- lun, 2013-12-02 23:57
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«Péché véniel!». C'est en ces termes cyniques et peu laïques que Marine Le Pen a justifié au micro de Ruth Elkrief (BFMTV) le mensonge effronté de Paul-Marie Coûteaux à la presse. Aucun regret. Rien de très grave, rien que de banal, pas l'affaire du siècle! Florian Philippot avait déjà essayé de le dire à Maïtena Biraben au cours de l'émission qui a révélé le mensonge du recruteur du FN; mais sa langue avait fourché: «Vous n'avez jamais eu devant vous un homme politique qui ne vous a pas menti?»...
Plus grave, lorsque Ruth Elkrief l'interroge sur l'écart entre la réalité du FN et sa vitrine en train de se fissurer, Marine Le Pen s'en prend à la journaliste en incriminant son comportement...
Le parti des Le Pen recommence à montrer son vrai front quand son fard fond sous les feux enfin allumés des médias... Et heureusement, car dans la République le racisme, la xénophobie, le mensonge sont des "péchés" mortels!
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Commentaire(s)
De la gêne au FN
La langue de Philippot fourche, et Marine Le Pen bafouille, quand même un peu gênés aux entournures les "purs" du FN
Les souverainistes en train de récupérer Marine Le Pen?
Marine Le Pen serait-elle en passe de se faire récupérer par les souverainistes, prise au piège de sa stratégie de "dédiabolisation" et d'"ouverture"? Aujourd'hui elle salue (sur le site du FN) «la mémoire de l’homme et de l’ancien président de la République d’Afrique du Sud qui, par patriotisme et par amour de son peuple, avait réussi à sortir son pays de la guerre civile en le préservant des déchirures», dans l'oblitération de la condamnation paternelle du leader-"terroriste" de l'ANC au cours des années 90-2000... Et elle prépare un changement d'identité, du moins du patronyme du parti dont elle s'est mise à dos la tendance la plus extrémiste et à la fois la plus traditionnelle. Où va-t-elle s'arrêter? dans quelle impasse? Elle croit sans doute à la puissance rassembleuse de son propre charisme... En cela, elle est bien la fille de son père: moi, moi, moi. Belle illusion dont elle devrait se réveiller au lendemain des municipales.
Paul-Marie Coûteaux ou le rêve d’accrocher le FN à la droite
Paul-Marie Coûteaux, le 21 novembre 2010 à Paris (Photo Francois Guillot. AFP)
A 57 ans, Paul-Marie Coûteaux, passé chez Chevènement, Séguin, de Villiers et à l’ONU, rêve d’unifier la «droite nationale». Pour l’instant, il «rend service» à Marine Le Pen en étant l’une des têtes de liste du FN aux municipales à Paris.
Toujours dans une roue, jamais en tête du peloton, M. Coûteaux a un beau CV: dix ans député européen, il a aussi été dans de nombreux cabinets ministériels sous François Mitterrand, dont celui de Jean-Pierre Chevènement lorsqu’il était à la Défense (88-91).
Bon orateur, ce charmeur affable aux cheveux ras, chaussé d’éternelles petite lunettes rondes, aime jouer le modeste: plume du secrétaire général de l’ONU Boutros Boutros-Ghali entre 1992 et 1993, c’est «la seule période de ma vie où j’ai eu un rôle important», confie-t-il devant un thé dans une institution de la Rive gauche.
Les talents de cet excentrique de la vie politique sont pourtant salués par les rivaux de son terrain de «chasse». Un «intellectuel de haut niveau», selon Philippe de Villiers. «Une plume qui avait tout compris des escroqueries de l’UE avant les autres», l’encense Nicolas Dupont-Aignan.
L’écrivain est toutefois moins connu que l’entremetteur, épinglé dimanche 1er décembre dans un reportage de Canal + pour avoir inventé des ralliements pour Marine Le Pen.
«Il veut toujours bien faire, il ne voulait pas perdre la face», sourit Florian Philippot, le bras droit de Marine Le Pen.
Car Paul-Marie Coûteaux se veut au carrefour du souverainisme. «Il a énormément de relations», souligne Wallerand de Saint-Just, candidat du FN à la mairie de Paris.
A droite toute
Le «ni droite ni gauche», leitmotiv d’une large partie de la tête du Front national? Très peu pour lui: «Pour gouverner, il faut privilégier les alliances à droite. Question de tactique».
Et il discute avec la droite, toute la droite: il doit s’exprimer dimanche lors d’une «marche pour la laïcité», à Paris, à l’appel de Résistance républicaine, un groupuscule «fier» d’être «islamophobe». Lors des législatives de 2012, il a appelé à voter pour certains candidats UMP, tentant de donner une existence à cette passerelle qu’il appelle de ses voeux entre UMP et FN.
Son souhait? «Créer un mouvement unique de la droite nationale», car «la Ve République veut des alliances». Être le «monsieur alliances» qui ferait gagner Marine Le Pen
Sa formation «embryonnaire», le SIEL (Souveraineté, indépendance et libertés), 600 adhérents revendiqués, composante du Rassemblement Bleu Marine, en serait l’instrument, car il ne veut pas adhérer au FN: «Ce n’est pas ma famille politique... Je suis platonicien, la vérité est dans les origines».
Mais à défaut d’un banc entier, il ne ramène pour l’instant que de beaux poissons à la patronne du FN.
Deux énarques, comme lui, tout d’abord: Florian Philippot, numéro deux du FN, Philippe Martel, ex-chef de cabinet d’Alain Juppé, qui occupe désormais ces fonctions chez Marine Le Pen. Et il a aussi contribué à la venue de Bertrand Dutheil de la Rochère, longtemps très proche de Jean-Pierre Chevènement.
Pas toujours bien perçu au sein du FN, il risque, à défaut de réussir ce grand rassemblement, de n’être qu’une caution de l’élargissement revendiqué par le parti d’extrême droite. D’autant que l’UMP, bien qu’en difficultés, n’en est pas à l’explosion. Il ne s’en défend d’ailleurs que mollement, reconnaissant lui-même sa fonction première : «Je travaille pour Marine Le Pen».
«Une partie de lui ne doit pas être très heureuse là où il est», juge Nicolas Dupont-Aignan.
Mais Paul-Marie Coûteaux dit toujours croire à sa haute mission. Pourquoi s’est-il éloigné de Philippe Séguin et Jean-Pierre Chevènement? «Ils ont fait de la politique, pas de l’Histoire». En attendant son entrée dans l’Histoire, il a jusqu’au mois de mars pour faire campagne à Paris dans ce VIe arrondissement qui lui plaît car il est conforme à sa «sociologie, un peu Radio Courtoisie» (radio parisienne très à droite). Une campagne où il faudra faire de la politique.
AFP