Le jeu des différences entre le FN et le NSDAP

Collage Politproductions de l'affiche de Hein Neuner (1939), légendée "Jugend dient dem Führer", d'une part, et, d'autre part, de sa copie par le réseau France Nationaliste destinée à promouvoir la jeunesse de France.

Si vous vous ennuyez ce premier mai, ou si vous vous angoissez, vous pouvez toujours tenter de vous divertir en cherchant d'éventuelles différences entre ces deux affiches : la première (de Hein Neuner, 1939), légendée Jugend dient dem Führer, La jeunesse sert Le Führer, appartient à la propagande des Jeunesses hitlériennes, la seconde promeut la jeunesse nationaliste de France (elle est téléchargeable sur le blog de France Nationaliste Comme on peut le constater aujourd'hui, 8 juin 2013, la page a disparu avec le blog, dont Politproductions conserve cependant les traces dans ses archives. En revanche, le portail du compte Facebook de France nationaliste exhibe encore l'affiche... Voir ici - portail également expurgé de son affiche, selon ce que nous constatons ce 30 mars 2015, mais que l'on peut retrouver tel qu'à l'origine dans cette vidéo de Politproductions - Compléments d'information de Politproductions).

Mais vous serez sans doute arrêtés par la troublante ressemblance entre l’adolescent représenté sur l’affiche des Jeunesses hitlériennes et celui qui figure sur l’affiche de France Nationaliste. En réalité, c’est le même.

Complément d'information (modification du 26 juin 2012; cf. infra le commentaire de mk):

« Pour faire la photo » le graphiste ne s’est pourtant pas inspiré du Prince Eric de Serge Dalens, même si ce dernier a été un membre actif du FN ! Au lieu de copier-coller, on sélectionne, rogne, agrandit le visage de l'adolescent. L’affiche de France Nationaliste est une capture, une partie d’un tout. Reste le fond… Apparaît en détail « le visage d'Hitler lui-même ». Il suffit de repérer l’effet du zoom. Ce que révèle, de haut en bas à droite, le cadrage sélectionné - cerne, pommette, ride et menton - c’est le document utilisé, le tout, qui, même tronqué, persiste dans la partie. Le graphiste a bel et bien utilisé l’affiche de propagande nazie de Hein Neuner, mais Thierry Maillard ne savait pas « à partir de quoi il avait fait la photo... » qui s’adresse aussi à la jeunesse ! Pas plus que le cadrage, l’habillage ne masque rien ni l’origine du visage capturé ni le fond…

Cette identification indique la difficulté que Marine Le Pen devrait rencontrer pour nous faire oublier le « patrimoine » et l’identité du parti que papa lui a transmis. Le Réseau France Nationaliste est l’une des formations fondées par le responsable de la section du Front national de Reims, Thierry Maillard. En janvier 2006 le FNJ (Front national de la jeunesse) annonçait sur son forum que France Nationaliste, « qui regroupe des dizaines d’associations, groupes et clubs nationalistes français (FNUC, GAN, GNR…) sur l’ensemble du territoire national, [venait] de conclure son ralliement à l’Union des patriotes autour de Jean-Marie Le Pen, candidat à l’élection présidentielle de 2007 ». En mai 2006 le Manifeste de France nationaliste réaffirmait cette alliance (nous avons saisi en rouge certains passages). En décembre 2010 Marine Le Pen était à Reims la star d'un apéritif franchouillard réunissant des marinistes dont Maillard, candidat FN aux cantonales.

Si donc elle veut faire le ménage dans son parti, Marine Le Pen doit en bonne logique commencer par elle-même. C’est du reste ce qu’elle fait puisque le ménage ici ne consiste qu’à masquer l'ordure et à silencier l'insoutenable pour « n’effrayer, n’irriter personne », tandis que le peuple, lui, se pervertit de façon de plus en plus ouverte et bruyante. Les ordres ont sans doute été donnés pour cette mascarade. « Que les militants se tiennent prêts », déclarait le père lors du 1er mai 1990, puis provoquant l’acclamation de la foule : « j’appelle, en même temps qu’à la vigilance et à l’action, j’appelle à la discipline nationale tous nos militants qui, si besoin était, recevraient les ordres que leurs dirigeants leur donneraient ». Consulter cette archive de l'INA, à 1' 27":

Le chef suprême a peut-être changé, pas le Führerprinzip.

Que la fille Le Pen cesse donc de faire la sainte-nitouche, comme font mine de le réclamer son père ou Gollnisch lorsqu’ils lui reprochent d’avoir exclu un militant pour un salut nazi « blagueur » devant le panneau d’agglomération de Vichy. Le problème est loin d'être isolé. Il n'est pas dû à tel frontiste, en l'occurrence ce candidat aux cantonales en Moselle, qui se serait laissé aller à un jeu de mauvais goût. Tous ceux qui ont vécu les débuts du renouveau du FN dans les années 80 (on ne remerciera jamais assez François Mitterrand) ont souvenir de ce que lors de ses meetings Le Pen était accompagné d’une nuée de crânes rasés brandissant un poing qui s’ouvrait en salut fasciste. La pratique perdure comme en témoigne cette photo prise lors d'une contre-manifestation intégriste anti-Kiss-in à Lyon en mai 2010, devant la Cathédrale Saint-Jean... (voir le reportage de TLM)

Militants d'extrême droite ouvrant leurs poings tendus en saluts fascistes sporadiques lors d'une contre-manifestation intégriste anti-Kiss-in à Lyon en mai 2010, devant la Cathédrale Saint-Jean..

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Ce salut sporadique est un symbole fort ; il exprime la stratégie de tous les partis d’extrême droite, à commencer par celui d’Hitler. Le racolage éhonté des couches laborieuses en souffrance (auquel se livre aujourd’hui la fille de Le Pen qui, lui, se présentait plutôt comme économiquement libéral et absurdement anticapitaliste), la reprise radicalisée du thème de la lutte anticapitaliste à une gauche avachie dans la social-démocratie libérale ont été les leviers de la montée au pouvoir de Mussolini et de Hitler, le levain de l’illusion populiste.

Cependant, que des gens que l’on pouvait croire cultivés, tel Gilbert Collard, puissent envisager de se rallier au FN laisse pantois, qu’ils se laissent abuser par sa récente volte-face démocratique et républicaine est à peine crédible (écouter en bas de page les déclarations de l’avocat qui devait participer le 30 avril à Paris à une réunion des cadres du Front National et qui est joint la veille au téléphone par Jérôme Florin pour RTL). Cet « avocat à deux balles », comme le surnommaient les Guignols, qui aujourd'hui récupère Socrate au profit du FN, aurait-il été aveuglé par la perspective des honoraires que pourrait lui rapporter demain la défense tous azimuts des frontistes en quête de respectabilité? Ou bien son ralliement obéit-il à des mobiles plus profonds?

Rappelons-nous qu’Hitler n’était pas seulement entouré de paumés pervers et de repris de justice, mais qu’il fut également soutenu, du moins au début, par une partie de l’intelligentsia ainsi que le rappelle Hannah Arendt dans Les Origines du totalitarisme. Elle explique en partie ce soutien par le ressentiment de « l’élite » à l’égard de la bourgeoisie, par le désir de se révolter contre son ignorance de l'unité populaire et son instrumentalisation du Bien public à des fins privées, et par le plaisir de percer à jour l’hypocrisie de la morale bourgeoise en acceptant les critères cruels de la populace méprisée mais dénuée d'arrière-pensée. Arendt rappelle l’accueil triomphal réservé par l’Allemagne préhitlérienne à l’Opéra de quat’sous de Brecht qui présentait des gangsters comme de respectables hommes d’affaires, et de respectables hommes d’affaires comme des gangsters. Mutatis mutandis, on pense ici à Céline, mais également à l'antienne « Je gêne, je dérange... puisque je dis tout haut ce que tout le monde pense tout bas et qu’il n’est pas convenu de dire » que Le Pen avait reprise à Xavier Vallat, borgne et antisémite lui aussi. Et on pense de nouveau à Gilbert Collard qui, dans l’interview que vous venez d’entendre, invoque son désir de liberté et de révolte face à la « douane des idées » ou qui déclarait début mars : « S’il n’y avait Marine Le Pen qui ose exprimer haut et fort le non-dit d’une France exaspérée d’être ignorée, croyez-vous qu’on s’intéresserait tout à coup à un peuple qui cherche à retrouver enfin une adresse à la poste restante de l’histoire, du mondialisme et d’une Europe déracinée? ». L’extrémisme est ici moins désiré pour lui-même (Arendt dit que ses propositions les plus absurdes n'étaient pas prises au sérieux par l’élite, tandis qu’aujourd’hui, entendons-nous, elle les croit bien à tort irréalisables en raison des leçons de l’Histoire) que pour sa révélation crue et cruelle des vérités dissimulées par l’hypocrite clair-obscur d’une morale humanitaire et d’une politique libérale.[1]

Toutefois, on ne doit pas oublier, rappelle Arendt, que l’intelligentsia fut balayée avant même que le nazisme (entre autres régimes totalitaires) passe à ses crimes les plus monstrueux. « L’initiative intellectuelle, spirituelle et artistique est aussi dangereuse pour le totalitarisme que l’initiative criminelle de la population, et l’une et l’autre sont plus dangereuses que la simple opposition politique. La persécution systématique de toutes les formes supérieures d’activité intellectuelle par les nouveaux dirigeants de masse a des raison plus profondes que le ressentiment naturel pour tout ce qu’ils peuvent comprendre. La domination totale ne tolère la libre initiative dans aucun domaine de l’existence ; elle ne tolère aucune activité qui ne soit pas entièrement prévisible. Le totalitarisme, une fois au pouvoir, remplace invariablement tous les vrais talents, quelles que soient leurs sympathies, par ces illuminés et ces imbéciles dont le manque d’intelligence et de créativité reste la meilleure garantie de leur loyauté » (Les Origines du totalitarisme, Troisième partie, X, II. L’alliance provisoire entre la populace et l’élite, Quarto Gallimard, 2002, rééd. 2005, p. 654-5).

Enfin, afin que l’on mesure quel potentiel recèle l’apparence « convenable » dont se parent les partis d’extrême droite dans leur montée vers le pouvoir, donnons la parole, une fois n’est pas coutume, à Trotsky. En décembre 1933 il analyse la stratégie nazie qui consista à « n’effrayer..., à n’irriter personne, mais au contraire à ouvrir grand les bras » (et dont les Français firent l’expérience directe au début de l’Occupation), au moment même où Hitler l'infléchit en quittant la S.D.N. après y avoir déclaré son amour inconditionnel pour la paix.

« Léon Trotsky. Article publié dans "La Vérité", 8 décembre 1933

Hitler veut la paix… 23 novembre 1933

Ses discours et ses interviews sur ce thème sont bâtis selon une vieille formule : la guerre est incapable de résoudre une seule question, la guerre menace d'extermination les races supérieures, la guerre provoque la ruine de la civilisation. L'argumentation classique des pacifistes pendant des centaines d'années ! D'autant plus réconfortant se trouve être le fait que le chancelier du Reich a déjà réussi à convaincre plusieurs journalistes étrangers de son absolue sincérité. Il est vrai qu'un autre pacifiste, dont la sincérité n'est pas sujette au moindre soupçon, Carl Ossietzky, peut demander pourquoi il continue à rester dans un camp de concentration, si le chef du gouvernement actuel applique avec zèle, sinon avec beaucoup de talent, son thème fondamental. Mais Ossietzky a été emprisonné précisément pour qu'il ne puisse pas poser de questions embarrassantes.

Les arguments de Hitler ne sont convaincants que dans la mesure où ils ont du volume. Tous les ministres, tous les orateurs, tous les journalistes jurent que le IIIe Reich a été créé pour réaliser la fraternité des peuples. Si toute l'Allemagne national-socialiste est en train d'apprendre le maniement des armes, c'est afin de mieux s'imprégner de haine contre elles. » Pour lire la suite consulter ou télécharger ce pdf.

[1] On trouvera chez Gérard Granel une analyse fondamentale des rapports entre populaire et populisme dans « La guerre de Sécession », Écrits logiques et politiques, Galilée, 1990, p. 341-382. Cf. également « Les années trente sont devant nous », Études, Galilée, 1995, p. 67-89.

Sur le même sujet, consulter sur ce site :
 
Sur un sujet connexe :
 

Gilbert Collard joint au téléphone par Jérôme Florin pour RTL (le 29.04.2011) :

Commentaire(s)

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Le journaliste de RTL : « Et vous pourriez afficher votre soutien pour elle [Marine Le Pen] pour 2012 ? ». Gilbert Collard : « Je vais vous dire une chose : même si je n’en avais pas envie, la douane des idées qui se met en place m’est tellement insupportable que, presque pour montrer qu’on peut être libre malgré les pressions qui s’exercent, dans un acte de révolte je pourrais le faire. »

Le passage en gras de la communication diffusée illustre bien l’analyse de H. Arendt...

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@ admin

J’aurais tendance à être assez d’accord avec le propos. J’ai peur néanmoins qu’il ne soit une fois de plus accusé de participer à la chasse aux sorcières, défense que certains convertis récents (je pense en particulier à Malakine du blog Horizons) exhibent chaque fois que l’on ose émettre des doutes quant à la transformation supposée du FN en un parti comme les autres.

Je ne sais pas s’il existe des arguments permettant de démontrer sans doute possible que le FN n’a pas fondamentalement changé. J’ai peur qu’il faille attendre d’éventuelles conséquences déplaisantes pour que certains ouvrent enfin les yeux.

Il ne faut pas non plus écarter la possibilité qu’ils aient raison mais encore faudrait-il qu’ils acceptent qu’on en doute et qu’on demande des arguments plus probants que de simples déclarations d’intention supposées effacer 40 ans d’histoire tumultueuse.

J’avoue que le texte de Trotsky est tout à fait pertinent et devrait inciter à la prudence. Même si l’on ne peut nécessairement comparer ce que nous vivons aujourd’hui avec la situation à l’époque, il y a des leçons à tirer. Je crains cependant que ceux qui devraient les tirer, ne soient pas en mesure de le faire, tant ils se placent par avance en position de martyrs injustement accusés !

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Je ne puis moi-même qu'être d'accord avec vous, bien que ma conviction, nourrie d'analyses philosophico-politiques et historiques, soit plus arrêtée que la vôtre.

... à l'heure où je vous réponds je regarde sur France 2 l'émission « Complément d'enquête » présentée par Benoît Duquesne et consacrée ce soir à l’extrême droite. Comme vous le savez sans doute, Marine Le Pen a annulé sa participation à cette émission au double motif qu’elle doit traiter entre autres des « skinheads » et qu’elle est intitulée : « La tentation de l’extrême droite ».

Dans un communiqué Marine Le Pen a rappelé qu’elle refusait qu’« on associe le terme “extrême droite” au Front National dans la mesure où cela assimile son parti à des mouvances politiques avec lesquelles elle n’entretient aucun rapport ». L’article a donné quelques pistes pour juger de la véracité de ce propos. L’émission en apporte d’autres plus probantes encore.

Il y a un principe de précaution en politique aussi. Mais le simple fait que la présidente du FN menace de poursuites judiciaires ceux qui oseraient commettre cette association et cette assimilation devrait déjà absolument convaincre du caractère fasciste de cette personne et de son parti.

Je vous accorde toutefois que nombreux sont encore ceux qui ne connaissent que le principe de l'analyse des risques réels et qui n’ouvriront les yeux que sur les malheurs de l’Histoire.

Si Marine Le Pen a pour elle quelque excuse, c’est qu’elle est restée une petite fille oedipienne, probablement très traumatisée, qui serait rapidement balayée en cas de raz de marée éléctoral en faveur du FN, du moins aussitôt son père disparu.

Au moment de vous quitter, j'entends que la présentation par Duquesne du reportage litigieux sur les crânes rasés est très prudente : il annonce, en substance, une séquence sur les ravages que peut faire une idéologie mal comprise sur des esprits faibles. C'est ainsi qu'on recule devant sa propre peur.

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En participant à l'émission de Duquesne la Le Pen avait l'occasion de « faire » publiquement « le ménage », c'est-à-dire de déclarer face à ces « skins » qu'elle les réprouvait. En renonçant à sa participation à cause de la séquence qui devait leur être consacrée, Le Pen a confirmé son besoin de et son soutien à cette mouvance infâme. Point barre.
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Vous avez raison, et somme toute l'émission aura été très complaisante, notamment dans son reportage sur la famille Le Pen à faire pleurer dans les chaumières (d'une complaisance qui est en train de se répandre dans l'ensemble de la presse de façon inquiétante). Marine Le Pen le savait, elle connaissait le sommaire de l'émission et sans doute davantage, il lui aurait donc été d'autant plus facile de (prétendre) se désolidariser de la mouvance néo-nazie. Non, elle ne l'a pas voulu parce que le FN est indissolublement attaché à cette mouvance et réciproquement. Qui plus est, l'exemple choisi par Complément d'Enquête était le milieu champenois où l'implantation du Fn est particulièrement remarquable; c'est du reste également sur cet exemple que s'appuie l'article pour dénoncer le soutien de Marine Le Pen à la mouvance néo-nazie par l'intermédiaire de son soutien à Thierry Maillard... L'annulation par M. Le Pen de sa participation à l'émission Complément d'Enquête est donc nulle : elle a confirmé ce qu'elle prétend dénoncer.

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Si le FN est peu divertissant à Reims, il faut l'avouer, il n'en va pas de même à Marseille où Mireille Barde fait rire la France entière. Non, il ne s'agit pas d'une participante au Festival du Rire, mais d'une authentique candidate FN aux cantonales. Voyez ses réponses au quiz de Marsactu :

http://www.dailymotion.com/video/xhltyy_quiz-elections-cantonales-mirei…

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Euh, pas si drôle que ça, cette Barde connaît bien la chanson du Fhaine et elle a obtenu les résultats suivants qui n'ont rien de ridicule :

Premier tour :

Solange Biaggi (UMP) : 23,66%
Mireille Barde (FN) : 22,30%
Jocelyn Zeitoun (PS) : 19,71%
Sébastien Barles (Verts) : 18,65%

Second tour :

Solange Biaggi (UMP) : 64.84 %
Mireille Barde (FN) : 35.31 %

Participation : 34.45 %

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Les déclarations des responsables du FN à propos de l’ « affaire Gabriac » :

« S’il s’avère que cette photographie ne soit pas, comme l’affirme M. Gabriac, un montage, celui-ci sera immédiatement exclu du Front National » [...] « Il faut que chacun sache que le Front national n’admettra pas en son sein ce type de comportement inadmissible porteur d’une idéologie répugnante ». Marine Le Pen dans un communiqué officiel du Front National.

« C’est allé beaucoup trop loin. On ne veut pas de gens comme ça au FN. On n’a autre chose à faire que de s’occuper de crétins pareils », a dit le secrétaire général du FN Steeve Briois au site internet Le Post.

Malgré les promptes déclarations de Marine Le Pen nous avons eu la surprise de découvrir cet intéressant document. Sur cette photo prise lors d’un événement officiel du Front National à Paris, nous pouvons voir Marine Le Pen en bien étrange compagnie.

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Voir également ce site

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Dans un article du 12 juin consacré à la révolution morale qui s’est emparée depuis peu des partis politiques, L’UNION, le quotidien régional de Champagne-Ardenne-Picardie, rend justice à Politproductions en rappelant que le « Canard » avait dans son numéro du 8 juin repris une info que nous avions publiée:

« le “Canard” a repris une info publiée en janvier dernier sur le blog www.politproductions.com. Il y est fait mention de l’existence d’une affiche très nazi-vintage sur le blog de France Nationaliste. Thierry Maillard affirme, cité par Reuters, “C’est un graphiste qui a fait cette affiche, je ne savais pas à partir de quoi il avait fait la photo. Je n’ai jamais été nazi”. Sans parler du mauvais goût de la référence esthétique, il va sans dire que cette histoire d’image, au-delà des droits que pourrait réclamer, s’il est toujours vivant, le modèle utilisé en 1939 par Hein Neuner pour la propagande des Jeunesses hitlériennes, pourrait en amener d’autres… qui ne doivent rien à Photoshop ou Illustrator. Une histoire à suivre à partir du 17 juin… »

Nous remercions Philippe Le Claire, chef du Service politique de L’UNION de Reims, de ne pas nous avoir oubliés, car il est vrai que le copiage par France Nationaliste de l’affiche de Hein Neuner n’a retenu largement l’attention que depuis la publication du « jeu des différences entre le FN et le NSDAP ».

Nous devons cependant corriger une inexactitude commise bien involontairement par L’UNION : cet article n’a pas paru le 5 janvier de cette année mais le 1er mai. L’erreur est en vérité imputable à un paramétrage maladroit de la datation dans nos préférences que nous venons de modifier (au risque de perturber le référencement de nos articles par les moteurs de recherche).

Par ailleurs, le rapprochement des affiches, dont nous ne revendiquions pas la primeur, avait déjà été fait, et originellement semble-t-il (jusqu’à plus ample information), par ReSPUBLICA sur Twitter, ce que, en raison de la fausse datation de l'article de Fabien Grandjean, ne pouvait déduire Philippe Le Claire que nous prions en conséquence de nous excuser.

Cela dit, le silence du Canard sur sa reprise de l’info comme la revendication en paternité de ReSPUBLICA (le 9 juin dans une brève de son n°656), quoique de rigueur dans la concurrence déloyale que se font en général les médias professionnels ou non, apparaissent bien superficiels au regard du fond de cette affaire, d’autant plus que ReSPUBLICA s’est contenté de publier les affiches sans article et que celui du Canard demeure très anecdotique. Et pour le coup nous revendiquons une certaine originalité et une certaine profondeur dans l’analyse.

En revanche, nous suivrons avec intérêt le développement de cette affaire dans les colonnes de L’UNION qui au terme de son article nous donne rendez-vous au 17 juin, c’est-à-dire au lendemain de la réunion de la commission de discipline du FN devant laquelle Thierry Maillard, bien que mariniste et non pas gollnischiste, est convoqué, non toutefois pour l’affiche en question, mais pour s’être mal conduit avec des journalistes de la région Champagne-Ardenne.

Ajoutons que la justification invoquée par Maillard et rapportée par L’UNION selon Reuters, savoir que « C’est un graphiste qui a fait cette affiche, je ne savais pas à partir de quoi il avait fait la photo. Je n’ai jamais été nazi », ne tient pas. Un graphiste capable d’un tel copier-coller ne doit certainement pas faire mystère de son goût pour les symboles nazis, lesquels sont au demeurant fort bien connus des militants d’extrême droite. L’affiche de France Nationaliste est à cet égard intéressante par le flou nuageux qui lui sert de fond et qui peut évoquer le portrait de Hitler figurant à l’arrière-plan de l’affiche de Hein Neuner depuis longtemps tombée dans le domaine public. Maillard est un ancien colleur d’affiches, révélé en tant que tel en 2004 dans une sombre histoire de guet-apens aux Minguettes, qui tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Quant à Marine Le Pen, elle devrait passer elle aussi devant sa propre commission de discipline, puisqu’elle n’a pas hésité à s’afficher elle-même avec Franz Schönhuber, ex-waffen SS de la division «Charlemagne». Voir cet article parmi bien d’autres qui nous rappelle que Schönhuber est l’auteur d’une biographie partisane sur Jean-Marie Le Pen, Le Pen, der Rebell (Le Pen, le rebelle), et que, lors de la présentation de cet ouvrage à la presse, le 5 décembre 1997 à Munich, Le Pen avait pour la deuxième fois, et malgré une lourde condamnation, publiquement qualifié les chambres à gaz de «détail». Libération avait à l’époque publié un papier qui rapportait qu’en 1995 le parti fondé par Franz Schönhuber, Die Republikaner, l’avait poussé à la démission parce qu’en quête d’honorabilité il ne voulait plus d’un dirigeant qui prônait le rapprochement avec les groupuscules néonazis.

Marine Le Pen nous fera-t-elle le coup du « Je ne savais pas » qui, vous le remarquerez, est le faux-fuyant favori des frontistes lorsqu'ils sont pris en flagrant délit de collusion avec les néonazis : celui auquel elle avait recouru dans l'affaire de sa photographie avec deux skinheads arborant le sigle du NSDAP (cf. ci-dessus notre commentaire du 2011-05-19 23:54) comme Maillard dans le cas présent?
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Le Canard enchaîné comme d'autres journaux qui, à la suite de Politproductions.com, ont fait état de l'existence d'une affiche de France Nationaliste tirée d'une affiche de propagande nazie réalisée en 1939 par Hein Neuner, n'ont pas vu la gravité du copiage. Ils n'ont pas vu que le graphiste de France Nationaliste ne s'était pas contenté de lui emprunter la photo du jeune homme blond qui y figure: « la photo du jeune adolescent blond qui y figure a été fraternellement empruntée à une affiche des Jeunesses hitlériennes de 1939 » (Le Canard enchaîné du 8 juin, « Un candidat FN qui fait führer »).

En réalité, l'arrière-plan, qui au premier regard peut apparaître comme un simple fond nuageux, est le visage d'Hitler lui-même. Le graphiste de Maillard ne s'est pas contenté d'un emprunt partiel. IL A REPRODUIT UNE AFFICHE NAZIE COMPORTANT LE PORTRAIT D'HITLER. Seulement il a zoomé sur le jeune homme en sorte que l'on ne voit du visage d'Hitler que (en haut à droite) la paupière et le cerne de son œil droit et (en bas à droite) son menton, reliés au milieu par une ride longitudinale. Regardez bien en comparant les deux affiches.

Bref, en publiant cette affiche Thierry Maillard s'est rendu coupable d'un délit grave, d'autant plus qu'il s'agit d'une manipulation de la jeunesse.

Marine Le Pen le lui signifiera-t-elle aujourd'hui lorsqu'il comparaîtra pour un autre motif devant la commission de discipline qu'elle doit présider? Rien n'est moins sûr.

Mais nous espérons que les journalistes auront le courage de faire savoir au public que le parti qui a le vent en poupe, et dont la présence au second tour de la prochaine élection présidentielle n'est pas exclue, est un parti nazi. Il serait temps que cette information soit faite et bien faite.

Nous espérons enfin que la justice s'emparera le plus rapidement possible de cette affaire.

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... continue donc... pour finalement parvenir à cette conclusion qu'il n'y a pas de différence.
Par ailleurs, on comprend pourquoi Me Collard prend la défense du FN en invoquant Socrate, à ceci près que Socrate, lui, ne corrompait pas la jeunesse! Un sujet à méditer pour nos potaches ce matin.

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Il n'y a aucune différence entre le FN et un parti capitaliste, contrairement à ce que Le Pen veut nous faire accroire par le ménage de façade et la défense de la contestation sociale qu'elle joue aujourd'hui et que cet article démonte. Communistes va dans le même sens et voici le bilan qu'il dresse de l'action du FN à l'Assemblée Nationale entre 1986 et 1988, quand il avait réussi, grâce à Mitterrand, à y faire entrer 35 députés.

« Marine LE PEN raconte une fois de plus qu’elle veut rétablir le pouvoir d'achat des français et d'abord des plus pauvres. Cela se passait le 13 mai lors d'une conférence de presse.

Deux choses à retenir de cette conférence. La première c'est qu'il va falloir être "courageux", ce qui veut dire en clair que de nouveaux "sacrifices" seront imposés aux travailleurs et au peuple.. "Ce dispositif est en quelque sorte un mécanisme de capitalisme populaire" peut -on lire plus loin.

Capitalisme, le mot est enfin lâché! Capitalisme et de plus "populaire", donc au service du peuple. Le capitalisme au service du peuple vous connaissez?

Le FN n'est rien d'autre qu'un parti de plus au service du capitalisme. Méfiez vous de sa démagogie. Attention, danger!

On les a vus à l'œuvre

De 1986 à 1988, le FN comptait 35 députés à l'Assemblée Nationale. Qu'ont-ils fait?

Ils ont voté:

*pour la loi sur les privatisations

*contre le rétablissement de l'impôt sur les grandes fortunes

*contre la fixation à 50% du taux de l'impôt sur le bénéfice des sociétés

*contre tout prélèvement sur les revenus du capital pour la sécurité sociale

*contre l'institution d'une cotisation sociale au taux de 12,6% sur les revenus du capital

*pour la loi de programmation militaire

*contre l'arrêt des essais nucléaires » (Bimestriel n°95 de juin 2011)

Le FN est bien le 3e fer au feu du capital, et c'est toujours pour servir le capital dans ses crises les plus sévères – par une mobilisation totale et militaire, c'est sa marque – que l'extrême droite est amenée au pouvoir. Mais pour y parvenir il lui faut s'avancer sous le masque du populaire, précisément quand le peuple est le plus accablé.

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Aperçu sur l’affiche …

« Pour faire la photo » le graphiste ne s’est pourtant pas inspiré du Prince Eric de Serge Dalens, même si ce dernier a été un membre actif du FN ! Au lieu de copier-coller, on sélectionne, rogne, agrandit le visage de l'adolescent. L’affiche de France Nationaliste est une capture, une partie d’un tout. Reste le fond… Apparaît en détail « le visage d'Hitler lui-même ». Il suffit de repérer l’effet du zoom. Ce que révèle, de haut en bas à droite, le cadrage sélectionné - cerne, pommette, ride et menton - c’est le document utilisé, le tout, qui, même tronqué, persiste dans la partie. Le graphiste a bel et bien utilisé l’affiche de propagande nazie de Hein Neuner, mais Thierry Maillard ne savait pas « à partir de quoi il avait fait la photo... » qui s’adresse aussi à la jeunesse !
Pas plus que le cadrage, l’habillage ne masque rien ni l’origine du visage capturé ni le fond…

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Me Collard, demandez-vous, «aurait-il été aveuglé par la perspective des honoraires que pourrait lui rapporter demain la défense tous azimuts des frontistes en quête de respectabilité? Ou bien son ralliement obéit-il à des mobiles plus profonds?» Eh bien, nous avons la réponse depuis l'émission Des paroles et des actes animée par Pujadas et consacrée le 23 juin à Marion Le Pen! Elle a déclaré que dans son futur (hypothétique) gouvernement l'avocat «ferait un excellent Ministre de la justice». Collard était présent dans l'assistance et il n'a pas démenti, mais plutôt confirmé par un air de contentement.
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« Je ne supporte pas la xénophobie, je ne supporte pas l’antisémitisme, je ne supporte pas le révisionnisme, je ne supporte pas le racisme, et pour moi les gens qui véhiculent ces idées sont simplement des cons » (Me Collard, le 24 février 2011, cf. vidéo ci-dessous).

Donc, donc ? « Je ne supporte pas le Front national ». Eh bien non, Me Collard supporte, et dans tous les sens du terme (au sens franglais aussi), ce parti infâme. C’est peut-être qu’il se méprend sur les xénophobes, antisémites, etc. qui sont tous des salauds, mais pas nécessairement des cons.

Au regard de l’article, on accordera peut-être à Me Collard d’être, quant à lui, un peu con sur les bords quand il soutient ces salauds. Mais s’il est moins con qu’il ne le paraît, alors il faudra bien le ranger dans cette dernière catégorie.

On en jugera par soi-même en regardant la vidéo de la Conférence de presse de Louis Aliot (FN) de Me Gilbert Collard et de Fabien Engelmann, le 21/02/2011 :

http://www.dailymotion.com/video/xh74lr_conference-de-presse-fn-gilbert…

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Avec Jacques Coutela, après Thierry Maillard, Alexandre Gabriac et Daniel Durand-Decaudin, la liste s'allonge des candidats du Front national aux élections cantonales coupables de comportements néo-nazis. À chaque fois, l'explication avancée est un dénégateur « je ne savais pas », « je ne voulais pas... » (voire un fallacieux « ce n'est pas moi, mais un montage... » pour Gabriac). Mais le MRAP ne s'en laisse pas conter, il vient de porter plainte contre Coutela et dans un récent communiqué il dénonce la manœuvre cosmétique et la duplicité de Le Pen :

« Le MRAP porte plainte pour incitation à la haine raciale contre un candidat de Marine Le Pen

Alors que Marine LE PEN tente une manoeuvre cosmétique pour masquer le vrai visage du FRONT NATIONAL, Jacques COUTELA, candidat FN aux cantonales à Saint Florentin, assure la promotion d’Anders Behring Breivik, le présente sur son blog comme un résistant, une icône, un nouveau Charles Martel, luttant contre l’invasion musulmane.

Ainsi, on peut trouver sur internet un appel implicite à la reproduction de la tuerie. Tandis que le peuple Norvégien pleure ses victimes, Jacques COUTELA, candidat FN aux cantonales à Saint Florentin, au lendemain du drame, publie sur son blog d’extrême-droite “la valise ou le cercueil” un article où il affirme “la raison de l’action terroriste du nationaliste norvégien : combattre l’invasion musulmane... faisons de ce résistant une icône”. Il appelle alors d’autres “Charles Martel” à l’action.... un autre déséquilibré ? La question est posée.

La duplicité de Marine LE PEN ne trompe personne ! alors qu’elle pousse des cris d’orfraie contre le communiqué du MRAP qui dénonce le climat délétère entretenu par le FN et la droite populaire, elle adoube des candidats FN racistes qui assurent la promotion de Anders Behring Breivik.

Paris, le 26 juillet 2011. »

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Pour reprendre la main dans les médias, après le flop de la fille Le Pen (qui la première avait jugé DSK coupable dans l'affaire Diallo, et qui s'était félicitée de cette primeur tout en invoquant absurdement son respect de la présomption d'innocence) et sa prestation cafouilleuse à Des paroles et des actes (l'émission de Pujadas du 24 juin 2011), le père tente un retour fracassant sur la scène médiatique. Pour ce faire il n'a pas trouvé mieux que de déclarer que le meurtre de masse commis par l'extrémiste d'extrême droite Anders Behring Breivik était « un accident » dont la « cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier » était « l'immigration massive ». Bien entendu, la responsabilité réelle de ce meurtre appartient à la nation et au gouvernement norvégiens qui n'ont pas pris la mesure des dangers de l'immigration et du terrorisme ni les mesures sécuritaires qu'ils exigent. La « naïveté » de la Norvège est « plus grave » que « l'accident ». Ce « petit pays sympathique [...] n'a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d'abord l'immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier, mais aussi le terrorisme ». Le Pen dénonce l'inaction de tous les pays qui témoignent de la même naïveté. Suivez son regard.
 
Quant à Marion Le Pen, elle semble faire écho aux déclarations de son père dans un communiqué qui dénonce l'inaction de Sarkozy en ce qui concerne l'insécurité et l'immigration (dressant le bilan de son action au regard du discours de Grenoble de juillet 2010 dont on se plaît à commémorer l'anniversaire - cf. également Hollande), et elle « appelle à un changement de pratique politique : moins de discours, et plus d’action ». Songerait-elle sur les conseils de papa à confier cette mission à Messieurs Thierry Maillard, Alexandre Gabriac, Daniel Durand-Decaudin, Jacques Coutela et consorts? Mais dans un communiqué de ce jour, elle rappelle que la position du FN à l'égard des attentats de Norvège avait été exprimée de façon très claire dès les premières heures. Le 24 juillet on peut lire ceci sur le site du FN : « Réaction du FN au drame norvégien. Le Front National condamne ces actes barbares et lâches, et exprime sa totale solidarité avec le peuple norvégien ».
 
La position de la fille n'est apparemment pas la même que celle de son père. Marion voudrait-elle alors nous faire entendre qu'elle est en désaccord avec lui? Au secours de qui le père a-t-il vraiment voulu voler? Sa fille (et alors la duplicité, plutôt que la bicéphalité, de la direction du FN se trouverait une nouvelle fois illustrée)? ou bien les brebis galeuses (et elles ne sont point peu nombreuses) que fifille a commencé de sermonner ou d'exclure, auquel cas rien n'irait donc plus entre les Le Pen, à moins que leur duplicité ne soit encore plus grande qu'on ne l'imagine ordinairement? Longtemps Le Pen n'a eu qu'un seul souci médiatique : exister sur la scène et, pour y parvenir, provoquer et choquer. Il n'est pas impossible que cette tactique, sans être plus payante que celle de Marion, lui soit néanmoins indispensable étant donné le profil du gros des adhérents et sympathisants du FN... que pour gagner ceux de l'UMP il ne faudrait pas perdre au profit de quelque dissidence radicalisée! Ah! comme il est difficile de succéder à un père célèbre!
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Vous avez oublié les tweets imbéciles de Laurent Ozon : « Autre fausse note : les messages Twitter de Laurent Ozon, conseiller politique de Marine Le Pen. Selon ses tweets privés, révélés par l'AFP, Laurent Ozon a écrit : "Expliquer le drame d'Oslo : explosion de l'immigration : [multipliée par six] entre 1970 et 2009." "Je prétends que cet acte, qui est un acte odieux, doit être analysé dans le contexte norvégien actuel", a-t-il expliqué à l'AFP. Pour Marine Le Pen, qui n'envisage pas de sanctions, "Laurent Ozon fait fausse route". »
Extrait de « Attentats d'Oslo : un membre du FN suspendu pour apologie de Breivik LEMONDE.FR | 26.07.11 | 14h11 • Mis à jour le 26.07.11 | 20h52 »
 
Marion Le Pen réprouve, mais ne condamne pas (l'opération « propreté » a en effet ses limites : faudrait pas jeter le bébé avec l'eau du bain ou faire le nettoyage par le vide!). Et puis surtout, dans son communiqué du 24 juillet contre le MRAP, elle attribue les attentats de Norvège à un « déséquilibré solitaire » dans une belle dénégation de l'influence des "idées" (= phantasmes) partagées par un nombre croissant de demeurés et de frustrés et semblables aux siennes (mais chut! sinon elle va me poursuivre!).
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L'appel ce soir (22 avril) de Marion Le Pen à la résistance fait froid dans le dos quand on lit cet article du MRAP:

«Jacques COUTELA, candidat FN aux cantonales à Saint Florentin, assure la promotion d’Anders Behring Breivik, le présente sur son blog comme un résistant, une icône, un nouveau Charles Martel, luttant contre l’invasion musulmane.»

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Exemple de membre de « l'intelligenstsia » qui se rapproche aujourd'hui du FN, sans toutefois n'en avoir jamais été très éloigné : Alain de Benoist. Lire l'analyse de Droite(s) extrême(s), le site de Abel Mestre et Caroline Monnot : http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2011/01/26/alain-de-benoist-en-soutien-critique-a-marine-le-pen/
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Encore plus proche, Emmanuel Leroy, inventeur du « solidarisme » : « Le terme de solidarisme peut parfaitement s'intégrer à une nouvelle articulation du discours social du camp national. Le solidarisme peut se définir comme un système économique et social qui profite à tous dans la mesure où les sommes investies et redistribuées restent sur le territoire où elles sont produites, et bénéficient à l'ensemble de la collectivité sous la forme d'achats de biens ou de services, de salaires et d'impôts. » (Pour lire la suite, si vous n'êtes pas dégoûté, cliquer ici).

Lire en tout cas, de Abel Mestre et Caroline Monnot, qui font un travail d'information remarquable, Les penseurs de Marine Le Pen.

Avec l'apport de ces « intellectuels » le FN n'a jamais été aussi proche du national socialisme.

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@ Corpus

« Emmanuel Leroy, inventeur du "solidarisme" » : non, pas même au sein du FN. Le solidarisme est une théorie philosophique qui a pour auteur Léon Bourgeois. Voir l'article « Solidarisme » de Wikipédia. Lire en particulier ce paragraphe :

« Le solidarisme d'extrême droite.

Sans lien réel ni filiation avec le courant de Léon Bourgeois, l'Union solidariste est le nom pris par le groupe de militants solidaristes rassemblés autour de Jean-Pierre Stirbois et Michel Collinot en 1975. Ces militants venaient essentiellement du Groupe action jeunesse (GAJ), du Mouvement solidariste français (MSF) et du Mouvement jeune révolution (MJR). Leur slogan était : "Nationaux, solidaristes, unis, vaincront !". En 1977, l'Union solidariste rejoignait le Front national et Jean-Pierre Stirbois en deviendra le secrétaire général en 1981, où il maintiendra une tendance dite "solidariste".

À partir de 1967, ces idées se forment autour d'un refus du matérialisme et du système des blocs impérialistes américain et soviétique, ainsi que dans l'adhésion à un certain proudhonisme vigoureusement antimarxiste, dans l'idée d'indépendance nationale. »

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Il semble bien que cet article cerne un point essentiel. Marine Le Pen, en effet, a commencé son discours, au soir du premier tour de la présidentielle, en déclarant que les Français « avec courage et dignité, se sont invités ce soir, contre toute attente, à la table des élites »...

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Mais sur la photo prise lors d'une contre-manifestation intégriste anti-Kiss-in à Lyon en mai 2010, devant la Cathédrale Saint-Jean, n'est-ce pas Alexandre Gabriac que l'on aperçoit (en chemise blanche) précédant les nazillons qui ouvrent leurs poings en saluts nazis?...

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Probablement, mais je note dans l'article cité en référence que : «Le Front National avait réagi en suspendant immédiatement du parti, et cela à trois jours du second tour des élections cantonales...». Alors?

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Il semble bien qu'il s'agisse de Gabriac.

Il faut revoir cette vidéo de J.-M. Le Pen qualifiant, après plusieurs dérobades, de broutille le salut nazi d'Alexandre Gabriac s'il était avéré, et d'anecdotes tous les faits similaires relevés par les observateurs... Et d'ajouter que ce n'est pas le nazisme qui menace actuellement l'Europe... Pour sûr!

Ce qui est étonnant, tout de même, et qui donne pour partie raison au vieux, c'est que le salut de Gabriac est, en un sens, en effet anecdotique si l'on considère les légions de pro-nazis qui ouvrent le poing levé en salut fasciste dans les défilés d'extême-droite comme le révèle la photo prise lors de la contre-manifestation anti-kiss de Lyon reproduite par Fabien Grandjean. La presse et en général le web doivent davantage le faire savoir: les gestes du genre de celui commis par Gabriac ne sont ni broutilles ni anecdotes mais agissements réguliers. Comme l'écrit l'auteur, ce ne sont pas des phénomènes isolés. Dès lors ils ne peuvent être que révélateurs du fond de la politique du FN dont l'ancien leader-fondateur ne parvient pas à les dénoncer.

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La Grèce dans « la peur de Weimar » : le phénomène Chryssi Avghi

 

 

Parmi les nombreuses questions actuellement débattues dans l’espace public grec, une a particulièrement retenu mon attention. On parle de plus en plus d’un scénario à la « Weimar » qui pourrait survenir dans les mois à venir en Grèce. La république allemande de l’entre deux-guerres avait suscité l’émergence du nazisme faute d’avoir su instaurer un régime politique stable. A la source de ce débat, la montée en puissance du parti néo-nazi Chryssi Avghi (« l’aube dorée »).

Très bas dans les sondages jusque février, où le parti n’apparaissait même pas dans les enquêtes, Chryssi Avghi a dépassé début mars les 3% nécessaires pour entrer à l’assemblée. Il est aujourd’hui crédité d’environ 5% d’intentions de vote.

Méconnu du grand public, ce parti qui n’était à l’origine qu’une organisation très fermée, a été créé à la fin des années 70 par une grande figure de l’extrême droite grecque, Nikolaos Michaloliakos. Il s’était fait remarquer dès le début des années 1970 pour sa participation à des actions nationalistes violentes, ce qui lui coûtera deux condamnations de prison ferme. Ce sera l’occasion pour lui de rencontrer les  « coup-d’étatistes » de 1967. C’est à la sortie de son 2e séjour qu’il publiera le premier numéro du journal Chryssi Avghi, et créera l’organisation qui fait actuellement trembler la Grèce.

La véritable entrée de Chryssi Avghi dans le monde politique a lieu durant les élections municipales de novembre 2010 au cours desquelles N. Michaloliakos est élu conseiller municipal d’Athènes avec 5.3% des voix autour du slogan « Pour refaire d’Athènes une ville grecque » (Να ξαναγίνει η Αθήνα ελληνική). Ce sera l’occasion pour la Grèce de découvrir ce parti très secret. Il ne faudra pas attendre longtemps : peu après son élection Michaloliakos se fait remarquer au conseil municipal en effectuant un salut nazi.

LIRE LA SUITE SUR MEDIAPART

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En citant Trotsky, l'auteur veut-il rappeler à Me Collard ses débuts en politique? Quand on les connaît on est saisi par la justesse et l'actualité de l'analyse d'Arendt. À moins qu'il ne s'agisse que d'opportunisme dans le revirement de Gilbert Collard... À lire en tous cas cet article de Marianne2: Comment Collard est passé du trotskisme au marinisme

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«Rappelons-nous qu’Hitler n’était pas seulement entouré de paumés pervers et de repris de justice, mais qu’il fut également soutenu, du moins au début, par une partie de l’intelligentsia ainsi que le rappelle Hannah Arendt dans Les Origines du totalitarisme. [...] ... (Arendt dit que ses propositions les plus absurdes n'étaient pas prises au sérieux par l’élite, tandis qu’aujourd’hui, entendons-nous, elle les croit bien à tort irréalisables en raison des leçons de l’Histoire)...»

Étant donné les liens qui l'unirent à Heidegger, Arendt ne pouvait pas ne pas penser à lui en écrivant cela.

Derrida n'a certes jamais participé à la lutte acharnée des Farias et Faye contre Heidegger. Dans la conférence «La main de Heidegger (Geschlecht II)», rééd. in Psyché, Galilée, 1987, il rappelle que:

«La condamnation du biologisme et du racisme, comme de tout le discours idéologique de Rosenberg, inspire de nombreux textes de Heidegger, qu’il s’agisse du Discours de Rectorat ou des Cours sur Hölderlin et Nietzsche, qu’il s’agisse aussi de la question de la technique, toujours mise en perspective contre l’utilisation du savoir à des fins techniciennes et utilitaires, contre la professionnalisation et la rentabilisation du savoir universitaire par les nazis.»

Cependant Derrida a traité sans complaisance de la question politique chez Heidegger, et dans cette conférence, bien que dans un contexte différent, il nous rappelle encore que le penseur de l'être lui aussi avait cru pouvoir faire la part des choses dans le nazisme entre le social et le national, d'une part, et le nationalisme racial, d'autre part...

«Dans la lettre adressée en novembre 1945 au Rectorat académique de l’université Albert-Ludwig, Heidegger s’explique sur son attitude pendant la période du nazisme. Il avait cru pouvoir, dit-il, distinguer entre le national et le nationalisme, c’est-à-dire entre le national et une idéologie biologiste et raciste:

"Je croyais que Hitler, après avoir pris en 1933 la responsabilité de l’ensemble du peuple, oserait se dégager du Parti et de sa doctrine, et que le tout se rencontrerait sur le terrain d’une rénovation et d’un rassemblement en vue d’une responsabilité de l’Occident. Cette conviction fut une erreur que je reconnus à partir des événements du 30 juin 1934. J’étais bien intervenu en 1933 pour dire oui au national et au social (et non pas au nationalisme) et non aux fondements intellectuels et métaphysiques sur lesquels reposait le biologisme de la doctrine du Parti, parce que le social et le national, tels que je les voyais, n’étaient pas essentiellement liés à une idéologie biologiste et raciste".»

Heidegger appartient à une époque qui nous a précédés. Aussi serions-nous moins pardonnables que lui de verser dans le même égarement si nous nous leurrions sur la vertu édificatrice des leçons de l'Histoire. Erreur ou faute? les deux nécessairement mon capitaine, sinon c'est illusion, laquelle au demeurant ne nous laisse jamais sans responsabilité, comme Heidegger a cherché à le penser...

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lemonde.fr/Idées | 14.10.2013 à 19h14 • Mis à jour le 17.10.2013 à 16h01 | Dominique Rousseau (Professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne, Paris-I, ancien membre de la commission Jospin)

Le Front national est un parti du passé. Il veut le retour du franc, de l'Etat central, de la souveraineté de la nation, de la peine de mort, de l'autorité dans la famille, dans l'école, dans l'entreprise. Cette pensée du retour est une pensée réactionnaire. Elle parle d'une société morte, celle du XIXe siècle. Elle ne dit rien sur la société actuelle. Les choses de la vie ne sont plus "comme à l'époque". Les familles sont recomposées, monoparentales, homosexuelles. Les femmes sont libres de disposer de leur corps, esprit et vote. Les élèves ont accès aux sources de savoirs. Le destin se décide au-delà du national. Le peuple devient pluriel.

Le décalage est radical entre le discours du FN et la réalité positive de la société. Les gens voient parfaitement comment la vie se déroule autour d'eux, comment les décisions qui engagent leur avenir ne reposent plus sur l'autorité souveraine de l'Etat, du père ou du patron mais sur la délibération, l'écoute et la coopération entre les Etats, entre les membres de la famille, au sein des entreprises. Le peuple des sondages dit que Manuel Valls a raison de vouloir expulser les Roms mais le peuple réel, lorsque la police vient chercher un enfant rom dans une école pour l'expulser, se mobilise pour empêcher l'expulsion. Cette solidarité vécue dit la réalité de la société plus que les sondages.

Malgré ce décalage, le FN progresse. La faute au chômage, mais l'Autriche ne connaît pas le chômage et le parti d'extrême droite a obtenu 22 % des voix aux dernières élections législatives de 2013. C'est la faute à l'Europe, mais la Suisse et la Norvège ne sont pas membres de l'Union européenne et pourtant l'extrême droite est puissante dans ces deux pays. La progression du FN a une autre explication : le syndrome du grenier. Quand un individu traverse une crise existentielle – comme l'adolescence –, il se réfugie dans le grenier pour retrouver ses poupées en cire et ses 45 tours. Aujourd'hui, les sociétés traversent une crise existentielle. Elles changent leur mode de vie mais sont encore attirées dans le grenier où elles trouvent le franc et la blouse grise, la règle sur les doigts et l'Etat bonapartiste, la voix de la France et l'ORTF.

LE BRUN, LE BLEU, LE VERT

Et la force du FN tient à ce que les gens n'ont pas d'autre discours que celui du grenier pour se représenter la situation d'aujourd'hui. Tous les partis le déclinent avec leur couleur respective – le brun, le bleu, le vert, le rose, le rouge –, mais aucun n'ose opposer au discours du grenier un discours du midi, aucun n'ose dire que l'Etat-nation, la souveraineté, les frontières, ces choses fabriquées dans les ateliers du XIXe siècle, sont périmées. La société vit sans les mots pour se représenter : elle fonctionne de manière horizontale et elle n'a pour se dire que le discours vertical du FN.

Politiques et intellectuels ont perdu les Lumières. Ils grognent et vitupèrent sur le temps présent, ils embellissent et "nostalgisent" la solidité et la chaleur des liens d'autrefois. Ils pensent tristement une pensée triste : les élèves ne sont plus ce que nous avons été, l'école n'enseigne plus ce que nous avons appris, la nourriture n'est plus celle qui nous a nourris, la politique ne se déroule plus dans le cadre de l'Etat-nation, les enfants ne se font plus comme nous avons été faits, le père n'est plus le chef suprême de la famille que nous avons aimé.

Mais est-ce une raison pour penser que les élèves sont des consommateurs décervelés, l'école un lieu où s'apprend l'ignorance, les aliments un empoisonnement permanent, l'Europe un espace où se perd l'exigence démocratique, la famille recomposée le creuset de la décadence sociale ? Cassirer a toujours raison contre Heidegger : la posture angoissée au présent conduit à une nostalgie du passé qui finit par alimenter le désir d'un retour à ce qui est présenté, non comme l'ordre ancien des choses mais comme l'ordre vrai, l'ordre naturel et authentique de la réalité humaine. Le passé est transformé en mythe, le travail du sens est arrêté et les choses sont immobilisées à un moment de leur histoire : la "vraie" famille ne peut être qu'un homme et une femme, la "véritable" école ne peut être que celle des pères fondateurs, le "vrai" lieu du politique ne peut être que la communauté-nation. Et cette pensée-là, Cassirer a raison de dire qu'elle n'a jamais ouvert sur des chemins démocratiques. L'individu démocratique n'est ni un manque ni une tragédie mais la joie d'être, d'agir et de continuer la vie humaine, qui est, chantait Brassens, notre seul luxe ici-bas.

Car partout, dans les écoles, quartiers, villages, lieux de travail, l'individu démocratique imagine, agit et fonde une manière nouvelle de faire société : système d'échanges locaux, réseaux d'entraide scolaire, accueil des étrangers et partage des coutumes. Toutes ces forces d'avenir sont là, souvent lumineuses, mais qui attendent d'être mises en lumière par des intellectuels qui oseraient penser. Quand Voltaire, Diderot, Rousseau ou Condorcet pensent leur société, ils ne regardent pas le passé sécurisant des liens féodaux. Ils inventent les mots – contrat social, citoyen, république – qui vont permettre à la société de s'arracher de sa représentation ancienne et de construire une autre forme du vivre-ensemble. La démocratie reste et restera toujours le parti de l'avenir.

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Une vieille lune, qui remonte au débat de 1929 entre ces deux-là à Davos. L'analyse du «syndrome du grenier» de Dominique Rousseau est intéressante, mais elle reste symboliquement assez anecdotique et psychologisante, même s'il y va, selon l'auteur, de la VIE démocratique; elle manque quelque peu le soubassement historial qui seul permet de comprendre la montée du Front national comme retour de la lame de fond ayant dans les années 30 emporté les peuples européens vers le fascisme et le nazisme, mais aussi, oui, le stalinisme. Gérard Granel, qui consacra en 1975 un cours au «Débat» entre Cassirer et Heidegger, a publié près de vingt ans plus tard un texte prophétique d'une autre profondeur au sujet de ce come back: « Les années 30 sont devant nous », in Les Temps Modernes, n°559, février 1993, p. 59-86, repris in Études, p. 67-89. Une traduction de ce texte en anglais (par Jason Smith) est disponible sur le site Gérard Granel: « The Thirties Are Still Before Us : Logical Analysis of the Concrete Situation ».

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Le girouettisme de Gilbert Collard s'explique sans doute pour partie par une ascendance et une éducation d'extrême droite. Il a bien essayé de s'en sortir, mais manifestement le naturel (la seconde nature...) revient au galop avec l'âge ... Voir cet article et surtout la vidéo qui le suit : http://www.linternaute.com/actualite/politique/gilbert-collard-embarras…

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Un sondage TNS Sofres dans Le Monde montre que le Front national se banalise aux yeux des Français.

- 47% d'entre eux estiment qu'il «ne représente pas un danger pour la démocratie» (+ 8 par rapport à 2012).

Près d’un tiers des Français (32%) se disent d’accord avec les idées défendues par le FN

La stratégie cosmétique de la nouvelle direction de du parti prouve son efficacité.

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On a beaucoup critiqué le sous-titre que Hannah Arendt avait donné à son ouvrage Eichmann à Jérusalem: «essai sur la banalité du mal». Et pourtant la banalité ou la banalisation du mal est bien le plus inquiétant de l'homme, dans l'homme, hier et aujourd'hui.

Voir ce documentaire sur un album de photos d'Auchwitz retrouvé en 2007, conservé d'abord au Musée Mémorial de l'Holocauste à Washington puis au Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem :

Nous sommes tous responsables de ce qui est arrivé dans les années 30, et nous le sommes plus encore quand l'ombre de cette époque vient assombrir l'avenir. Ne nous contentons pas de regarder le mal en spectateurs. Il nous regarde.

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@ Batisse

 " Le Don de soi, Eines Mannes Herz" (AP Photo / Uwe Lein)

Herbert Reinecker et Horst Tappert, 13 Juillet 1995 à Munich, à l’occasion du 250e épisode de Derrick : Le Don de soi, Eines Mannes Herz (AP Photo / Uwe Lein)

On vient d'apprendre que le héros éponyme de la série télévisée allemande, Inspecteur Derrick, avait été incarné pendant 24 ans par un ancien Waffen-SS, Horst Tappert (1923-2008). Il s'enrôla dans cette sinistre armée du NSDAP en 1943, à l'âge de 20 ans, à un grade subalterne, et fut versé dans la 14./SS-Panzer-Grenadier-Regiment 1 "Totenkopf" alors engagée sur le front de l'est. Cette division, issue des unités SS-Totenkopfverbände («formations à tête de mort») chargées de la garde des camps de concentration, reconverties à partir de 1939 en unités combattantes, perpétra de nombreuses exactions, notamment à l'est. Un passé que Tappert n'a jamais révélé, lui qui s'était illustré en tant que comédien dans l'art de conduire les criminels aux aveux en misant sur leur besoin d'avouer.

Herbert Reinecker (1914-2007), le scénariste de la série, quant à lui, s'engagea aux côtés du NSDAP dans une activité de propagande (presse, films, livres) de 1934 à 1944. Il fut lui aussi membre de la SS, dès 1940, en tant que Kriegsberichter (correspondant de guerre). Et lui aussi dissimula longtemps son passé de nazi. Puis vint le temps du repentir dont il exprima la conscience dans la série Derrick, ainsi  sans doute que Tappert lui-même qui en réalisa onze épisodes, entre 1986 et 1997. Leur message essentiel pourrait se résumer à l'interrogation de notre propension au meurtre. Banale, cette tendance ne serait cependant pas fatale. Elle tiendrait à l'égoïsme qui nous conduirait, comme vous le dites Batisse, à regarder en spectateurs indifférents le mal s'accomplir sous nos yeux, dans l'ignorance qu'il «nous regarde».

L'épisode n°281, le dernier de la série, Le Grand Jour (Das Abschiedsgeschenk), est à cet égard particulièrement intéressant. Consacré de manière centrale à ce thème, l'action policière proprement dite y étant quasiment ridicule, il s'achève par une scène qui pourrait ressembler à un aveu. On y voit Derrick relever le col de son manteau pour se protéger du froid puis s'éloigner, dos à la caméra, le long d'une allée pavée passant sous un porche qui évoque l'entrée de Birkenau (Auschwitz II). C'est à 56'25":

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Harendt ne voyait pas la racine du mal dans l'égoïsme, mais dans l'obéissance aveugle à l'ordre (dans tous les sens du terme: donné, construit et finalement phantasmé). C'est même là sa thèse centrale dont on lui a reproché certaines implications telle que sa relative compréhension de Eichamnn. Donc d'accord avec le post, mais avec cette restriction de poids. Derrick, je veux dire le feuilleton, respire l'ordre. Tappert ni son réalisateur ne semblent avoir compris le sens profond de leur faute. Ni du reste aucun de ceux qui, à travers le monde et non seulement en Allemagne, prisaient leur série.

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Sur BFMTV, ce midi, Marine Le Pen a réagi aux interpellations, notamment de militants FN portant bonnet rouge, effectuées par la police au cours de la commémoration parisienne du 11 novembre perturbée par des sifflets et des violences. «Arrestations arbitraires», proteste-t-elle. Elle nie toute initiative du FN à l'origine de ce mouvement sur les Champs ce matin.

Mais alors papa Le Pen travaille-t-il du chapeau lorsque la veille, sur son blog, il se proposait justement, bonnet rouge sur la tête, «d'allumer le feu un peu partout»? Voir la séquence sur la chaîne YouTube de Politproductions Front national: le rouge-brun en marche vers le pouvoir.

Dans ce reportage de France3 sur la commémoration, Manuel Valls évoque une dizaine de militants d'extrême droite dont des candidats FN. Saint Just, candidat FN à la mairie de Paris, dénonce la paranoïa du Ministre de l'intérieur. Mais une femme interpellée reconnaît avoir répondu à un mot d'ordre circulant sur les réseaux sociaux.

Marine Le Pen, quant à elle, désapprouve la perturbation de la cérémonie et en appelle à des élections anticipées. Et si elle comprend la «révolte» populaire actuelle que son père, lui, «soutient», elle déclare une fois de plus que le FN n'y est pour rien. Le FN n'est jamais pour rien dans les dérapages et violences qui émaillent l'actualité depuis quelques temps, mais en vérité il – sa direction ou tel militant ou sympathisant – les encourage quand il ne les commet pas directement.

Cependant, qui trompe le double langage du FN (papa/fifille)? On connaît sa stratégie; elle est celle de tous les partis d'extrême droite, elle fut celle des nazis: agitation de rue, d'un côté, et exigence d'un retour aux urnes de l'autre.

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Commentaire issu de la chaîne YouTube de Politproductions :

Le FN ne veut pas du pouvoir suprême, le petit pouvoir que lui donnent déjà ses gogos d'électeurs lui suffit largement pour que l'héritière et sa mafia roulent carrosse.

C'est tout ce qu'ils veulent, les lepénistes : se dorer la pilule au Parlement européen, et c'est ce que les crétins qui votent pour eux leur offrent gratos.

Le FN ne saurait rien faire du pouvoir : il n'a qu'une politique de dépenses, basée sur des estimations de croissances complètement farfelues. Au niveau économique, le FN c'est le PS en pire. Leur programme économique est à pleurer de rire.

Le FN, pas plus que les autres partis, n'a d'arme contre la spéculation, la concurrence libre et déchaînée, la destruction méthodique des liens sociaux par la Marchandise. Aucun parti n'a su définir ces causes de la crise, donc aucun parti ne saura résoudre les problèmes sans fin qui vont se poser aux sociétés modernes, du chômage à l'anomie.

Le FN est même pire que les autres, car il infantilise les foules en leur faisant croire que le volontarisme politique d'un chef de guerre suffira à ramener le pays à l'époque des Trente Glorieuses. Ses électeurs sont des bisounours de la pire espèce : c'est-à-dire des bisounours prêts à fermer les yeux sur la brutalité de l'État (chasse aux clandestins, envoi de l'armée dans les cités populaires, interdiction du voile sur la voie publique, expulsion de familles entières, vidéosurveillance dans tous les coins) pour le paradis qu'on leur promet.

Dernière chose : si vous pensez que ce sont les partis au gouvernement depuis 40 ans qui sont responsables de la crise économique, c'est que vous êtes de fieffés naïfs.