*, j’invite les visiteurs de Politproductions à partager.
Une nouvelle sociale – Entre les deux Guerres, dans les Combrailles, se mêlent et se repoussent deux classes destinées à se dissoudre dans la société néo-libérale de l’après-guerre. La grande bourgeoisie provinciale, d’une part, enracinée dans le terroir, tendance Action française, de l’entregent, ses villégiatures sur la côte d’Azur, représentée par une riche roturière qui, devenue comtesse par alliance et par intérêt, mime les mœurs surannées de l’aristocratie et mène sa vie festive. De l’autre, le peuple laborieux des campagnes. Delayre est cordonnier. Une vie rivée à l’échoppe par un mariage trop rapide, croit-il. C'est que depuis la Révolution la passion du luxe, jadis réservée à la noblesse de sang, a gagné peu à peu toutes les couches sociales. Elle atteint désormais les modestes artisans des bourgs comme les bourgeois fortunés. Le père Delayre finit par se faire une raison de son sort. Mais il n’en va pas de même pour le fils, Edmond, en qui l’espérance héritée d’une destinée socialement plus haute tourne au rêve éveillé. Après avoir jeté sa gourme, il se serait peut-être lui aussi résigné à endosser le tablier, si le destin, le vrai cette fois, n’avait saigné la jeunesse de France dans la Grande Guerre. Faute de jeunes hommes, la comtesse viendra quérir le bel Edmond pour garnir ses fêtes. La suite est tragique et son récit émouvant. Je la laisse au lecteur.
La puissance de l’amour – Je dirai simplement que le plus pathétique de cette histoire (au bon sens du terme : « Le roman est mort », m’accordait un ami avant d’ajouter : « mais nous aurons toujours besoin qu’on nous conte des histoires » – et encore Le sac à main n’en est-il peut-être pas tout à fait une car je me suis laissé dire qu’Edmond aurait existé et que l’auteur l'aurait connu), le plus pathétique, donc, est sans doute aussi le plus destinal : l’amour qui vient déjouer les plans et les rêves des protagonistes pour les recourber sous la loi d’airain de l’Histoire au prix de la résolution ou de la déchéance et de la folie.
L’éthique de la nouvelle – On sait que selon Musset « Une vie réussie est un rêve d'adolescent réalisé à l'âge mûr ». L’auteur ne semble pas du même avis dans cet exergue à la mémoire de Christian Pirot, son ami éditeur récemment décédé :
« Quand on aura allégé le plus possible les servitudes inutiles, évité les malheurs non nécessaires, il restera toujours, pour tenir en haleine les vertus héroïques de l'homme, la longue série des maux véritables, la mort, la vieillesse, les maladies non guérissables, l'amour non partagé, l'amitié rejetée ou trahie, la médiocrité d'une vie moins vaste que nos projets et plus terne que nos songes. » (Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien)
Reste à savoir si ces « malheurs » sont dus à « la divine nature des choses » comme l’écrit encore Yourcenar…
Extrait (4e de couverture) :
Edmond, quelques-unes des belles créatures que vous ne manquerez pas de rencontrer durant cette soirée, seront un peu seules. C’est très dommage, mais je n’ai pu équilibrer les sexes… Vous savez, cette guerre a vraiment fait une horrible ponction chez nos jeunes garçons… Les malheureux, quatre années de carnage, cette boue, ces tranchées, quelle horreur… Vous étiez trop jeune, par bonheur ! Alors, si ce n’est trop vous demander, occupez-vous d’elles, ne les laissez pas s’ennuyer dans un coin… Bref, soyez leur chevalier servant… Allez, passez une excellente soirée, mon bon ami…
EAN13 : 9782868082800
ISBN : 978-2-86808-280
Éditeur : Pirot
Date Parution : 27/01/2011
Dimensions : 13 cm
Pages : 96
Poids : 401 g
L'auteur – Dominique Duboisset partage sa vie entre son Auvergne natale et Nice où il réside. Il a publié Les Boucles de Nephtys (Editions du Rocher) en 1992.
* « Cette nouvelle est éditée aux Editions Christian Pirot dans le but de la faire connaître hors des circuits commerciaux traditionnels. Si sa lecture vous procure du plaisir et si vous pensez qu’elle mérite une plus large diffusion, vous êtes invité à la faire partager à des amis ou des libraires intéressés. Cette nouvelle pourrait ainsi avoir sa place dans le paysage littéraire contemporain. Merci. »
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